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du 1 au 3 décembre 2007 (semaine 48)
 

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2007-12-03 - Sri Lanka
UNE SITUATION ALARMANTE


Invitée à venir constater la situation au Sri Lanka, la Haut Commissaire aux droits l’homme à l'ONU a rencontré l'évêque de Jaffna qui l’a informée des violations continuelles des droits de l’homme dont est victime la population locale.

Invitée par le président de la République, Louise Arbour, s’est rendue dans le pays du 8 au 13 octobre dernier. Le 12 octobre, elle a pu se rendre à Jaffna, grande ville tamoule du nord du pays contrôlée par les forces armées gouvernementales mais coupée du reste du pays par les zones nord, aux mains des rebelles tamouls. La Haut Commissaire y a longuement rencontré Mgr Thomas Savundaranayagam, évêque catholique de Jaffna, qui l’a informé des violations continuelles des droits de l’homme dont est victime la population locale, ainsi que des conditions de vie souvent périlleuses des 600.000 habitants de la péninsule.

Selon Human Rights Watch, entre janvier 2006 et juin 2007, 11.000 cas d’enlèvements ou de disparitions ont été recensés au Sri Lanka. L’évêque tamoul a confirmé à la commissaire que « la peur, les vols, les enlèvements, le racket, les meurtres et les disparitions » sont le lot quotidien des habitants de Jaffna. Personne ne se risque à interroger les militaires ou à leur demander des comptes, a-t-il souligné.

Quant aux conditions de vie, le couvre-feu nocturne, en place depuis un an et les restrictions imposées aux pêcheurs, sont devenues très dures : pas de travail ni de développement possible, un chômage massif et des pénuries alimentaires devenues chroniques. L’évêque a rappelé qu’un prêtre, le P. Nicholapillai Packiaranjith, avait, en sautant sur une mine dans la région nord, payé de sa vie alors qu’il allait porter secours aux populations victimes du conflit en accompagnant un convoi d’aide humanitaire.

Lors cette visite de Louise Arbour à l’évêché de Jaffna, l’armée avait bouclé l’édifice, empêchant des centaines de parents de personnes tuées ou disparues d’approcher l’émissaire de l’ONU pour lui faire part de leurs malheurs. L'évêque a du intervenir pour que les officiers srilankais responsables de la sécurité de la Haut Commissaire acceptent de laisser entrer une poignée de ces personnes afin qu’elles puissent lui parler directement.

Louise Arbour s’est dite alarmée par la faiblesse de l’Etat de droit, la prévalence de l’impunité et a regretté l’absence d’enquêtes solides et de poursuites judiciaires. Elle a aussi déclaré que la Commission nationale pour les Droits de l’homme gagnerait la confiance de la population si elle menait des audiences ouvertes au public et publiait des rapports dans des délais raisonnables. Enfin, elle a regretté ne pas avoir eu le temps de visiter la région est du pays.

Elle a appelé de ses vœux l’envoi au Sri Lanka d’observateurs de l’ONU – ce à quoi le ministre srilankais des Droits de l’homme et de la Gestion des catastrophes, Mahinda Samarasinghe, a répondu : « Nous ne souhaitons en aucune façon discuter d’une éventuelle présence de l’ONU à des fins d’observation dans le pays. »

Des manifestations pour la paix sont organisées régulièrement, dans ce pays où le conflit a fait plus de 67 000 morts, depuis près d’un quart de siècle. Le 7 octobre, sous une pluie battante, 12.000 catholiques ont parcouru les rues de Colombo sur une distance de 4 km, à l’occasion de la fête de Notre Dame du Rosaire ; Tamouls et Cinghalais côte à côte, jeunes et moins jeunes ont récité le rosaire et écoutant l’archevêque de Colombo, Mgr Oswald Gomis, s’interroger : « Combien de temps ce carnage va-t-il encore durer ? Nous voulons que cette guerre civile cesse. » (source : Eglises d'Asie-EDA)

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