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du 27 au 29 novembre 2007 (semaine 48)
 

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2007-11-29 - A l'audience
UN POÈTE DE L'ÉPOQUE PATRISTIQUE : SAINT ÉPHREM


Durant sa catéchèse, Benoît XVI a parlé d'Ephrem le Syrien, "le plus grand poète de l'époque patristique" ajoutant : "on pense que le christianisme est une religion européenne qui aurait exporté la culture chrétienne. La réalité est beaucoup plus complexe".

"Selon l'opinion répandue aujourd'hui, a-t-il dit dès le début de sa catéchèse, le christianisme serait une religion européenne, qui aurait ensuite exporté la culture de ce continent dans d'autres pays. Mais la réalité est beaucoup plus complexe, car la racine de la religion chrétienne se trouve dans l'ancien Testament et donc à Jérusalem et dans le monde sémitique. Le christianisme se nourrit toujours à cette racine de l'Ancien Testament."

"Durant les premiers siècles, elle s'est répandue en Occident dans le monde gréco-latin, élaborant le christianisme gréco-latin qui forma ensuite la culture européenne. Elle s'est également répandue en Orient, jusqu'à la Perse et l'Inde, constituant une forme de christianisme et une culture différente, diffusés par des langues sémitiques et créant d'autres identités culturelles".

"Pour montrer cette multiplicité culturelle de l'unique foi chrétienne des origines, j'ai parlé dans la catéchèse de mercredi dernier d'un représentant de cet autre christianisme, Aphraate, le Sage persan, presque inconnu chez nous. Dans cette même optique, je voudrais aujourd'hui parler de saint Ephrem le Syrien, né à Nisibe vers 306 dans une famille chrétienne. Il fut le représentant le plus important du christianisme de langue syriaque et réussit à concilier d'une manière unique la vocation du théologien et celle du poète."

"La poésie -a déclaré Benoît XVI- lui permit d'approfondir sa réflexion théologique au travers des paradoxes et des images".Il donna à ses poèmes et hymnes liturgiques "un caractère didactique et catéchistique...destiné à mieux diffuser la doctrine de l'Eglise lors des fêtes liturgiques".

Il a ensuite rappelé la réflexion d'Ephrem sur le Créateur: "Dans la création rien n'est isolé et avec l'Ecriture le monde est une Bible. En usant mal sa liberté, l'homme perturbe l'ordre du cosmos". La présence de Jésus dans le sein de Marie, a ajouté le Pape, "le porta à considérer la grande dignité de la femme...dont il parlait avec sensibilité et respect. Pour Ephrem, il n'y a pas de rédemption sans Jésus et pas d'incarnation sans Marie. La dimension humaine et divine du mystère de la rédemption se trouve déjà dans l'Ecriture".

Je ne peux pas présenter beaucoup de choses de lui maintenant, notamment parce que la poésie est difficilement traduisible, mais pour donner au moins une idée de sa théologie poétique, je voudrais citer en partie deux hymnes. Tout d'abord, également en vue du prochain Avent, je vous propose plusieurs images splendides tirées des hymnes Sur la nativité du Christ. Devant la Vierge, Ephrem manifeste son émerveillement avec un ton inspiré :

« Le Seigneur vint en elle pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle et voici l'Agneau né, qui pleure sans bruit.

Car le sein de Marie a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.

Le Très-Haut vint en Elle mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle, mais revêtue de vêtements humbles.

Celui qui dispense toutes choses connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun connut la soif.

Nu et dépouillé il naquit d'elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses".
(Hymne De Nativitate 11, 6-8)

Et Benoît XVI continue : "Pour exprimer le mystère du Christ, Ephrem utilise une grande diversité de thèmes, d'expressions, d'images. Dans l'un de ses hymnes, il relie de manière efficace Adam (au paradis) au Christ (dans l'Eucharistie) :

"Ce fut en fermant avec l'épée du chérubin,
que fut fermé le chemin de l'arbre de la vie.

Mais pour les peuples, le Seigneur de cet arbre
s'est donné comme nourriture lui-même dans l'oblation (eucharistique).

Les arbres de l'Eden furent donnés comme nourriture au premier Adam.
Pour nous, le jardinier du Jardin en personne s'est fait nourriture pour nos âmes.

En effet, nous étions tous sortis du Paradis
avec Adam, qui le laissa derrière lui.
A présent que l'épée a été ôtée là-bas (sur la croix) par la lance
nous pouvons y retourner".
(Hymne 49, 9-11)

"Les dimensions divines et humaines du mystère de notre rédemption se trouvent déjà dans les textes d'Ephrem. De manière poétique et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le cadre théologique et, d'une certaine manière, le langage même des grandes définitions christologiques des Conciles du Ve siècle."

"
Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de « lyre de l'Esprit Saint », resta diacre de son Eglise, toute sa vie. Ce fut un choix décisif et emblématique : il fut diacre, c'est-à-dire serviteur, que ce soit dans le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l'amour pour le Christ, qu'il chanta de manière inégalable, ou encore, dans la charité envers ses frères, qu'il introduisit avec une rare habileté dans la connaissance de la Révélation divine." (source : VIS)

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