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2007-11-19 - Chine
DES FORMALITÉS, MAIS AUSSI PEUT-ÊTRE DES SIGNES
Le mot « religion » est désormais mentionné dans les statuts du Parti communiste chinois. Le 10 octobre dernier, douze couples ont reçu le sacrement du mariage dans une église "officielles, avec la bénédiction d'un prêtre "clandestin". Qu'en penser ?
Reprenons les faits.
A la faveur du 17e congrès du Parti communiste chinois, qui s’est tenu du 15 au 21 octobre dernier, le mot « religion » a fait son entrée dans les statuts du parti, communiste donc athée, fondé en 1921 et au pouvoir à Pékin depuis 1949. Dans la nouvelle mouture des statuts du parti qui compte 73 millions de membres, on peut en effet lire, au paragraphe 19, du « Programme général » que « le Parti s’efforce d’appliquer pleinement ses principes de base en matière religieuse, et (qu’)il fait appel à la contribution des croyants en matière de développement économique et social ».
Dans son rapport devant le congrès, le secrétaire général du Parti, Hu Jintao, qui assume également le poste de président de la République populaire de Chine, a affirmé la volonté du Parti d’« appliquer pleinement ses principes fondamentaux en matière religieuse et d’utiliser le rôle positif des personnalités religieuses et des croyants pour promouvoir le développement économique et social du pays ».
Selon un évêque « officiel », la politique du Parti communiste reste « constante, sans véritable changement ». Si l’introduction du terme « religion » dans les statuts du PC chinois est une nouveauté, elle ne semble pourtant pas devoir signifier une inflexion de la politique chinoise en matière religieuse. Selon certains observateurs, cette nouveauté pourrait même laisser présager une volonté de contrôle plus étroit sur les activités religieuses en Chine.
Le rapport du secrétaire général du PC met par ailleurs en garde « les forces extérieures contre toute tentative d’ingérence » dans les affaires intérieures de Hongkong et Macao. Ces derniers points ne manquent pas d’inquiéter certains observateurs qui se demandent si ces mises en garde doivent être mises en lien avec la succession prochaine du cardinal Zen à la tête du diocèse de Hongkong.
Autre fait :
le 10 octobre dernier, douze couples ont reçu le sacrement du mariage lors d'une cérémonie organisée par le curé d’une paroisse "clandestine" dans une église "officielle" visible de tous et en présence de plus de 400 paroissiens et invités des douze couples. Mais cela ne change en rien la situation. Les prêtres "clandestins" sont connus. On leur demande seulement dene pas être trop prosélytes.
Pour le curé de la paroisse "clandestine", une telle cérémonie au cours de laquelle autant de couples sont mariés permet de donner une plus grande visibilité à l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la vie en couple.
Lors de la cérémonie du 10 octobre, sur les douze couples, dix étaient déjà mariés civilement, et pour certains d’entre eux depuis de nombreuses années. Deux couples âgés d’une cinquantaine d’années ont témoigné qu’ils n’avaient pas pu se marier à l’église car « à l’époque, la situation politique du pays était instable ».
Troisième fait : Le 8 novembre dernier, à Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a démenti des informations parues dans différents médias étrangers selon lesquelles les bibles seront interdites sur les sites olympiques des JO de l’été prochain. « Nous avons pris note des reportages et les avons vérifiés avec les autorités concernées. Les faits ont prouvé que les reportages étaient des rumeurs absolues », a indiqué le porte-parole du Comité d’organisation des JO de Pékin.
En fait le réglement international des JO prévoit qu'on ne peut interdire les bibles dans le village olympique. L’affaire a débuté le 2 novembre, lorsqu’une dépêche de Catholic News Agency a diffusé une dépêche sous le titre : « La Bible figure parmi les objets interdits aux Jeux olympiques de 2008 ». Aux Etats-Unis, la nouvelle était immédiatement reprise par des élus. A la Chambre des représentants, le républicain Thaddeus McCotter demandait au président Bush combien de bibles allaient prendre place dans ses bagages et s’il allait demander à rencontrer les cinq évêques et quinze prêtres de l’Eglise catholique qui sont actuellement emprisonnés.
Le Comité olympique chinois n'innove en rien quand il rappelle que « les objets de dévotion » introduits en Chine par les athlètes et les visiteurs à l’occasion des JO sont autorisés, pourvu qu’ils n’entrent pas en contradiction avec les lois de la Chine , en particulier « les objets religieux visant à propager une secte » qui ne sont pas permis. En 1980, les organisateurs des Jeux Olympiques de Moscou disaient la même chose.
Toutefois il est précisé : « Il est recommandé à chaque voyageur de ne pas se munir de plus d’une bible lors de son entrée en Chine. » Un responsable du comité chinois pour les JO a précisé que l’introduction de bibles à des fins de « distribution et de propagande » était interdite, ce qui vise les activités des missionnaires protestants étrangers. (source : EDA)
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