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du 15 au 21 juillet 2007 (semaine 29)
 

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2007-07-21 -
L'ECCLÉSIOLOGIE NE PERMET PAS DE RELATIVISME

Le dialogue œcuménique, qui a largement exploré ce que toutes les Églises avaient en commun, aborde aujourd’hui des divergences qui restent encore des différences séparatrices et le refus du relativisme n'implique pas la suffisance.

Le cardinal Jean-Pierre Ricard, dans le quotidien La Croix, revient sur le "Motu Proprio" de Benoît XVI et le document sur la doctrine de l'Église, avec la clarté et la précision qui ont souvent été absentes dans certains commentaires médiatiques.

Le président de la Conférence des évêques de France, parce qu'il est membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de la Commission Ecclesia Dei, est à même de clarifier le sens des deux documents pontificaux récents.

Le 7 juillet dernier était publié le motu proprio  Summorum pontificum, sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970, appelée improprement "messe tridentine". Le 10 juillet, était rendu public le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi  Réponse à des questions concernant certains aspects de la doctrine de l’Église, concernant l'ecclésiologie.  

Mgr Ricard souligne qu'ils ont été élaborés indépendamment l’un de l’autre. "La raison de leur publication concomitante est à chercher dans la volonté de publier ces documents à la fin de l’année pastorale, sans doute avant le départ du pape en vacances et la grande dispersion de l’été."

"Un élément pourtant se retrouve dans l’un et l’autre texte : la même interprétation de Vatican II comme éclaircissement, approfondisse ment, expression de vérités que l’Église vivait, et non rupture ou commencement absolu. D’où la question de quelques esprits inquiets : le Concile a-t-il changé la doctrine antérieure sur l’Église ?"

A propos du document « Réponse à des questions », il précise " qu'il s’agit là d’un genre littéraire particulier : ce sont des réponses précises, relativement brèves, sans commentaires ni explications détaillées, données par la Congrégation à des questions posées. En général, ces réponses reprennent et rappellent des positions déjà exprimées. Elles cherchent à être rigoureuses, concises, mais pas à innover."

" Ce qui est visé dans ce document, c’est le relativisme en matière d’ecclésiologie (manière de  penser théologiquement l’Église). À la question: mais où est aujourd’hui l’Église voulue par le Christ ? Un certain nombre de nos contemporains, parfois des théologiens répondent de façons diverses :

– nulle part : les Églises historiques ont trahi le projet initial du Christ ;
– dans une Église mystique dont les différentes Églises seraient aujourd’hui autant de facettes ;
– dans chacune des Églises historiques qui cheminent vers l’unité ;
– dans une Église eschatologique, qui viendra à la fin des temps."

"Ces positions manifestent toutes un certain scepticisme sur la poursuite du dessein du Christ dans l’histoire des hommes. Or, la théologie catholique vient dire : non, nous ne sommes pas condamnés au doute ou à l’incertitude ; il y a  un lieu où ce projet du Christ peut être rencontré et expérimenté, c’est dans l’Église catholique."

"Celle-ci, sans mérite de sa part et par la grâce de Dieu, a toutes les « notes », les caractéristiques, l’architecture de la véritable Église  voulue par le Christ. Vatican II dit :  « Cette Église comme société et constituée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle se trouve, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui »  (  Lumen gentium  n. 8). Le Concile ne dit pas « est », mais  « se trouve », « subsistit in »."

" Cela veut dire que, si l’Église du Christ trouve sa fidélité historique dans l’Église catholique, il n’y a pas en dehors d’elle un « vide ecclésial »."

"Benoît XVI l’a souligné. La grâce du Christ est à l’œuvre dans les autres Églises, et le Concile reconnaît qu’il se trouvent en elles :  « Des éléments nombreux de sanctification et de vérité (qui)  subsistent hors de ses struc tures »  (ibid.) La non-reconnaissance de la dimension sacramentelle du ministère apostolique (pour les Églises issues de la Réforme) ou de l’autorité de l’évêque de Rome dans la communion des Églises (pour les Églises orthodoxes, par exemple) fait qu’il est difficile de parler, d’un point de vue catholique, d’Églises qui auraient en plénitude les caractéristiques fondamentales de l’Église du Christ."

"Le dialogue œcuménique, qui a largement exploré ce que tou tes les Églises avaient en commun, aborde aujourd’hui ces divergences qui restent encore des différences séparatrices.
Il est bon d’être au clair sur nos convictions ecclésiales. Le dialo gue œcuménique ne peut pas en faire l’économie."

"Je crois pourtant qu’on ne peut pas en rester là. Il faut pousser plus loin la réflexion, ce qui – notons-le – n’était pas l’ambition de la  Réponse  de la Congrégation."

"En effet, dire que l’Église catholique a toutes les composantes de l’Église du Christ et qu’on trouve celle-ci en elle, ne veut pas dire qu’elle les a mises toutes pareillement en valeur au cours de son histoire. On peut trouver, dans d’autres Églises chrétiennes, des éléments fondamentaux de sa nature ou de sa structure qui ont été mieux mis en valeur que chez elle."

"La voie est coupée ici à toute suffisance. Je pense à l’importance de la lecture de l’Écriture comme Parole de Dieu dans les Églises protestantes, à l'expérience de la synodalité dans les Églises orthodoxes.

"N’avons-nous pas à nous enrichir mutuellement, à nous aider fraternellement à être fidèles au don de Dieu, à vivre une saine et sainte émulation ? L’exigence œcuménique est plus urgente que jamais." (Texte intégral dans La Croix)

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