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du 15 au 17 juin 2007 (semaine 24)
 

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2007-06-17 - Madagascar
LA MÉFIANCE ENVERS L'ÉGLISE CATHOLIQUE


L'Eglise catholique, EKAR, a critiqué le 15 juin une nouvelle fois "la méfiance observée par les dirigeants" du pays envers elle et se tourne vers ses fidèles pour leur demander de s'impliquer un peu plus dans les affaires nationales.

"Nous nous opposons aux abus de pouvoir, au monopole et à une mentalité prédatrice des richesses nationales", indique un communiqué du conseil permanent de la conférence épiscopale rendu public à Antananarivo. Dénonçant "les manigances visant à diviser le peuple malgache et à dresser les Eglises entre elles", le communiqué affirme que les religieux ne peuvent "rester inactifs, ou se taire face à ce qui se passe dans le pays".

"A part le fait que l'on s'est penché sur la vie de l'Eglise, les évènements que le pays est en train de traverser actuellement ont également retenu notre attention", ajoute le texte qui déplore "la méfiance observée par les dirigeants envers l'Eglise catholique".

Depuis plusieurs mois, en effet, les relations se sont tendues entre l'Eglise catholique et le régime du président Ravalomanana, qui assume également les fonctions de vice-président de l'Église réformée de Madagascar.

Le 22 mai, la même Conférence épiscopale avait déjà publié un communiqué aux consonances politiques, regrettant l'expulsion d'un père jésuite français présent à Madagascar depuis 33 ans et les conditions de la tenue du référendum constitutionnel du 4 avril.

La lutte contre le monopole, l'abus de pouvoir et la dilapidation des richesses nationales sont les objectifs de l'épiscopat catholique. Il exhorte ses ouailles à prendre leurs responsabilités devant le constat plutôt critique qu'elle fait de la vie de la Nation. Ce qui ne va pas dans le sens de l'amélioration des relations entre l'Ekar et l'Etat.

"Levez-vous, faites face à vos responsabilités", est-il soutenu dans le communiqué. Selon Mgr Odon Razanakolona, archevêque d'Antananarivo et secrétaire général du comité, la prise de responsabilité des fidèles "devrait s'opérer dans leurs secteurs respectifs". D'ailleurs, l'Ekar encourage les catholiques décideurs ou qui sont au pouvoir dans l'accomplissement de leur tâche. Elle leur a également promis soutien, en cas de besoin.

L'appel à la prise de responsabilité des catholiques découle de la constatation de la "réalité selon la perception des évêques", toujours selon le secrétaire général du comité permanent de l'épiscopat. Et le constat dressé par la hiérarchie catholique concernant les affaires nationales n'est pas du tout reluisant pour le pouvoir.

Mais l'annonce du comité permanent ne fait que conforter les précédentes déclarations de l'Eglise. Elle déplore "l'absence de dialogue pour la recherche des solutions dans les affaires nationales, la déliquescence du patrimoine national, les foyers de tension dans les régions ou encore la méfiance envers l'Eglise". Elle "dénonce l'abus de pouvoir" et aussi "le monopole du patrimoine national".

Après avoir "espéré un rapprochement et un dialogue", l'EKAR est en train de franchir un autre pas, à l'égard de la Nation et non pas vers le pouvoir. La décision de se tourner vers ses ouailles risque d'accentuer les mésententes entre elle et l'Etat. L'hésitation des responsables étatiques à commenter à chaud le communiqué pourrait traduire la délicatesse de la situation.

En tout cas, la réaffirmation de la position de l'EKAR confirme l'échec des interventions "informelles", des ministres catholiques. Ces derniers se sont activés pour aplanir la différence de point de vue entre le gouvernement et l'Eglise. La semaine dernière, Marcel Ranjeva, ministre des Affaires étrangères, de confession catholique, avait encore tenté une déclaration apaisante, qui ne semble pas porter ses fruits.

Le comité permanent de la Conférence épiscopale est une structure importante de l'Eglise catholique. Elle assure la bonne marche de l'Eglise, entre deux réunions de la conférence épiscopale, réunissant les évêques. C'est pour cela qu'elle peut prendre certaines décisions au nom de l'EKAR. En principe, la prochaine réunion du comité permanent devrait se tenir au mois d'août. Mais les membres peuvent être convoqués en une session extraordinaire comme ce futle cas les 13 et 14 juin, à Antanimena. (source : Allafrica)

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