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FlashPress - Infocatho
du 9 au 13 septembre 2007 (semaine 37)
 

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2007-09-13 -
LES COMMUNAUTÉS DANS LA VIE DE L'ÉGLISE

140 théologiens se sont interrogés sur le rôle éthique des communautés chrétiennes dans la formation morale, lors d'un colloque qui s'est tenu à Paris du 3 au 6 septembre, dans des débats pointus sur des questions de première importance.

A l'initiatve de l'
Association des théologiens pour l’étude de la morale (Atem), 140 participants – théologiens, moralistes mais aussi praticiens francophones – se sont penchés sur une problématique d’actualité en théologie morale, notamment en Amérique du Nord. Là-bas, les débats sont vifs entre les tenants d’une éthique communautariste chrétienne, centrée sur l’Église, au risque d’un repli, et les théologiens soucieux de sauvegarder les liens de l’éthique chrétienne avec l’universalisme libéral des Lumières.

Derrière ces débats pointus se cachent en effet des questions de première importance sur la place des chrétiens et des Églises dans les sociétés sécularisées : doivent-ils ou non défendre une éthique particu­lièe ? quel engagement prendre dans une société ne partageant pas toutes leurs vues ?

Le colloque de l’Atem a tenu une ligne ouverte, s’efforçant de concilier éthique théologique et éthique philosophique, plutôt que de les opposer. Avec pour cahier des charges de "penser la responsabilité des communautés chrétiennes dans la production d’un agir éthique façonné par la foi, sans renoncer à une éthique universelle qui appelle la reconnaissance de l’autre".

En introduction, Philippe Bordeyne, doyen de la Faculté de théologie de l’Institut catholique de Paris (ICP), co-organisateur du colloque avec le Centre Sèvres des Pères Jésuites, a tenu à distinguer "la perspective de certains courants qui formulent une critique radicale de la modernité ou celles de certaines expressions communautariennes, qui investissent la spécificité chrétienne pour en revendiquer la non-compatibilité avec la morale séculière".

Il a ainsi analysé l'exemple de "Radical Orthodoxy", courant théologique, fondé par John Milbank, qui regroupe des catholiques, des anglicans et des orthodoxes dans cette critique radicale de la modernité.

" La perspective de ce colloque est ici de déployer simultanément les ressources de critique sociale contenues dans la foi chrétienne et sa vocation à se laisser instruire par les savoir-faire moraux présents dans la société", a t-il signalé.
 

Interrogés par l’évolution des sociétés qui laissent l’individu seul devant ses choix moraux, les intervenants ont voulu souligner l’apport des communautés chrétiennes dans la formation éthique. Un apport non pas réduit à l’acquisition de valeurs ou de contenus moraux, mais vu comme un soutien à la  «mise en capacité » des individus à agir éthiquement.

Différentes interventions ont souligné les ressources éthiques offertes par la liturgie, la catéchèse, le travail théologique, l’accompagnement spirituel ou encore la pratique concrète de l’hospitalité.
Soucieux de mettre en évidence les ressources des communautés dans une société française qui a ten­dnce à s’en méfier, le colloque s’est pourtant bien gardé d’idéaliser les pratiques ecclésiales.  

"Le travail des moralistes est d’essayer d’identifier ce qui doit être activé dans nos communautés, a souligné Alain Thomasset, vice-président de l’Atem et professeur de théologie morale au Centre Sèvres.  Cela implique un travail de discernement critique qui ne peut pas être communautariste." (source : ATEM et La Croix)

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