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du 16 au 19 septembre 2007 (semaine 38)
 

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2007-09-19 - Corée du Sud
LES ÉGLISES ÉVANGÉLIQUES ET LA CRISE DES OTAGES

Le dénouement de la crise des otages sud-coréens en Afghanistan amène les Eglises évangéliques à se déclarer plus prudentes dans leur travail missionnaire à l’étranger et les amener à réviser leurs manières d’agir.

A Séoul, l’annonce, le 28 août dernier, d’un accord en vue de la libération des 19 otages sud-coréens encore détenus en Afghanistan a été accueillie avec joie et soulagement. Dès le lendemain, les responsables des dénominations protestantes et évangéliques du pays ont déclaré qu’ils se plieraient à l’engagement du gouvernement sud-coréen de faire cesser toute activité missionnaire chrétienne sud-coréenne en Afghanistan et que la crise provoquée par cette affaire allait les amener à réviser leurs manières d’agir.

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A travers cet incident, nous allons nous pencher sur l’aide humanitaire et le travail missionnaire menés par les Eglises coréennes à l’étranger. Nous prenons ceci comme une opportunité pour rendre notre œuvre plus efficace et plus sûre", a déclaré le Rév. Kwon Oh Sung, président du Conseil national des Eglises en Corée.

Le Conseil chrétien de Corée, une autre organisation représentant les Eglises protestantes,s’est pour sa part dit « désolé » de la crise ainsi créée et a affirmé que les Eglises devaient désormais se montrer plus « prudentes » dans leur travail missionnaire lorsqu’il est entrepris dans des régions dangereuses.

Pour un grand nombre de Sud-Coréens, dans un pays où les chrétiens représentent presque un tiers de la population (9 % de catholiques et environ 20 % de protestants), la crise des otages représente le prix que le pays paye pour le travail qu’un grand nombre de ses Eglises, notamment issues des milieux évangéliques, réalisent à l’étranger.

En 2004, un interprète sud-coréen, qui aspirait à devenir pasteur, a été décapité dans des conditions atroces en Irak. En Chine, des missionnaires sud-coréens ont été – et sont encore – détenus en prison pour être venus en aide à des Nord-Coréens ayant fui leur pays et cherchant à gagner la Corée du Sud.

Selon l’Association coréenne des missions dans le monde, les Eglises protestantes sud-coréennes ont envoyé, en 2006, 14 086 missionnaires à l’étranger. En août 2006, à Kaboul, un groupe protestant, l’Institut pour la culture asiatique et le développement, avait cherché à organiser une « manifestation pour la paix » à Kaboul, mais avait renoncé après que le gouvernement afghan avait menacé d’expulser les quelque 1 200 Sud-Coréens qui s’étaient rendus dans la capitale afghane pour ce qu’ils décrivaient être une « rencontre culturelle ».

Dans les journaux sud-coréens, les critiques n’ont pas manqué pour dénoncer l’imprudence des Eglises évangéliques et leur empressement à envoyer certains de leurs membres en mission sans beaucoup de discernement. « Dans les Eglises sud-coréennes, l’accent est mis sur la croissance et l’expansion, a expliqué Lee Won Gue, professeur au Séminaire théologique méthodiste de Séoul. Les Eglises se livrent à une compétition féroce – tant et si bien que la réputation d’un pasteur ou de son Eglise dépend souvent du nombre de missionnaires qu’il a pu envoyer à l’étranger et du nombre d’églises qui y ont été construites. »

L’accord du 28 août entre les négociateurs sud-coréens et les émissaires des ravisseurs soulève des questions. Les talibans ont abandonné leur revendication principale (la libération de plusieurs des leurs, prisonniers du gouvernement afghan) et le gouvernement sud-coréen a annoncé le retrait des 200 soldats sud-coréens déployés au sein de la coalition dirigée par les Etats-Unis – un retrait qui était déjà programmé pour la fin 2007.

L’interdiction des activités missionnaires chrétiennes sud-coréennes en Afghanistan est le seul « succès » remporté par les talibans. (source : EDA)

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