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du 22 au 28 juillet 2007 (semaine 30)
 

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2007-07-28 -
SUITE A LA LETTRE DU PAPE AUX FIDÈLES DE CHINE


Sur son site "chiesa", le vaticaniste Sandro Magister analyse les deux lignes politiques qui s'affrontent en Chine et la polémique qui se fait jour chez les catholiques. Le cardinal Zen accuse le sinologue Heyndrickx de déformer la pensée du Pape.

La réserve des autorités chinoises est considérée au Vatican comme "un fait positif". On suppose qu’il existe en Chine une différence d’opinion entre les hautes autorités politiques – qui visent à une plus grande "harmonie" avec l’Eglise – et l’appareil du parti communiste, plus hostile.

Les 28 et 29 juin, à la veille de la publication de la lettre pontificale, le Front Uni – un organisme qui agit dans l’ombre du parti communiste pour la mise en œuvre de la politique religieuse – avait réuni à Huairou, près de Pékin, un certain nombre d’évêques officiellement reconnus par le régime pour leur inculquer pour la énième fois la doctrine selon laquelle l’Eglise de Chine doit être nationale et indépendante de Rome.

Cette différence de points de vue se manifeste en particulier dans la nomination des évêques de l’Eglise officielle. Le 5 juillet, le quotidien de Hong Kong "Wen Wei Po", proche du parti communiste, a déclaré que de nouveaux évêques officiels seront intronisés dans les prochains mois dans les diocèses de Guangzhou, Guizhou, Hubei et Ningxia, sans et contre l’approbation de Rome.

Mais entre-temps, le premier nouvel évêque à être élu en Chine selon les procédures officielles, après la publication de la lettre du pape, est celui de Pékin. En raison de la personnalité choisie, la nouvelle de cette nomination a été accueillie par le Vatican non comme un affront mais avec soulagement.

La lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine indique justement les conditions permettant de ramener à l’unité – dans la fidélité de tous à Rome et en accord avec les autorités chinoises – les catholiques de ce pays, en mettant fin à la fracture entre l’Eglise officielle et l’Eglise clandestine.

C’est ainsi que l’évêque clandestin de Qiqihar, Joseph Wei Jingyi, a fait lire à toutes les messes une lettre pastorale de sa main, qui applique les indications du pape. Il y indique sa volonté de se réconcilier avec certains prêtres du diocèse qui refusaient de lui obéir parce qu’ils le trouvaient trop conciliant avec le régime communiste. Et il a invité tous les fidèles à accepter les sacrements administrés par les évêques et les prêtres officiels, à condition que ceux-ci soient en communion avec Rome.

Toutefois les dissensions et les polémiques ne manquent pas, entre catholiques, non seulement sur l’interprétation à donner à la lettre de Benoît XVI mais aussi sur l’exactitude de la traduction en langue chinoise diffusée par le Vatican. Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong Kong, a mis en évidence deux discordances qu’il juge graves.

Le cardinal Zen regrette que la note, par l'éloge des évêques qui acceptent l’ordination illicite "donne une mauvaise image de ceux qui refusent de céder, comme s’ils ne se souciaient pas du bien des fidèles et du sort futur de l’Eglise". Et d’ajouter: "au nom de ces derniers, il est de mon devoir d’élever une vive protestation".

De même, le 18 juillet, il marque son désaccord avec un commentaire de la lettre pontificale rédigé quelques jours plus tôt par l’un des sinologues catholiques les plus connus: le P. Jeroom Heyndrickx, directeur de l’Institut Ferdinand Verbiest de l’Université Catholique de Louvain.

Le P. Heyndrickx y soutient que la lettre pontificale encourage les membres de l’Eglise clandestine à se montrer à découvert, à demander et à obtenir la reconnaissance des autorités civiles et à partager les sacrements avec les évêques et les prêtres de l’Eglise officielle.

Le cardinal Zen rétorque que tout cela ne se trouve pas dans la lettre de Benoît XVI; que les sacrements ne peuvent être partagés qu’avec les évêques et les prêtres de l’Eglise officielle en communion avec le Pape mais pas avec ceux qui sont en rupture avec Rome; que l’Eglise clandestine continue à avoir une raison d’être au moins aussi longtemps que les autorités communistes prétendront contrôler et dominer l’Eglise; et que les évêques clandestins n’ont aucune raison de demander la reconnaissance officielle si cela implique – comme cela arrive "presque toujours" – d’assumer des obligations "contraires à ce que leur dicte leur conscience de catholiques".

"Il est stupéfiant – écrit le cardinal Zen – qu’un homme aussi intelligent et informé que le père Heyndrickx en vienne à déformer à ce point la lettre du pape aux catholiques de Chine".
De Louvain, le P.Heyndricks a réagi aux accusations du cardinal Zen par une note publiée par UCA News le 20 juillet.

Il réaffirme que la finalité principale de la lettre de Benoît XVI est d’encourager les deux communautés catholiques chinoises, l’officielle et la clandestine, à prier et à célébrer l’eucharistie ensemble. Il soutient que son interprétation de la lettre pontificale est partagée par de nombreux dirigeants de l’Eglise chinoise: et il donne comme exemple la lettre pastorale de l’évêque Wei Jingyi.

Parce que "le dialogue n’est pas synonyme de faiblesse, mais c’est l’esprit de la lettre du Pape que nous devons tous suivre. […] Un dialogue ouvert entre une Eglise chinoise unie et un gouvernement chinois uni résoudront plus de problèmes qu’un affrontement entre une Eglise divisée et un gouvernement divisé". (information : ucanews - texte intégral sur le site de Chiesa)

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