Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 27 au 29 novembre 2007 (semaine 48)
 

-
2007-11-29 - Brésil
CONTRE LE DÉTOURNEMENT DU RIO SAN FRANCISCO


Dom Luiz Flavio Cappio, l'évêque franciscain de Barrau qui se bat depuis plusieurs années contre le détournement des eaux du Rio Sao Francisco, a repris mardi sa grève de la faim, arme non violente qu'il avait déjà utilisée il y a deux ans.

Il entend ainsi dénoncer le coût et le surdimensionnement de ce projet de trois milliards de dollars qui risque de causer d'énormes dégâts sur l'environnement et sur les habitants de la région. L'
évêque de Barra, dans l'Etat de Bahia (BA), veut empêcher que le gouvernement de Brasilia ne modifie le cours du Rio Sao Francisco, garantissant l'irrigation des régions arides du Nord-Est du pays.

Ce détournement des eaux causera selon lui d'énormes dégâts et ce ne seront pas les hôtels de luxe de la côte, bénéficiaires du projet, qui paieront l'addition, mais les centaines de milliers de personnes qui se trouvent jusqu'à maintenant le long du fleuve, estime-t-il.

Ce grand fleuve est le troisième cours d'eau du pays, il a 2700 km de long et traverse à cinq États.

Le diocèse de Barra a confirmé que Mgr Cappio observe un jeûne de protestation et prie dans l'église de São Francisco, à Sobradinho (Bahia), le long des rives du fleuve, et qu'il "ira de l'avant" jusqu'à ce que le gouvernement interrompe les travaux, commencés en juin par l'armée.

Selon le gouvernement, l'ouvrage prévoit la construction de 720 kilomètres de canaux – dans l'État du nord-est du Pernambuco – qui irrigueront les lacs artificiels, les réserves d'eau et les rivières d'une région victime d'une sécheresse chronique.

Cependant les organisations d'entraide et de défense des pauvres s'y opposent depuis de longues années – depuis le 'Mouvement des travailleurs sans terre' (Mst) à la Commission pastorale de la Terre (Cpt), en passant par la Caritas nationale, pour n'en citer que quelques unes –, et dont Mgr Cappio s'est constitué le porte-parole.

Avec ce projet, 70% des eaux seront déviées dans les canaux pour l'irrigation de vastes élevages de crevettes, 26% seront destinées à l'usage industriel et seuls 4% iront au bénéfice des populations des zones rurales et urbaines locales.

En 2005, l'évêque franciscain avait entamé une première grève de la faim de 11 jours qui n'avait pris fin que lorsque le président Luiz Inácio Lula da Silva s'était engagé au nom du gouvernement à prolonger le dialogue avec les représentants de la communauté locale afin d'évaluer tous les aspects du projet. En mars de cette année, le gouvernement brésilien avait donné le feu vert au début des travaux.

Dans une lettre envoyée au présidente Lula, Dom Luiz rappelle l'engagement signé par le gouvernement en octobre 2005 de suspendre l'opération de détournement des eaux et d'entreprendre un large dialogue avec la société civile brésilienne. Il s'agissait de chercher des alternatives pour un développement durable dans toutes les régions semi-arides. Mais ces promesses n'ont pas été tenues.

Les premiers ouvrages de transfert des eaux du fleuve ont été commencés par l'armée brésilienne, raison pour laquelle Dom Luiz Cappio accuse le gouvernement fédéral et le président de la République de l'avoir trompé et d'avoir trompé "toute la société brésilienne". 

La grève de la faim de Dom Luiz veut attirer l'attention sur cet état de fait. "Je crois que les forces qui ont des intérêts dans ce projet utiliseront tous les moyens pour démoraliser notre lutte et tenteront de tromper l'opinion publique. Mais quand Jésus s'apprêta à donner sa vie, il n'a pas eu peur de la croix. Il a accepté d'être crucifié, puisque c'était le prix à payer", écrit l'évêque dans sa lettre à Lula. (inforrmation : Agence Misna)

Retour aux dépèches