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FlashPress - Infocatho
30 juin au 7 juillet 2007 (semaine 27)
 

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2007-07-07 - Argentine
L'ÉGLISE ÉTAIT PROFONDÉMENT DIVISÉE

L'Eglise catholique argentine a vécu un paradoxe pendant les années noires de la dictature (1976-83). La hiérarchie la soutenait pendant que les militaires arrêtaient et assassinaient nombre des siens, y compris des évêques.

"Nous avons ici le cas paradoxal d'une hiérarchie catholique argentine qui a été l'un des plus grands complices des dictatures en Amérique latine, mais qui a en même temps enregistré des pertes très importantes", a déclaré M. Verbitsky, avocat, journaliste et auteur de plusieurs livres sur l'Eglise catholique argentine.

Un procès ouvert le jeudi 5 juillet contre un prêtre catholique, ancien aumônier de la police, Christian Von Wernich, jugé pour des violations des droits de l'homme. Son rôle présumé pendant la dictature a relancé le débat sur l'attitude de l'Eglise, et principalement de sa hiérarchie pendant ces années noires. Pour autant, l'accusation s'est défendu de vouloir la faire condamner à travers la personnalité de Von Wernich.

L'Eglise catholique, toujours très influente en Argentine, a, de son côté et jusqu'à présent, préféré garder le silence. "Rien n'est prévu pour le moment", a déclaré un porte-parole de l'épiscopat argentin, le P. Jorge Oesterheld,

Deux évêques sont morts dans des circonstances troublantes, deux accidents de voiture presque identiques, suffisamment pour que les organisations de défense des droits de l'homme accusent les militaires d'avoir commandité l'assassinat de Mgr Enrique Angelelli et Carlos Horacio Ponce en août 1976 et juillet de 1977.

"Ceci ne s'est pas produit dans les autres pays de la région", a assuré Verbitsky, qui est aussi président du Centre d'Etudes légales et sociales (CELS), un des principaux organismes de défense des droits de l'homme en Argentine.

"La question est de savoir comment il a été possible qu'une organisation dont la finalité est de faire le bien, s'est finalement compromise avec le mal absolu", s'est-il interrogé.

Une des explications est à rechercher au sein même de l'Eglise, tiraillée à partir des années 60 entre une hiérarchie conservatrice alliée des classes dominantes et une base de plus en plus sensible aux thèses sociales de la théologie de la libération.

"A partir du renversement du péronisme en 1955, il s'est produit une fracture à l'intérieur de l'Eglise entre la hiérarchie qui a soutenu les différents coups d'Etat militaires et des secteurs à la base qui ont participé à des mouvements sociaux", a-t-il expliqué. "Ce processus s'est approfondi dans les années 60 et 70, jusqu'à ce que le concile Vatican II et l'apparition des +prêtres du tiers-monde+ provoquent une fracture ouverte, explicite et très profonde", a-t-il ajouté.

"Quand se produit le coup d'Etat en 1976, la hiérarchie pense alors tenir sa revanche et soutient la dictature tout en ne disant rien sur les persécutions subies dans ses propres rangs", a encore expliqué M. Verbitsky.

Deux religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet, ont ainsi payé de leur vie leur engagement aux côtés des Mères de la place de Mai, qui depuis les années de la dictature se battent pour que justice soit faite après la "disparition" de leurs enfants. Quelque 30.000 personnes ont "disparu", pour la plupart enlevées et assassinées, pendant la dictature, selon le décompte des organisations de défense des droits de l'homme. (information : Dial)

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