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FlashPress - Infocatho
du 22 au 25 octobre 2007 (semaine 43)
 

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2007-10-25 - Naples
UNE PLUS GRANDE PERCEPTION DES DIFFICULTÉS


Aux rencontres de Sant'Egidio, un difficile dialogue avec l'Islam s'est fait jour, même si tous les participants de ces deux journées de rencontre, voulaient témoigner que les religions sont facteurs de paix.

"Cela n’est pas toujours allé de soi, a d’ailleurs rappelé le rabbin Arthur Schneier, toute l’histoire est marquée des bains de sang provoqués par les religions", et il a salué tous les efforts faits en ce sens par les responsables religieux pour la paix depuis un demi-siècle.

Pourtant, à entendre les compte-rendus de nombreuses tables rondes, sur les thèmes les plus divers, de l’identité de l’Europe au rôle des religions contre la violence en passant par la question israélo-palestinienne, les difficultés des représentants de l’Islam à entrer dans ce dialogue étaient patentes.

Si, entre le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Conférence des Églises d’Europe, et le métropolite Emmanuel de France, du patriarcat œcuménique de Constantinople, une conversation chaleureuse a pu s’instaurer sur l’implication des religions dans la protection de la nature, si les liens d’amitié entre le rabbin Schneier et le cardinal Renato Martino ont pu faire ressortir une complicité de quinze ans, si les chrétiens présents se congratulaient dans les couloirs en amis de longue date, il n’en était pas de même pour les musulmans, dont le ton tranchait avec le consensus affiché.

Les contradictions dans lesquelles vit aujourd’hui l’Islam, devenu en partie religion porte-drapeau de causes politiques ou sociales, sont ressorties, et les interlocuteurs musulmans donnaient souvent le sentiment d’une grande incompréhension. Ainsi, dès la soirée d’ouverture, dimanche 21 octobre, Ezzedin Ibrahim, intellectuel des Émirats arabes unis, a évoqué, sans jamais les citer directement, les États-Unis, l’Afghanistan, la Somalie, et l’Irak. Ou encore, dans une table ronde sur la ville, Mahdi Al-Khalissi a commencé par un plaidoyer contre la présence américaine en Irak.

"Les complications de l’histoire récente n’ont pas peu contribué à accentuer la perception de beaucoup d’une opposition radicale entre christianisme et islam, et aujourd’hui plus que jamais il est nécessaire de rechercher une confrontation sereine, lucide et modérée entre les membres des deux religions", constatait Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants.

" Il est prématuré de parler de coopération dans la situation actuelle", a même lancé Asma Benkada, intellectuelle musulmane et chroniqueuse sur Al-Jazira, qui a pointé, de manière assez courageuse, tous les obstacles actuels au dialogue : « Comment pouvez-vous imaginer qu’un musulman accepte le dialogue si on insulte le Prophète ? » a-t-elle ajouté, rappelant le discours du Pape à Ratisbonne. « Pour dialoguer, a-t-elle affirmé, il faut la confiance. »

Dans ce sens, Benoît XVI a voulu lever les derniers doutes. Il l’a fait en recevant, le dimanche matin l'ensemble des responsables religieux invités à la rencontre. Dès la célébration eucharistique, une importante délégation œcuménique était présente, au côté de l’autel, réunis ensemble avec le Pape, Bartholomeos Ier, patriarche œcuménique de Constantinople, et le Dr Rowan Williams, primat de la Communion anglicane.

Dans son discours à l'ensemble des participants, le Pape a défini ce qu’il appelle « l’authentique esprit d’Assise ». Authentique, c’est-à-dire sans confusion entre les différentes religions (que le pape théologien redoute particulièrement). Mais cette fois, Benoît XVI, qui avait explicitement souligné en 2006 les risques de syncrétisme et de relativisme du dialogue interreligieux, n’a pas renouvelé ces mises en garde.

C'est la première fois depuis le début de son pontificat qu'il rencontrait ensemble un aussi grand nombre de représentants de diverses religions (chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes...).

Devant eux, il a en quelque sorte adhéré sans restriction à l’« esprit d’Assise », dans lequel il voit le moyen de « s’opposer à toute forme de violence », ainsi qu’« aux abus de la religion utilisée comme prétexte à la violence ». Il
n’a pas appelé à un approfondissement du dialogue dans un sens théologique. Il n’a tracé aucune perspective pour le futur, ni annoncé d’initiative en ce sens.

Simplement, il a confirmé l’importance de ce dialogue dans la lutte pour la paix. « Il est important de répéter que jamais les religions ne doivent devenir véhicule de haine, a-t-il martelé. Jamais en invoquant le nom de Dieu, on ne doit arriver à justifier le mal et la violence. » (source : La Croix et VIS)

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