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du 4 au 6 juin 2007 (semaine 23)
 

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2007-06-06 - Suisse
L'ANALPHABÉTISME RELIGIEUX

Les Eglises se sont certes affaiblies, mais le religieux n’a pas disparu de l’horizon de la société contemporaine. Notre époque, au contraire, a plus que jamais besoin de retrouver des valeurs et un sens à la vie.

C'est ce qu'ont estimé à l’unisson le samedi 2 juin Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, et la conseillère nationale Géraldine Savary. Tous deux débattaient sur le thème "Religion, affaire publique ou affaire privée?" à l’invitation de l’Institut Philanthropos, l’Institut européen d’études anthropologiques à Bourguillon, au-dessus de Fribourg.           

"L’exigence de la spiritualité est certes une affaire privée, admet Géraldine Savary, mais elle débouche dans le domaine politique…Depuis des siècles, les religions ont partie liée avec la vie des société shumaines. Elles en seront parties prenantes tant qu’il y aura de la vie sur terre, parce qu’elles tentent de répondre à des interrogations auxquelles la science n’a toujours pas répondu, comme le sens de la vie et de la mort".           

Elle a rappelé qu’en Suisse, où en général on ne connaît pas le laïcisme à la française, l’agnosticisme radical et l’athéisme rigoureux ne sont pas la norme. D’après une enquête récente, seules 12% des personnes interrogées répondent par l’affirmative à la question "Dieu n’existe pas". Cela ne veut pas dire que 80% des gens vont à la messe, a-t-elle souligné, mais bien que la question religieuse n’a pa sdisparu de nos interrogations.            

La vice-présidente de la Commission de la science, de l'éducation et de la culture (CSEC) du Conseil national a déploré la perte de la mémoire des racines judéo-chrétiennes de notre société. "Les jeunes d’aujourd’hui, qui entrent à l’Université ou dans le monde du travail, sont quasiment analphabètes en ce qui concerne notre héritage culturel…".            

Pour Géraldine Savary, la privatisation de la religion conduit à l’incompréhension de nous-mêmes, de notre propre société et des autres. Et c’est d’autant plus grave que la Suisse est devenue un pays pluriculturel et plurireligieux, avec notamment une population musulmane de plus de 300'000 personnes.            

Pour elle, on assiste en ce qui concerne l’islam en Suisse –notamment à propos de la question des minarets, des cimetières musulmans, du voile islamique - à une dangereuse politisation. Il est essentiel, à ses yeux, que l’on évite la confrontation entre le sreligions, que l’on mette en place des instances de dialogue, que l’on évite de diaboliser "l’autre" comme le fait trop souvent l’UDC. Ceci grâce à l’éducation, à la formation et à l’information.            

Partageant cet avis, Mgr Genoud, constatant que l’homme d’aujourd’hui est trop souvent déboussolé et qu’il a perdu tout repère, plaide pour davantage de formation religieuse.

Mais contrairement à Géraldine Savary, il serait "mécontent" que l’on interdise tout signe religieux dans les établissements publics et qu’on enlève les crucifix dans les classes du canton de Fribourg. "Je crois qu’on peut porter des signes religieux et même en avoir dans les écoles, à condition que ce ne soit pas agressif envers les autres!"            

Et l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg de lancer un appel à ceux qui militent en Suisse pour l’égalité des autres religions: qu’ils s’engagent également pour qu’il y ait un minimum de droits fondamentaux pour les chrétiens dans les pays islamiques. "Car j’entends la souffrance des chrétiens dans certains de ces pays!"

Finalement, face à l’analphabétisme religieux qui progresse enSuisse, Mgr Genoud se déclare favorable à un enseignement des religions. Mais il estime qu’un cours sur l’histoire des religions est insuffisant pour un croyant. Il faut encore une catéchèse confessionnelle, "car on ne peut pas renoncer à nos racines!" (source : Agence Apic)

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