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du 12 au 15 mai 2007 (semaine 20)
 

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2007-05-15 -
LES INDIENS SOUHAITAIENT RENCONTRER LE PAPE

Les Indiens du Brésil ont dénoncé les violences dont ils sont les victimes dans une lettre adressée à Benoît XVI, mais ils n'ont pas obtenu d'être reçu en audience par le Pape durant sa visite. Les évêques brésiliens ne l'avait pas prévue...

"Nos communautés souffrent du manque de terres pour vivre, de plusieurs formes de violence de la part des envahisseurs, des tristes et fréquents suicides d'adultes, de jeunes et même d'enfants et de la mortalité infantile par maladie et malnutrition", écrivent les Indiens dans une lettre remise au Pape par le cardinal Paulo Evaristo Arns, ancien archevêque de Sao Paulo.

Les organisations indigènes avaient sollicité une audience mais ils ne l'ont pas obtenue, apparemment faute de temps dans le programme trop serré du Pape, a indiqué le Conseil missionnaire indigène.

Les propos du Pape ont été également critiqués.

L'une des responsables des questions indigènes à cette Vème Assemblée de la Celam, la théologienne Cecilia Domevi, s'est déclarée en "total désaccord" avec cette opinion duPape. "L'évangélisation a été une imposition ambigüe, violente, un choc de cultures qui a porté un préjudice total aux Indiens".

"Nier que l'imposition de la religion catholique a été utilisée comme un mécanisme de domination sur les peuples indigènes, c'est vouloir occulter l'histoire", a renchéri à Bogota le directeur de l'Organisation nationale indigène de Colombie, Luis Evelis Andrade.

"En tant que peuples indigènes, si nous sommes bien croyants, nous ne pouvons accepter que l'Eglise nie sa responsabilité dans l'anéantissement de notre identité et notre culture", a-t-il ajouté.

Au Venezuela, la ministre des peuples indigènes, Nicia Maldonado a proclamé à la chaîne d'Etat VTV que "l'invasion impériale avait été le plus grand génocide d'Amérique latine".

Felix Patzi, ancien ministre de l'Education du gouvernement du président bolivien socialiste Evo Morales, a estimé que Benoît XVI avait une "vision bornée".

"C'est un discours faux, nous savons très bien que tout cela a été imposé et que l'époque coloniale a été faite d'inquisition et de destruction", a déclaré M. Patzi, selon lequel "toutes les églises ont été construites sur les lieux sacrés des indigènes".

L'historien Waldir Rampinelli, de l'Université fédérale de Santa Catarina (sud du Brésil), a renchéri que "le pape aurait dû lire Bartolomé de las Casas", le dominicain espagnol qui au XVIème siècle a dénoncé les atrocités commises par les conquistadors au nom de la foi".

Au cours des dix dernières années, 257 chefs indigènes ont été assassinés en tentant de défendre leurs terres, selon le document élaboré par l'organisation Coordination des peuples indigènes du Brésil. Les Indiens critiquent également la lenteur du gouvernement du président Lula da Silva à délimiter leurs terres.

En 1500, à l'arrivée des Portugais, ils étaient entre trois et cinq millions. Actuellement, ils sont 734.000 de 241 ethnies parlant 180 langues différentes.

Certes Benoît XVI a fait référence aux Indiens lors de son message d'arrivée mercredi, quand il a demandé d'être "solidaire avec les plus pauvres et les démunis".De même quand il a parlé de l'Amazonie devant les jeunes jeudi: "La dévastation environnementale de l'Amazonie et les menaces à la dignité humaine de ses peuples appellent un engagement accru dans les domaines d'action les plus divers que la société réclame", a-t-il dit.

Il est aussi équitable de préciser que
l'Eglise est activement présente en Amazonie dans la défense des Indiens et de la préservation de l'environnement, et beaucoup de ses représentants sont menacés de mort. La missionnaire américaine soeur Dorothy Stang a été assassinée en 2005 par des tueurs au service de propriétaires terriens dont elle contrariait les intérêts en aidant des paysans sans terre. (source : CIMI)

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