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FlashPress - Infocatho
du 4 au 6 juin 2007 (semaine 23)
 

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2007-06-06 - Sénégal
LA RELIGION APPARTIENT A L'ESPACE PUBLIC

La reconnaissance de la différence entre religions est une valeur de notre modernité, alors que les frottements des frontières sont rapidement perçus comme des agressions plutôt que des convocations au dialogue, estime Khadiyatoulah Fall.

Dans un pays où vivent proches le christianisme et l'Islam, une grande partie de l'opinion publique craint l'établissement de frontières religieuses qui conduirait à l'isolement et à l'affrontement.

" Je préfère, dit-il, analyser les frontières des religions comme les lieux de leur porosité, les lieux où les religions tendent de se rendre intelligibles à l'autre. Pour moi, c'est là où elles paraissent rigidité que les religions portent les « marqueurs » de leur ouverture."

L'enjeu de nos sociétés modernes est de théoriser les religions à partir de ce qui leur permet d'être reçues dans l'espace public. Le défi auquel nous sommes confrontés n'est plus celui de contenir les religions dans l'espace privé. Les religions sont dans l'espace public et elles vont y demeurer. Cela nous pousse à les analyser différemment. Toute religion, à l'instar de toute culture, présente un espace qui est celui de son ouverture à l'altérité, celui de sa fuite vers l'autre."

" Toute religion construit un espace où elle peut cohabiter avec la différence. Le problème aujourd'hui, c'est que dans notre époque de demande de reconnaissance, dans notre époque fortement marquée par le multiculturalisme, on nous pousse davantage à rencontrer les religions à partir de ce qui trace leurs frontières, à partir de ce qui ferme hermétiquement leurs frontières et les pose comme espace cloisonné.

" On construit des représentations des religions et de leurs fidèles comme des espaces clos qui appellent à l'enfermement identitaire."

" La reconnaissance de la différence est un gain démocratique et une valeur de notre modernité. Mais ce droit à la différence ne doit pas conduire à l'isolement. Aujourd'hui, la demande vertigineuse de reconnaissance construit des frontières étanches entre les religions et les frottements des frontières sont rapidement perçus comme des agressions plutôt que des convocations au dialogue."

" Etre religieux, c'est bien sûr avoir des convictions. Ces convictions nous sont propres .Elles sont propres à une communauté religieuse car il n'y a pas de religion d'un individu."

" Lire la religion comme une dynamique sociale, insérée dans la complexité des rapports sociaux au sens large permet de saisir la religion comme interlocutrice de la société civile, de la politique et de l'État. La religion ne peut être à l'écart des conditions concrètes de notre vie. Elle doit être là où se joue notre destin d'homme."

" Je ne crois pas que nous sauvons le monde par le discours du cloisonnement de la religion dans l'espace privé. Nous avons beaucoup plus à perdre dans la privatisation de la religion. Nous gagnons en la pensant dans sa visibilité sociale et dans ce qu'elle peut permettre comme engagement, comme mobilisation de tous au service du bien commun , au service de la morale commune, au service de la paix."

" La foi doit être intelligence et une intelligence qui se donne, à chaque fois, le défi d'une négociation accommodante de nos valeurs avec l'intérêt commun dans l'espace public. La religion n'est pas une signification. Elle est signifiance, c'est-à-dire qu'elle est un espace ouvert, un potentiel de significations du bien pour soi et du bien commun que nos intelligences interactives ont le défi d'actualiser à chaque fois vers ce qui consolide la solidarité humaine." (source : Allafrica)

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