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FlashPress - Infocatho
du 28 au 30 mai 2007 (semaine 22)
 

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2007-05-30 -
ÉVANGÉLISER DANS UN MONDE EN PLEINE TRANSFORMATION


La semaine dernière, se sont retrouvés à Rome sur le thème de la mondialisation, les membres de Pax Romana, un réseau international d’intellectuels, de cadres, et d'universitaires catholiques, qui ont posé à l'Église des questions difficiles.

Pax Romana, organisation internationale non gouvernementale, une ONG reconnue par l’ONU, regroupe des mouvements divers comme le Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC) pour la France, Action catholique italienne ou des pays d’Europe de l’Est, organisations d’étudiants américains ou d’universitaires d’Amérique latine.

" Nous sommes un mouvement de laïcs pluraliste, qui regroupe toutes les sensibilités politiques contrairement aux nouveaux mouvements qui se veulent plus homogènes" , assure Philippe Ledouble, son coordinateur pour l’Europe. Mais, au-delà de cette diversité, l’objectif est le même. "Comme chrétiens, nous pensons devoir aussi réfléchir et agir sur les structures du monde. Pour nous, évangéliser, c’est aussi transformer le monde aujourd’hui."

" Notre base, c’est l’enseignement social de l’Église", explique Kevin J. Ahern, jeune Américain, responsable du secteur étudiant de ce mouvement créé par des étudiants à Fribourg juste après l’encyclique Rerum novarum . Mais aujourd’hui,
poursuit-il, «les enjeux sont autrement plus complexes» . D’ailleurs, ajoute-t-il, "cet enseignement social, dès le début, n’a pas été statique. Certains textes magistériels se contredisent, et nous devons faire un travail de discernement."

Carmen Lora, une péruvienne donne cet exemple. Dans la suite des réflexions de la théologie de la libération, dit-elle, «l’expérience de pauvreté nous interpelle, et, comme catholiques, nous pouvons assez facilement être actifs au plan social, ou caritatif» . Or, ajoute-t-elle, le plan culturel est devenu beaucoup plus délicat, car la « loi naturelle » prônée par le magistère de l'Église ne peut totalement ignorer la culture : « Comme catholique, je suis opposée à l’avortement, mais dans les pays du Sud, culturellement, il y a une expérience de la sexualité que nous devons écouter. Nous devons admettre que le problème de la loi sur l’avortement est aussi lié à une mortalité très forte de très jeunes femmes enceintes."

Dans ce travail de réflexion, les membres de Pax Romana estiment que les laïcs ont un rôle essentiel à jouer, «justement pour attirer l’at tention des évêques sur telle ou telle réalité» . Et réunis à Rome, ils s’inquiètent du manque de laïcs dans les structures de la Curie. « Même au Conseil pontifical pour les laïcs, la proportion proportion de non-consacrés, surtout de femmes, déjà faible, a tendance à se réduire encore» , glisse Kevin Ahern.

Les catholiques de Pax Romana ont bien conscience qu’ils posent à l’Église de Rome des questions difficiles, et se trouvent en terrain sensible. Mais, «conciliaires» comme ils se définissent, ils savent que dans ce monde multiculturel et multireligieux, «l’Église vit une période de transition» , selon les termes du P. Luis-Maria Goikoetxea, leur aumônier espagnol.

« Il n’est pas de notre objectif d’être en confrontation directe avec les institutions ecclésiales, mais au contraire de poser la discussion à l’intérieur de la communauté. » Et Carmen Lora de prendre l’exemple de l’encyclique Veritatis splendor: «Ce texte comporte des implications que j’ai trouvées très dures pour l’engagement politique dans nos pays. En même temps, le Pape finit par de très belles paroles sur la miséricorde. Pour moi, là est l’essentiel : l’Église conserve la possibilité, toujours et partout, d’être ouverte à la miséricorde.» (information : pax romana)

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