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31 mai au 3 juin 2007 (semaine 22)
 

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2007-06-03 - France
L'ADIEU DU CARDINAL LUSTIGER


Gravement atteint dans sa santé, le cardinal Jean Marie Lustiger, ancien archevêque de Paris, jeudi à l'Académie française à laquelle il appartient, est venu dire "A Dieu" à ses membres lors de l'élection d'un nouveau sociétaire, Max Gallo.

Le cardinal Lustiger avait annoncé en avril qu’il entrait à la Maison de santé Jeanne-Garnier à Paris, un établissement spécialisé en soins palliatifs. Il avait écrit en octobre dernier une lettre au clergé parisien pour annoncer qu'il souffrait d'une "grave maladie" qui nécessite un "traitement lourd".

Le 31 mai, très affaibli, il s'est rendu en chaise roulante à l'Académie française annoncer qu’il partait bientôt vers l’éternité. Le quotidien "La Croix" décrit ainsi ce moment d'une grave intensité :

Après le vote et alors que recommençait l'examen du dictionnaire français, le cardinal est arrivé. "Florence Delay qui présidait la séance l’a chaleureusement salué, désolée que l’élection se soit déroulée sans lui. C’est alors qu’il a pris rapidement la parole pour s’adresser aux membres de l’Académie: il leur a annoncé qu’il les quittait, qu’il ne viendrait plus. S’excusant de ne pas avoir été assez assidu, il a souligné combien il avait été heureux parmi eux. "

" Aujourd’hui, Florence Delay avoue ne plus se souvenir des mots exacts prononcés par le cardinal Lustiger – «J’étais trop émue» – mais elle garde en mémoire, le timbre de sa voix, « ferme et retenu » , la « pâleur » de son teint, le sentiment « de grande détermination et en même temps de grande fragilité » qui se dégageait de sa personne, en « homme qui sait ce qui lui reste de chemin à parcourir et que le temps est venu » .

" « C’était très impressionnant. Il prenait congé de nous et nous donnait congé aussi. Il regardait la copie du fameux portrait de Richelieu par Philippe de Champaigne qui lui faisait face en disant qu’il allait retrouver le cardinal là où il n’y a plus de cardinaux, poursuit Florence Delay. Il est très difficile d’entendre “Vous ne me verrez plus et je ne vous verrai plus”. Ce peut être effrayant. Pour moi qui suis chrétienne, cela ne l’était pas. D’ailleurs, ses paroles étaient essentiellement humaines. Il disait adieu comme on pouvait le faire autrefois, avec une vraie noblesse, une très grande lucidité, un réel éloignement. Il y avait un côté romain dans son attitude."

Proche du cardinal, l’avocat et académicien Jean-Denis Bredin était aussi présent: «Mgr Lustiger était semblable à lui-même, dit-il. Il venait nous dire au revoir, mais sans ostentation, avec humilité même. Bien qu’il soit amaigri, son regard était plus vif que jamais et sa voix – auparavant parfois inaudible – laissait à peine transpirer l’émotion. Son discours était très retenu. Il disait combien il pensait à nous et combien il continuerait à y penser de là où il serait. Il nous renvoyait à notre propre mort et nous donnait rendez-vous dans la vie éternelle.

" L’intensité d’écoute était extraordinaire. Ce fut un moment unique. Lorsqu’il s’est tu, nous sommes restés figés. Hélène Carrère d’Encausse était tellement émue qu’elle était incapable de prendre la parole."

"Au ciel les premiers sont les derniers, donc je pense que je serai là-bas le premier à m’occuper, à prier, à avoir tous les soins possibles et tous mes voeux vis-à-vis de l’Académie", a-t-il déclaré devant des académiciens étranglés par l'émotion. (source : La Croix et diocèse de Paris)

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