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FlashPress - Infocatho
du 11 au 14 juin 2007 (semaine 24)
 

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2007-06-14 - Canada
CE CURIEUX UNIVERS MÉDIATIQUE

Le congrès mondial de l’Union catholique internationale de la presse (Ucip), qui s'est tenu la semaine dernière au Canada, s’est préoccupé des relations difficiles entre la foi et l’univers médiatique.

« C’est incroyable de voir comment les médias tendent à nier la réalité religieuse, prétextant qu’elle ne re lèverait que du domaine privé ou politique… Or, le minimum pour un journaliste est d’accepter le fait que, pour d’autres, le religieux a de l’importance, et constitue souvent un élément déterminant » , concluait un intervenant, Alain Crevier.

Il n’est désormais plus ironisé sur le fait de se déclarer homosexuel, mais il regardé comme étonnant de confesser devant les caméras que l’on est croyant, que l’on se met à genoux le dimanche à l’église ou récite le « Je vous salue Marie » chaque soir avant de se coucher !

Et, si les Églises ont toujours du mal à exister médiatiquement, les thèmes re ligieux ne manquent ni dans les magazines à gros tirage, ni dans les grandes séries télévisées – mais c’est alors, de préférence, sur des figures ou des questions éloignées des institutions.

Entre religion et médias, le contentieux n’est pas levé pour autant. Les journalistes catholiques sont d’ailleurs les premiers à le savoir, eux dont la double solidarité, confessionnelle et professionnelle, les met souvent en porte à-faux de part et d’autre, suscitant la méfiance tant du monde ecclésiastique que de l’univers médiatique.

D’où l’intérêt des membres de l’Ucip – qu’ils soient responsables de titres labellisés catholiques ou engagés dans des médias séculiers – pour cette problématique.

Certes les intervenants du congrès de l'UCIP n’en avaient d’ailleurs pas tous la même approche, certains por tant un regard plutôt pessimiste sur les rapports entre religion et communication médiatisée, d’autres en attendant beaucoup.

Ainsi, pour le théologien canadien Jean Desclos, le défi est rude de trouver une place pour la Bonne Nouvelle parmi des millions de messages qui semblent tous se valoir

L’universitaire colombien German Rey refuse, lui, toute vision apocalyptique : s’il juge également la dimension institutionnelle des religions difficilement compatible avec la culture médiatique, il voit une belle chance, par contre, dans la communication des expériences et des attentes d’ordre symbolique, telles que tous nos contemporains en connaissent personnellement.

L’enjeu, pour les médias, n’est alors pas tant de rendre compte des événements religieux que de lire le monde et ses évolutions avec une telle sensibilité.

Non seulement, donc, il faut éviter tout « ghetto catho » de repli face au déferlement médiatique, mais il y a de quoi relever positivement le défi. Pour le directeur du service Communications et Société de l’Église québécoise, les nombreux «virages » que la culture médiatique fait faire aujourd’hui aux chrétiens comportent autant de chances que de risques : interactivité, réalité virtuelle, nouveaux types d’écri tures et donc nouveaux modes de pensée, rapport différent à la mémoire et généralisation du zapping exigent que l’on voie comment les registres classiques de l’expression religieuse en sont affectés.

La fragmentation des messages et des publics encourage la mise en valeur de la très belle diversité d’écoles et de témoins dont est riche le christianisme ; le déve loppement du fonctionnement en réseau – particulièrement à travers Internet – permet de faire valoir très justement la vie de l’Église comme une vaste « toile » de communautés et de traditions.

La culture numérique, qui ne comporte guère de réponses préétablies, invite les chrétiens à accompagner les questionnements de leurs contemporains, plutôt que d’entretenir un arsenal de réponses prédigérées et prêtes à servir… Un véritable changement de regard, là aussi. (information : UCIP)

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