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du 23 au 26 novembre 2007 (semaine 47)
 

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2007-11-26 -
LES ÉGLISES ET LE NOUVEAU TRAITÉ EUROPÉEN

Depuis le grand débat sur les racines chrétiennes du continent, la question religieuse n’était pas revenue à ce point dans l’actualité des cercles européens. Or, un nouvel article du prochain traité de Lisbonne ouvre des perspectives intéressantes.

" L’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier" avec les Églises, est-il mentionné en effet à l’article 15 ter. Une ouverture qui satisfait les représentations des Églises à Bruxelles. Mgr Noël Treanor, secrétaire général de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne, la COMECE, salue cette initiative.

" Sur la base de cet article, les institutions de l’UE s’engagent à mener un dialogue plus approfondi avec les Églises, permettant ainsi aux chrétiens d’accompagner plus efficacement le processus de construction européenne",  a-t-il déclaré, lors de son Assemblée plénière.

Pour lui, c'est l’occasion de s’interroger sur la meilleure façon de tirer parti des nouvelles dispositions du traité. Un dialogue  «régulier»,  mais à quel rythme? à quels niveaux ? et sur quels sujets ? Les évêques en ont discuté. "Tant que la ratification du traité, qui peut échouer, n’est pas faite, cet article n’est pas acquis. Cela n’aurait pas de sens de négocier trop tôt les termes du dialogue",  prévient Stefan Lunte, secrétaire général adjoint de la COMECE.

À la Conférence des Églises européennes, la KEK, regroupant les Églises anglicane, protestantes et orthodoxes, le pasteur Rüdiger Noll analyse le futur traité comme entérinant "une pratique établie de fait".

C'est vrai que l'article 15 ter reprend celui du traité constitutionnel, qui donnait déjà une assise juridique à un dialo gue inscrit dans l’agenda européen depuis la fin des années 1980 sous Jacques Delors.

Jorge Cesar das Neves, tout nouveau responsable de ce dialogue auprès du président Barroso, est l’interlocuteur direct des Églises au sein de l’exécutif communautaire. Il définit son rôle non pas comme celui d’un expert des religions, mais comme celui d’un diplomate à l’écoute du message des Églises.

Il a ainsi suivi la présentation, au début du mois de novembre, à la COMECE, d’une proposition de stratégie de l’Union  « de soutien aux couples et au mariage »  touchant notamment les politiques fiscales et de logement.  

" Les Églises, dit-il, ne se servent pas de ce dialogue pour défendre leurs seuls intérêts, mais pour influencer la législation et imprimer les décisions européennes de leurs valeurs. Les religions ne se cantonnent pas à la sphère privée, mais sont des entités spéciales dans l’espace public où elles ont un rôle à jouer.

" C’est ce qui les distingue des ONG ou entreprises, qui visent un intérêt précis," ajoute Cesar das Neves qui fait remarquer que le traité mentionne la  « contribution spécifique  » des Églises.

" On ne veut pas être enregistré parmi les lobbies", confirme pour la KEK le pasteur Noll.
Pour lui, comme pour d'autres représentants des Églises européennes, le but est de sortir du seul cadre protocolaire et d’échanger sur le fond à d’autres niveaux.  

" On ne peut pas avoir qu’un sommet de quatre heures par an", estime ainsi Athanasios Chatzopoulos, le représentant de l’Église orthodoxe grecque auprès de l’UE qui apprécie qu’avec le futur traité, le dialogue noué «ne dépendra plus de tel ou tel président de la Commission »  et que, fort de cette base légale stable, il pourra s’élargir.

Le P. Henri Madelin, jésuite auprès de l'UE, il reconnaît que l’assemblée d’élus européens est loin d’être la plus aisée à approcher. Si son président actuel, le chrétien-démocrate allemand Hans-Gert Pöttering, bénéficie d’un fort capital de confiance auprès des chrétiens, tout comme son compatriote le député Elmar Brok, d’autres députés catholiques polonais, italiens ou espagnols – tout comme le prédécesseur de Jorge das Neves à la Commission – embarrassent parfois la Comece par des prises de positions proches des milieux ultras. À l’inverse, d’autres élus manifestent une attitude très anticléricale.

"Les Églises ne doivent pas être approchées juste pour donner un “supplément d’âme” à l’Europe », explique le P. Henri Madelin." (information : COMECE)

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