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du 29 juillet au 4 août 2007 (semaine 31)
 
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2007-08-04 -
LE DÉCÈS DU PATRIARCHE TEOCTIST DE ROUMANIE

Le Pape Benoît XVI,
le secrétaire général de la CEC, le Conseil des Églises européennes, Colin Williams et l'ancien président roumain, Ion Iliescu, ont rendu hommage au patriarche orthodoxe de Roumanie Teoctist, décédé le lundi 30 juillet.

Ses funérailles furent présidées par le patriarche oecuménique Bartholomée Ier. Benoît XVI a rendu hommage le mercredi 1 août à l'engagement oecuménique du patriarche dans un message de condoléances à l'Eglise orthodoxe roumaine. Il y rappelle les rencontres entre le patriarche et le Pape Jean Paul II en 1999 en Roumanie, puis au Vatican en 2002.

Elles "resteront dans la mémoire de nos Eglises comme un cadeau particulier de la grâce de Dieu" et ont "renforcé et donné une nouvelle impulsion à l'amitié et aux relations fraternelles" entre catholiques et orthodoxes. Le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le cardinal Walter Kasper, représentait l’Eglise catholique aux obsèques du patriarche Teoctist le 3 août à Bucarest.

Le patriarche Teoctist
dirigeait l’Eglise orthodoxe roumaine depuis 1986, pendant les dernières années du régime communiste, qu'il a accompagné, et après sa chute.

Un "avocat de l'oecuménisme", selon l'ancien président Emil Constantinescu, ou le "patriarche rouge", selon ses critiques les plus virulents, il avait prôné l'ouverture de l'orthodoxie vers les autres religions, mais sur le terrain la réconciliation notamment avec les catholiques de rite grec (uniates) marquait le pas.

En tant que dirigeant de l'Eglise, alors que la mégalomanie et le culte de la personnalité entourant le dictateur Nicolae Ceausescu avaient atteint leur paroxysme, il avait dû acquiescer aux destructions ordonnées par ce dernier. Des dizaines d'églises, dont des joyaux architecturaux datant des 18e et 19e siècles, furent ainsi rasées sur ordre de Ceausescu, sans qu'il ne proteste.

Elu député au sein de la Grande assemblée nationale (le Parlement sous le régime communiste), il s'était fait remarquer en décembre 1989 en exprimant dans un télégramme son "soutien" à Ceausescu et en condamnant les "hooligans" de Timisoara, dont le soulèvement devait aboutir à la chute du régime le 22 décembre.

Un mois plus tard, en janvier 1990, alors que la contestation contre lui prenait de l'ampleur aussi bien au sein de l'Eglise que parmi les fidèles, qui lui reprochaient des rapports trop étroits avec le régime Ceausescu, le patriarche décidait de quitter ses fonctions.

Mais quelques semaines aprèsun séjour au monastère de Sinaia, dans les Carpates, le patriarche changeait d'avis et revenait à la tête de l'Eglise, poste qu'il ne devait plus quitter jusqu'à la fin de sa vie. Un "règne" trop long, qui, selon ses critiques, avait empêché un renouveau de cette institution.

Teoctist avait néanmoins franchi un pas historique en 1999, en acceptant que l Jean Paul II se rende en Roumanie pour une visite de trois jours, sa première visite dans un pays majoritairement orthodoxe.

Au cours de ce séjour, il avait notamment promis de faire preuve de plus de flexibilité devant les demandes des uniates de recouvrer leurs lieux de culte confisqués en 1948 par les communistes, mais huit ans plus tard ce dossier n'avait guère avancé.

La Conférence des Eglises européennes (CEC) a décrit le patriarche défunt comme "un défenseur de l'oecuménisme et un chef d'Eglise de grandevaleur". Grâce à ses qualités de dirigeant, l'Eglise a conservé en Roumanie le soutien de la population durant les périodes noires de son histoire, a affirmé le 31 juillet à Genève le secrétaire général de la CEC, Colin Williams.

L'ancien président roumain, Ion Iliescu, a rendu hommage au patriarche, regrettant la disparition d'un homme avec lequel il avait eu des "relations très amicales basées sur le respect réciproque".

"C'était un homme d'origine simple qui avait une culture philosophique et théologique, et des qualités de dialogue avec les gens de toutes les conditions intellectuelles."

"Je l'ai soutenu quand il était l'objet d'une campagne de dénigration car j'ai vu en lui un facteur d'équilibre pour l'Eglise", a déclaré l'ancien président, référence à la décision du patriarche de se retirer en 1990 face à la contestation lui reprochant ses rapports trop étroits avec le régime Ceausescu.

"Il était devenu un facteur d'équilibre interne pour l'Eglise et pour le prestige de l'Eglise dans la société roumaine", a poursuivi M. Iliescu. "Il a joué un rôle remarquable. J'espère que l'équilibre qu'il a réussi à instaurer sera maintenu" par son successeur. (information : VIS et SOP)

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