Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 30 octobre au 1 novembre 2007 (semaine 44)
 

-
2007-11-01 -
REDÉCOUVRIR LES INTUITIONS DU CONCILE


Au terme de ses deux mandats, le président de la CEF remet les choses au point : "la France ?
pratique et vocations en baisse, relents de gallicanisme !" de telles réactions sont actuellement le fait de fonctionnaires de second rang au Vatican.

En effet, au terme de deux mandats à la tête de l'épiscopat français, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, dresse un portrait optimiste de l'Eglise. Interrogé par le quotidien français "La Croix", il estime que l'Eglise de France ne va "pas si mal que ça!"           

A la question de savoir si les craintes suscitées par le motu proprio sur la liturgie sont apaisées, il relève qu'il y en a eu beaucoup plus avant sa publication qu’après. "On avait peur que des modalités nouvelles pour célébrer selon le Missel tridentin soient l’occasion de remettre en cause la réforme liturgique voulue par Vatican II et tous les papes depuis Paul VI. Ce qui nous a beaucoup aidés, c’est la lettre de Benoît XVI qui a accompagné le motu proprio, définissant la liturgie conciliaire comme "la forme ordinaire" du rite romain, l’autre étant une 'forme extraordinaire'".            

Le cardinal assure, que de ses échanges avec le Pape lui-même, il considère cette question dans une perspective d’avenir, comptant sur un enrichissement possible entre ces deux formes, et absolument pas comme un retour au passé! Et de préciser: "Nous avons fait le point en septembre entre archevêques. J’ai été frappé par la volonté de chaque diocèse de s’organiser pour répondre positivement aux demandes. Pour le moment, peu de demandes nous sont arrivées. Par contre, dans plusieurs diocèses en France, cette question a éveillé l’intérêt de prêtres et de fidèles pour redécouvrir les grandes intuitions du Concile qui ont mené à la réforme liturgique".            

Le cardinal livre alors le fond de sa pensée et de sa conviction : "Pour moi, le point le plus douloureux dans ces débats autour de Vatican II, c’est de voir que la démarche spirituelle du Concile n’est parfois pas perçue, voire est rejetée.            

A propos des relations avec les services romains, le cardinal "ne mâche pas ses mots". Présentant cette question, le quotidien "La Croix", la présente ainsi : "Vue de Rome, la France reste un enfant terrible: pratique et vocations en baisse, relents de gallicanisme… Alors, la question: "Comprenez-vous cette impression?"  

Et le cardinal de répondre : "De telles réactions sont actuellement le fait de fonctionnaires de second rang au Vatican. Dans mes rencontres à Rome, je n’entends plus ce type de discours, qui existait encore il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, Rome nous dit au contraire: "Votre situation est difficile,mais nous savons tout ce que vous faites pour la vitalité de votre Eglise,et tous les germes de renouveau qui apparaissent".             

A propos des relations Eglise-Etat et de la loi de 1905, le cardinal dit avoir vécu depuis huit ans un changement de climat dans ces relations. "Avec le cardinal Billé, nous avons voulu renouer des relations plus régulières avec le président de la République et avec le premier ministre, à un moment où Jacques Chirac et Lionel Jospin convenaient tous deux que cela manquait". Et d'ajouter: "C’est ainsi qu’ont été mises sur pied, avec Matignon, des rencontres régulières (une ou deux fois par an) ou parfois plus informelles. On y traite les dossiers de l’heure, mais on évoque aussi des questions de société comme – à la demande de nos interlocuteurs – la crise des banlieues ou la loi sur la fin de vie.           

A propos de la parole de l’Eglise s'agissant de savoir si elle est perçue ou non par la société, par les responsables de la cité, le cardinal estime que "notre discours sur les sujets de société, même s’il gêne parfois (on l’a vu sur l’immigration), est bien reçu quand il s’agit de doctrine sociale".

Par contre, admet-il, ce qui touche à l’embryon, à la famille ouau mariage, au croisement du privé et du social, a plus de mal à êtreentendu: "on nous rétorque que l’opinion va dans l’autre sens ; on nousoppose le poids des sondages… Mais peut-on élaborer sur la base des seulssondages une politique qui engage l’avenir?"           

Quel bilan personnel le cardinal Ricard tire de ces années à la tête de l’Eglise de France? "Ce fut fatigant, mais passionnant!" rétorque le prélat. "La quantité et la sensibilité des dossiers, l’accumulation de réunions et l’enchaînement d’obligations, tout cela a été lourd, ajouté à la charge d’un grand diocèse où j’arrivais. Heureusement, j’ai une bonne santé, et un tempérament qui ne cultive pas l’angoisse ! L’un de mes soucis aura été de trouver, face à des événements de l’actualité, la parole juste et le langage qui convient pour être entendu, tout en restant fidèle à la foi et àl’espérance qui nous habitent. Cela, il m’a fallu l’apprendre".           

Et de conclure: "J’ai beaucoup découvert grâce à la fonction de contact qui me revenait : au plan œcuménique, partageant avec les autres Églises le souci de l’annonce de l’Évangile, et interreligieux, tant dans la rencontre de l’islam que – aux côtés du cardinal Lustiger – celle du judaïsme". (Pour lire l'ensemble de cet entretien : La Croix)

Retour aux dépèches