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FlashPress - Infocatho
du 4 au 6 décembre 2007 (semaine 49)
 

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2007-12-06 -
LE NOUVEAU STYLE DE L'OSSERVATORE ROMANO


Depuis un mois, “L’Osservatore Romano“ a un nouveau directeur, le professeur Giovanni Maria Vian, spécialiste de la littérature chrétienne ancienne et de l’histoire de l’Eglise. Depuis un mois également, il montre que son éditeur tient beaucoup à sa relance.

L'Osservatore romano n'est pas un quotidien ordinaire car son premier "éditeur", c’est le pape. Et le jeudi 8 novembre, Benoît XVI l'a montré en invitant à déjeuner – un geste rare de sa part – le professeur Vian et son adjoint, Carlo Di Cicco, lui aussi nommé depuis peu. Autre signe de confiance selon ce qu'en disent les vaticanistes, il a bu avec eux un doigt de porto pour le dessert.

Après le premier "actionnaire", qu'est le Pape, il y a le président-directeur général, le cardinal Bertone, le Secrétaire d’État qui leur a donné la consigne d’imprimer un tournant net à “L’Osservatore“. De fait, depuis le dimanche 28 octobre, “L’Osservatore Romano“ a fait peau neuve.

Moins de pages et plus de texte. “L’Osservatore“ faisait 12 à 16 pages. Il y en a désormais 8. Dans le même temps, la quantité de texte a augmenté de 10%. La maquette est désormais sobre et élégante. Elle le sera plus encore avec la nouvelle charte graphique actuellement à l’étude. Les titres en gros caractères et les photos pleine page de ces dernières années ont disparu.

L’édition est plus ordonnée. La une et la dernière page pour les textes du Pape et pour les grands événements, avec un commentaire en note et les communiqués officiels. Les pages 2 et 3 pour la politique internationale, Italie comprise. Les pages 4 et 5 pour la culture. Les pages 6 et 7 pour l’actualité de l’Eglise catholique dans le monde, celle des autres confessions chrétiennes et celle des autres religions.

On trouve de nouvelles signatures, certaines anciennes ont disparu. Parmi les commentateurs extérieurs, qui ne sont pas tous catholiques on remarque Anna Foa, par exemple, qui enseigne l’histoire à l’université “La Sapienza“ à Rome, et qui est juive. Elle est intervenue sur un sujet brûlant, à savoir les raisons qui ont poussé des centaines de milliers d’Arabes à abandonner les terres occupées par Israël en 1948 lors de la première guerre israélo-arabe.

Autre nouveauté, les commentaires "en une" confiés autrefois à des personnlités ecclésiastiques, le sont confiés à des laïcs et à des femmes comme Eugenia Roccella, féministe et non catholique, où Lucetta Scaraffia, historienne, qui d'ailleurs a eu la main heureuse en consacrant un article aux thèses d’un professeur de droit international à Harvard, Mary Ann Glendon : quelques jours plus tard celle-ci était nommée ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège.

Le recours fréquent à l’interview est une autre nouveauté introduite par Vian. Celle dans laquelle le métropolite Kirill, numéro deux de l’Eglise orthodoxe russe, a fait preuve d’une bienveillance inhabituelle à l’égard de l’Eglise de Rome, a marqué les esprits. Tout comme le commentaire "en une" du pasteur protestant Jean-Arnold de Clermont, président de la Conférence des Eglises Européennes, publié la veille du consistoire où les cardinaux devaient justement parler d’œcuménisme.

Dans la pratique, cependant, la Secrétairerie d’État a son mot à dire sur les articles qui abordent des sujets sensibles: le Moyen-Orient, le nucléaire, la Chine, l’islam. Il arrive que des textes soient bloqués ou réécrits. Ce travail à plusieurs mains a par exemple influencé la manière dont “L’Osservatore“ a parlé de la visite au Vatican du roi Abdallah d’Arabie Saoudite. A côté de la photo du roi et du pape, sous le titre “Sous le signe du dialogue et de la collaboration“, l’article de tête de la une concernait la demande du représentant du Vatican à l’ONU “d’une nouvelle résolution sur la liberté de religion“.

L'Italie et la ville de Rome ont cessé d'avoir une grande place rédactionnelle. En un mois, ils n’ont occupé qu’une seule fois la une du nouvel “Osservatore Romano”et ils n’ont pas fait beaucoup mieux dans les pages intérieures, consacrées à l’actualité internationale. Une vingtaine d’articles en tout et pour tout, beaucoup moins que la Birmanie, l’Iran ou la Somalie.

Dernier point, l’idée de reporter le bouclage du journal au soir, comme c’est le cas de presque tous les quotidiens. Elle se heurte au fait que les principales activités du Pape se déroulent le matin. Dès lors, la sortie de “L’Osservatore“ dans l’après-midi s’avère la plus opportune.

Mais le vrai tournant aura lieu sur internet, dont “L’Osservatore Romano“ est pratiquement absent. Lorsque, dans quelques mois, tout son contenu sera immédiatement disponible en ligne et en plusieurs langues, ce journal très spécial fera le saut de sa vie, de Rome vers le monde entier.
(L'intégrale de ce commentaire de Sandro Magister se trouve dans "Chiesa")

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