Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 12 au 15 octobre 2007 (semaine 41)
 

-
2007-10-15 -
138 THÉOLOGIENS MUSULMANS OUVERTS AU DIALOGUE


"Il s'agit d'un texte très intéressant. C'est une nouveauté dans la mesure où il provient à la fois de sunnites et de chiites, et c'est un document non polémique," déclare sobrement le cardinal Tauran, après la lecture de la lettre qu'ils ont envoyée au Pape.

C'est ainsi que le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a brièvement commenté la lettre que 138 théologiens et experts musulmans ont récemment adressée au Pape et à d'autres responsables chrétiens, le patriarche œcuménique Bartholomée Ier ainsi qu'au primat de la Communion anglicane, le Dr. Rowan Williams et à près d'une trentaine d'autres chefs d’Eglises protestantes et orthodoxes.

Quant à savoir ce que les dirigeants religieux devraient faire pour empêcher l'union de la violence et de la religion, le cardinal a déclaré : Il faut qu'ils "invitent les fidèles à adhérer aux trois convictions exprimées dans cette lettre, que Dieu est unique, qu'il nous aime et qu'il nous faut l'aimer. Dieu nous appelle à l'amour du prochain. Il s'agit donc d'un signal très encourageant, qui montre que la bonne volonté et le dialogue sont en mesure de dépasser tous les préjugés."

" Ce texte est une approche spirituelle du dialogue interreligieux, que j'appellerais dialogue des spiritualités. Les musulmans et les chrétiens doivent répondre à la même question: dans ta vie, Dieu est-il vraiment l'Unique?".

Il y a un an, un mois après le discours mémorable de Benoît XVI à Ratisbonne, 38 personnalités musulmanes ont écrit une lettre ouverte au pape. Une partie de la lettre allait dans le sens de ses positions, une autre était en désaccord.
Les 38 appartenaient à différents pays et courants de pensée.

Dans le monde musulman, c’était la première fois que des personnalités aussi variées parlaient d’une seule voix et présentaient les principes de l’islam au chef de l’Eglise la plus importante, dans but de parvenir à une "compréhension mutuelle".

Au cours des mois suivants, d’autres signatures se sont ajoutées aux premières et les 38 sont devenus 100. Aujourd’hui, un an plus tard, les 100 sont devenus 138 et ont publié cette deuxième lettre.

Elle
a plus de destinataires que la première. Outre Benoît XVI, elle s’adresse au patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, au patriarche de Moscou, Alexis II, et aux chefs de 18 autres Eglises d’Orient, au Dr. Rowan Williams, aux leaders des fédérations mondiales des Eglises luthériennes, réformées, méthodistes et baptistes, au secrétaire général du Conseil Mondial des Eglises, Samuel Kobia, et plus généralement "aux leaders des Eglises chrétiennes".

Au niveau du contenu, la première lettre était très nettement en faveur de la liberté de professer la foi "sans constrictions". Elle revendiquait la rationalité de l’islam tout en maintenant la transcendance absolue de Dieu. Elle soulignait avec fermeté les limites imposées par la doctrine islamique au recours à la guerre et à l’usage de la violence, en condamnant les "rêves utopistes où la fin justifie les moyens".

Cette première lettre s’achevait en espérant un rapport entre islam et christianisme fondé sur l’amour de Dieu et celui du prochain, les "deux grands commandements" rappelés par Jésus dans l’Evangile selon saint Marc (12, 29-31).

La deuxième lettre part justement de la conclusion de la première et la développe. Les commandements de l’amour de Dieu et du prochain – présents aussi bien dans le Coran que dans la Bible – sont la "parole commune" qui offre à la rencontre entre islam et christianisme "la base théologique la plus solide possible".

Le texte de la lettre a été discuté et mis au point en septembre 2007 au cours d’un congrès qui s’est déroulée en Jordanie à l’Institut Royal Al Al-Bayt pour la Pensée Islamique parrainé par le roi Abdallah II.

Les promoteurs de cette lettre affirment qu’avant elle, "les musulmans n’avaient jamais offert une proposition de consensus aussi forte à la chrétienté" et ceci est important, parce que, dans le même temps, des musulmans de toutes les tendances – sunnites, chiites, ibadhi, ismaélites, jaafarites – ont adhéré à cette lettre

"Plutôt que de polémiquer, les signataires ont adopté, en suivant la meilleure tradition de l’islam, une position de respect des Ecritures chrétiennes. Ils ont appelé les chrétiens à être non pas moins mais plus fidèles à ces Ecritures saintes".

“Comme musulmans, nous disons aux chrétiens que nous ne sommes pas contre eux et que l’islam n'est pas contre eux, à condition qu’ils ne fassent pas la guerre contre des musulmans à cause de leur religion“, souligne cette lettre envoyée à l'initiative de l'Institut royal "Aal al Bayt"pour la pensée islamique à Amman. Il s'agit d'une ONG internationale au statut indépendant engagée depuis bientôt un quart de siècle pour le dialogue islamo-chrétien. (source : Service de presse du Vatican et chiesa)

Retour aux dépèches