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du 14 au 16 septembre 2007 (semaine 37)
 

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2007-09-16 -
LE PAPE RECOIT LE PRÉSIDENT SOUDANAIS

Le 14 septembre, Benoît XVI a reçu le chef de l'Etat soudanais, M.Omar Hassan Ahmed El-Bashir, qui a ensuite rencontré Mgr. Dominique Mamberti, Secrétaire pour les rapports avec les États, qui était Nonce à Khartoum l'an dernier encore.

La Salle-de-Presse du Saint-Siège a diffusé le communiqué suivant à la suite de cette longue audience durant laquelle le Pape et le chef de l'État se sont entretenus en privé pendant 25 minutes.

"Les entretiens ont été centrés sur la situation politique et religieuse du Soudan, à la lumière tout particulièrement de l'Accord de paix sur le Darfour. C'est ainsi que l'ouverture, en Libye le 27 octobre, de nouvelles négociations en vue de la pacification du Darfour a été jugée très importante. Le Saint-Siège met beaucoup d'espoirs dans leur réussite, qui mettrait fin aux souffrances et à l'insécurité dans laquelle se trouvent les populations, permettrait de leur assurer l'assistance à laquelle elles ont droit mais aussi d'engager des opérations de développement. Le caractère régional de la crise du Darfour a également été évoqué".

"D'autres sujet d'intérêt commun ont été abordés, tels la défense de la vie et de la famille, le respect et le développement des droits humains, notamment le droit fondamental à la liberté religieuse. On a aussi souligné l'importance du dialogue interreligieux et de la collaboration entre croyants des diverses religions, en particulier entre musulmans et chrétiens, pour la promotion de la paix et du bien commun. La contribution de l'Eglise catholique et de ses institutions à la société soudanaise, notamment en matière éducative, a également été rappelée".

Le communiqué marque clairement que la s
ituation politique et liberté religieuse a été au cœur de la rencontre. Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a noté le climat “très respectueux“ de la visite du chef de l'État soudanais. Le P. Federico Lombardi a jugé que la présence d’une “délégation de très haut niveau “traduisait le souhait du Soudan de “montrer sa grande attention et son respect à l’égard du Vatican“. La délégation soudanaise était en effet composée d’une quinzaine depersonnes, dont 6 ministres.

Après l’entretien en privé, auquel participait le président soudanais s’est entretenu pendant une trentaine de minutes avec le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti.

Avant de s’entretenir avec le Pape, le président soudanais avait rencontré à Rome le chef du gouvernement italien, Romano Prodi.

Quelques jours avant la visite du président soudanais, la Fédération internationale de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la Torture (FIACAT) et 11 associations de chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) avaient envoyé une lettre au Vatican, invitant Benoît XVI, au cas où ce dernier oublierait de le faire sans doute, "à rappeler à Omar Hassan El Bashir l'indispensable besoin de vérité et dejustice pour les victimes du conflit armé au Darfour" et demandant "la nécessaire coopération des autorités soudaines avec la Cour Pénale internationale".

Se disant "très préoccupée par la situation des droits de l'homme dans cette région du monde, la FIACAT relève que c'est l'occasion, pour le Pape, de rappeler au président soudanais que "les autorités soudanaises ont suspendu toute coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) depuismars 2007".

La communauté internationale et depuis un certain temps mobilisée pour trouver une solution à l’une des trois pires crises africaines, avec celle de la Somalie, et celle de l’Est de la République démocratique du Congo. Le 27 octobre commenceront à Tripoli, en Libye, les entretiens de paix entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles.

Le conflit du Darfour commence officiellement le 26 février 2003, quand le gouvernement de Khartoum annonce que les rebelles ont pris le contrôle du chef-lieu de Gulu au Nord de la région. En mars deux mouvements rebelles sont découverts : le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), et le Mouvement de libération du Soudan (SLM, connu aussi comme Armée de libération du Soudan), qui réclament une répartition du pouvoir et des richesses du pays.

Le conflit tire son origine des contrastes, souvent violents, entre les habitants originaires de la région, les Fur (d’où le nom Darfour, ou “maison des Fur”), et les nomades d’origine arabe qui se sont établi ces dernières décennies dans la région. « Périodiquement éclataient, entre les agriculteurs Fur et les pasteurs « étrangers », des litiges pour l’eau et le partage des quelques terres fertiles, des litiges qui étaient résolues par le recours aux méthodes traditionnelles de médiation tribale »

. La protestation a ensuite pris un caractère politique parce que « les Fur ont toujours accusé le gouvernement central d’ignorer leur région, leur refusant les moyens de se développer. Il n’y a pas d’hôpitaux, de routes. Deux mouvements de guérilla sont alors nés en opposition au gouvernement ».

La réaction du gouvernement a été d’organiser les pasteurs arabes en milices progouvernementales, les désormais tristement connus « diables à cheval » ou Janjaweed, pour mener une violente action anti-guérilla, adoptant la stratégie de la « terre brûlée ». L’objectif est la population civile, accusée à tord ou à raison, de sympathiser avec les rebelles. Des villages entiers ont été détruits et la population massacrée (plus de 200.000 victimes). Ceux qui sont sauvés vivent dans des camps de réfugiés à l’intérieur de la région (environ 2 millions de personnes) ou au Tchad limitrophe (plus de 200.000 personnes).

Le Soudan a accusé certains pays étrangers de soutenir la rébellion, avec l’objectif de déstabiliser le pays et de mettre la main sur les réelles ou présumées richesses du Darfour (parmi lesquelles des gisements de pétrole encore intacts).
En août 2004, commence le déploiement de la force de paix de l’Union africaine (AMIS) composée d’à peine 7.000 hommes, avec le devoir de contrôler une zone vaste comme la France. (source : Agence Fides et VIS)

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