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31 mai au 3 juin 2007 (semaine 22)
 

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2007-06-03 - Celam
UN CARDINAL DÉFEND LA THÉOLOGIE DE LA LIBERATION

Le cardinal Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, ancien président du CELAM, connu pour ses positions sociales avancées, a récemment reconnu la valeur de la théologie de la libération et son apport pour la défense des pauvres.

Ces propos sont d’autant plus intéressants que, peu de temps après, Benoît XVI a prononcé à Aparecida des paroles dans lesquels beaucoup ont vu une critique de cette théologie de la libération. En fait le cardinal rééquilibre ce problème.

L’archevêque a ainsi défendu la théologie de la libération, estimant que le cardinal Ratzinger l’avait encouragée, prenant le contrepoids du cardinal brésilien Hummes, qui vient de s’exprimer en termes vifs contre la théologie de la libération « qui prétend être l’expression de l’Église des pauvres, et qui a commencé à utiliser l’analyse marxiste, soutenant que c’est une ligne d’analyse scientifique, alors qu’au contraire, elle est idéologique et athée ».

« Une confrontation idéologique a été provoquée sur la théologie de la libération », a rappelé le cardinal Maradiaga, reconnaissant « qu’il y avait eu quelques problèmes doctrinaux ». « Mais 80 % de la théologie de la libération est l’option et le travail pour les pauvres. Et cela continue... Aucune Église en Amérique latine n’a oublié que le problème principal est l’augmentation de la pauvreté et le manque d’efforts pour parvenir à une plus grande justice sociale », a-t-il renchéri dans un interview accordé à Famiglia Cristiana, dans son édition du 13 mai 2007, où il ne mâche pas ses mots contre les pratiques politiques en cours en Amérique latine.

« La théologie de la libération n’est pas morte, parce que personne ne parle de choses extravagantes, mais seulement de l’Évangile », affirme le cardinal hondurien. « Et aujourd’hui, la doctrine sociale de l’Église nous enseigne ce point de vue ».

Pour lui, le cardinal Ratzinger n’a jamais été « un homme fermé » sur la question mentionnant alors la rencontre de 1997, en Allemagne, entre le cardinal Ratzinger et Mgr Bertone, alors respectivement préfet et secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et beaucoup de théologiens de la libération, qui « fut un dialogue ouvert ».

A cette époque, Mgr Maradiaga était président des évêques d’Amérique latine. D’après lui, le cardinal Ratzinger « a toujours encouragé la théologie de la libération ». « Il a seulement discuté quelques problèmes doctrinaux », mais qui « ne sont pas le cœur » de cette théologie.

« A peine après la fin des dictatures militaires, nous étions tous contents, mais nous vivions dans une démocratie formelle », a rappelé le cardinal. « Puis nous sommes passés à des démocraties faibles, dont on pouvait facilement acheter les décisions ». Pour lui, « les vrais centres décisionnels, ceux économiques et militaires, n’ont en réalité jamais été touchés ». Si bien que « les problèmes de la justice distributive des ressources, de la santé, de la maison, de la nourriture, du travail et de l’école n’ont pas été résolus ».

« Nous sommes en train d’acheter aux peuples développés la maladie du relativisme, qui est la maladie des égoïstes insatisfaits », a-t-il encore déploré. C’est pour cette raison que « nous ne réussissons pas à construire une nation du Rio Grande à la Terre de feu ». Or, « si vous avez réussi, vous Européens à faire l’Europe, avec beaucoup plus de différences que nous, pourquoi ne devrions-nous pas essayer nous aussi ? »

Au sujet de l’éventuelle béatification d’Oscar Romero, le cardinal Maradiaga a révélé que Benoît XVI avait fait « une enquête approfondie sur ses écrits » et qu’il n’avait « rien trouvé de dangereux pour la doctrine ». A bord de l’avion le conduisant au Brésil, le 9 mai 2007, Benoît XVI a qualifié l’archevêque de San Salvador, Oscar Romero, assassiné en 1980 alors qu’il célébrait la messe, de « grand témoin de la foi ». Le pape a pourtant parlé du « problème » que pose sa cause en béatification, car « certains groupes politiques veulent en faire leur porte-drapeaux.

Enfin constate le cardinal, la situation de la théologie de la libération » a « profondément changé » et qu’il « est donc évident que ces fragiles millénarismes qui promettent, à travers la révolution, même immédiate, les conditions complètes d’une vie juste, sont erronés ». (source : Dial)

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