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du 19 au 22 novembre 2007 (semaine 47)
 

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2007-11-22 -
Espagne
UN MESSAGE DE PARDON A PROPOS DE LA GUERRE CIVILE


En ouvrant l'Assemblée de la Conférence épiscopale espagnole, son président, l'évêque de Bilbao Mgr Ricardo Blazquez, a demandé un "pardon" inédit pour "certains actes concrets" de l'Eglise espagnole pendant la guerre civile (1936-39).

"En de nombreuses occasions, nous aurons des motifs pour rendre grâce à Dieu de ce qui fut fait", mais "à d'autres moments, sans nous ériger avec orgueil en juges d'autrui, nous devons demander pardon ", a déclaré Mgr. Blazquez.

Cette déclaration, faite le lundi 20 novembre par son président, à l'ouverture de l'assemblée plénière annuelle des évêques espagnols, marque une inflexion de la position officielle de l'Eglise espagnole, qui avait appuyé en 1937 "la croisade chrétienne" des troupes franquistes contre le gouvernement républicain espagnol de l'époque.

Le président de l'épiscopat, Mgr Blazquez, a lu deux messages qui "ont laissé muets beaucoup de prélats", dont l'un a trait à l'attitude pro-franquiste de l'Eglise catholique d'Espagne et dans l'autre il a rendu hommage au cardinal Vicente Enrique y Tarancon, le qualifiant "d'homme providentiel pour avoir mis en pratique en Espagne les directives du Concile Vatican II" et pour être devenu un "instrument efficace de la réconciliation, après la mort du dictateur Franco".

Mgr Blazquez a longuement évoqué lors de son discours le débat houleux qui a entouré en Espagne le parcours parlementaire de la récente loi dite de "Mémoire historique", voulue par le gouvernement socialiste pour réhabiliter les victimes républicaines oubliées de la guerre civile et du franquisme (1939-75).

"Chaque groupe humain -société, Église, partis politiques, syndicats- a le droit de rappeler son histoire et de cultiver sa mémoire collective", a-t-il dit, se référant notamment à la récente béatification de 498 "martyrs" catholiques de la guerre civile en Espagne.

Et dans le même temps, il a souligné que ce travail de mémoire ne devait pas "rouvrir les blessures et attiser les rancoeurs", ce qui est une critique souvent formulée par la droite contre la loi du gouvernement socialiste.

"Souvenons-nous de l'histoire non pour nous confronter mais pour en recevoir la leçon de ce que nous avons mal fait ou la force de poursuivre sur le bon chemin", a déclaré Mgr Blazquez. 

Le discours de Mgr Blazquez Perez a été bien accueilli dans la partie la plus ouverte de l’épiscopat, tandis que les plus conservateurs ne l’ont pas forcément apprécié. Il doit donc être perçu comme très personnel, mais aussi comme une feuille de route avant l’élection du nouveau président de la Conférence épiscopale, début mars.

Jusqu'à ce jour, l'Eglise catholique espagnole a considéré avoir été victime de la guerre civile. "L'Eglise a été une victime", proclamait le 7 avril 2000 le porte-parole de l'épiscopat, Mgr Juan José Asenjo, aujourd'hui évêque de Cordoba. A l'inverse, Mgr Blazquez, évêque de Bilbao, au Pays basque, passe pour une personne de dialogue, y compris avec les antagonistes de la politique basque, entre lesquels il a toujours prôné le dialogue. (source : Conférence épiscopale)

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