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du 7 au 10 juin 2007 (semaine 23)
 

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2007-06-10 - Bénin
LES EXORCISTES ET LES SECTES

Les exorcistes officiellement reconnus par les diocèses catholiques sont amenés à rencontrer des fidèles qui se sentent envoûtés et qui demandent l'assistance de l'Église, assistance que leur assurent les Évangéliques.

Le P. Pamphile Fanou, "principal exorciste" de l'archidiocèse de Cotonou, se trouvent devant une centaine de fidèles l'attendant depuis l'aube devant l'Eglise Saint Jean-Baptiste alors que le soleil commence déjà à décliner. Les yeux fixés sur le crucifix, l'abbé interpelle le corps inerte d'une adolescente de 14 ans, "envoûtée" selon ses parents. Des convulsions, des secousses, une transe suivie de cris, puis l'enfant se réveille. L'assistance, les mains levées vers le ciel, entonne des alléluias avant de se retirer.

Comme ses neuf autres "collègues exorcistes" - il en existe un dans chacun des dix diocèses du Bénin - cet homme d'une cinquantaine d'années dirige tous les jours au moins deux séances d'exorcisme et de prières pour les "brebis égarées" tentées par les Églises évangélistes qui pullulent dans le pays.

"L'Eglise catholique romaine traverse des temps difficiles dans le monde, et le Bénin n'est pas épargné par la prolifération anarchique des sectes. Nous ne pouvons pas rester trop longtemps sourds et loin des besoins actuels de nos fidèles", explique le Père Fanou à la presse, entre deux séances.

"Le problème majeur de l'Eglise catholique est que les fidèles à la base ont toujours été des laissés pour compte. Pas de formation biblique, pas de croisades, de prières. Les Églises évangéliques, en ont profité pour rafler bon nombre de fidèles", estime Aristide-Fiacre Ekpangbo, un chercheur qui prépare une thèse sur l'impact sociologique des Églises pentecôtistes au Bénin, b
erceau du culte vaudou, et qui, comme de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, semble être devenu une terre de prédilection pour les Pentecôtistes.

Selon des estimations du ministère de l'intérieur, plus de 10% de la population se réclament aujourd'hui d'une des quelque 650 Églises évangéliques présentes dans le pays, contre seulement 5% il y a cinq ans. Selon des chiffres officiels, plus de 30% de la population déclare toutefois encore être membres de l'Eglise catholique.

C'est la
recherche de transes libératrice qui a poussé de nombreux fidèles catholiques vers d'autres Églises. "La transe est un lieu de défoulement, une thérapie. Complexé socialement, l'individu se réfugie dans la transe pour s'exprimer. C'est ce lieu de défoulement collectif que ne possédait pas malheureusement l'Église catholique", explique le psychiatre René Gualbert Ahyi.

"Il n'y a pas de semaine où, par dizaines, les fidèles ne reviennent vers nous en disant qu'ils ont été abusés par des Églises évangéliques. Et comme dans la parabole du fils prodigue, l'Église catholique leur ouvre les bras en les accueillant", confie le P. Pamphile Fanou. (source : presse et Allafrica)

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