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du 26 août au 1 septembre 2007 (semaine 35)
 
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2007-09-01 - Égypte
UNE INTRANSIGEANCE QUI CRÉE DES TENSIONS

Une récente analyse veut expliquer pourquoi la cohabitation interreligieuse devient de plus en plus en difficile en Egypte, et pourquoi le fossé se creuse davantage entre musulmans et chrétiens coptes dont la communauté, vit de plus en plus isolée.

Ses membres se plaignent de violences de la part des musulmans. Les rumeurs de conversions forcées et d'enlèvements de part et d'autre ne font rien pour calmer les esprits.

Le politologue Sameh Faouzi a déclaré à la presse que "les choses ne sont plus comme avant" entre les deux communautés. Il y a moins d’échanges. Des groupes séparés apparaissent même à l'école et à l'université, a-t-il affirmé. "Si vous demandez aujourd'hui aux musulmans ce qu'ils pensent de schrétiens, vous entendrez beaucoup d'histoires, comme celle selon laquelle ils viendraient d'une autre planète. Ils ne se rendent pas compte qu'ils vivent ensemble depuis des centaines d'années", a ajouté Faouzi, pour qui ce regain de violence est peut-être conjoncturel.

Les sujets illustrant les divisions intercommunautaires sont nombreux. Il y a par exemple celui d’un musulman converti au christianisme qui vit maintenant dans la clandestinité, celui de chrétiens arrêtés pour avoir insulté l'islam, etc. Les cas de violences interreligieuses sont nombreux et pour Hossam Bahgat, responsable de l'Initiative égyptienne pour les droits individuels (EIIR), il est impossible d'obtenir des chiffres officiels sur ces violences.

Elles ont nettement augmenté durant le premier semestre de cette année. "On parle de conversions forcées, de filles qui auraient été enlevées par des chrétiens ou des musulmans", a-t-il poursuivi, ajoutant que "tout cela est à l'origine de violences intercommunautaires".

Des activistes ont créé une Association des chrétiens du Moyen Orient à l'acronyme provocateur en anglais (Meca). Deux de ses membres ont été arrêtés en juillet pour "insulte à l'islam". Après ces interpellations, l’un des dirigeants en exil du mouvement, Nader Faouzy s’est offusqué dufait que les musulmans brûlent leurs églises, tuent les hommes, et violent les femmes chrétiennes. "Nous ne renoncerons, ni ne nous séparerons tant que nous serons en vie, tant qu'ils ne nous auront pas tous tués", a-t-ilaffirmé sur le site internet de la Meca.

Interrogé sur les causes de cette division entre musulmans et chrétiens coptes, un intellectuel musulman, Gamal al-Banna, a estimé qu’elle peut être liée à l'intransigeance des élites des deux côtés. "Dans un pays de 70 millions d'habitants, il n'est pas étonnant de trouver quelques fanatiques", a-t-il souligné. "Les fanatiques chrétiens sont de plus en plus nombreux", a-t-il relevé.

A son avis, la plus haute autorité sunnite d’Egypte, Al-Azhar, a une approche "médiévale" du phénomène des conversions. Pour cet institut, "les convertis doivent abjurer ou mourir".

"Mais le fanatisme est plus complexe dans la chrétienté que dans l'islam car l'Eglise peut parler au nom de Dieu. Tout le monde peut dire au Cheikh d'Al-Azhar qu'il a tort. Personne ne peut dire la même chose au patriarche copte Chenouda III, au risque d'être excommunié", a relevé Gamalal-Banna. 

En outre, a-t-il fait remarquer, "si la tension est perceptible, c'est aussi parce que les chrétiens parlent davantage des injustices dont ils sont victimes, et que les intellectuels musulmans sont plus disposés qu'auparavant à évoquer le problème". Un tel débat aurait selon lui été inimaginable il y a cinq ans. (source : Agence Apic)

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