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du 7 au 10 décembre 2007 (semaine 49)
 

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2007-12-10 -
COMMENT LE CHRISTIANISME EST PERÇU AU JAPON


"La propagation de la foi est une chose difficile. On peut penser que des éléments culturels rentrent en ligne de compte, mais aussi le fait que les enfants se font rares dans les familles japonaises", déclare Mgr Leo Ikenaga Jun, archevêque d'Osaka.

Dans un entretien avec l'agence Ucanews, il trace le tableau de l'Église au Japon. "
Le nombre des catholiques au Japon est très, très faible. Si l’on prend le cas de mon diocèse, l’archidiocèse d’Osaka, il n’y a que 45 000 fidèles et les catholiques d’Osaka représentent un dixième de tous les catholiques du Japon. Seulement 0,35 % des 127 millions de Japonais sont catholiques, ce qui représente un nombre de 444 500 fidèles. 

"Actuellement tous les catholiques ne sont pas japonais.
Il y a environ trente ans, des étrangers ont commencé à s’installer au Japon et on trouve de nombreux catholiques parmi eux. Mais bon nombre d’entre eux n’ont pas de titre de séjour. Ils sont toujours là, travaillent sans papiers et ne sont donc pas recensés. C’est à leur présence que l’Eglise doit d’avoir vu le nombre de ses fidèles doubler, même si le chiffre de 444 500 catholiques inclut une petite part d’étrangers qui fréquentent une paroisse régulièrement et sont enregistrés auprès d’une paroisse. 

"La propagation de la foi est une chose difficile. On peut penser que des éléments culturels rentrent en ligne de compte. Les 180 évêques asiatiques réunis pour le synode pour l'Asie ont tous estimé, à l’exception des Philippins, que la propagation de la foi était quelque chose de difficile en Asie.

"Prenez le cas de l’Inde. Saint Thomas y est venu il y a 2 000 ans et il y a des signes à voir. Mais, en Inde, à ce jour, la communauté catholique reste d’une taille très modeste. Chaque pays est difficile. A propos des mentalités d’Asie ou orientales, les psychologues s’accordent à dire que les Asiatiques ont une manière de penser que l’on peut qualifier de maternelle, là où les Européens et les Américains ont une tournure d’esprit paternelle.

Analysant cette mentalité, Mgr Leo Ikenaga Jun, précise :"La plupart des missionnaires ont souligné l’immensité de l’image de Dieu, le séparant presque à l’infini des êtres humains, insistant sur le fait que nous, les humains, sommes tout, tout petits. Mais Dieu est si grand. Si nous péchons contre la volonté de Dieu, Il nous condamnera avec force. Les missionnaires, qui, de manière générale, ont mené à bien un travail considérable, ont apporté avec eux cette façon de penser au Japon.

"Aujourd’hui, cependant, des Japonais disent : « Nous ne pouvons pas accepter ce type d’image de Dieu. Pour un esprit oriental, Dieu est au contraire très, très proche de nous. Plus encore, Dieu vit en nous. Et le propre de Dieu est aussi d’être plein d’amour pour chacun. Il est très gentil. Si nous disons avec sincérité à Dieu le péché qui est en nous, Dieu nous acceptera. » Ce type d’image, celle d’un Dieu gentil, parle plus à un Japonais, et, plus largement, aux peuples orientaux."

"Il
est temps que les évêques en Asie mettent sur pied, au sein de chacune des Conférences épiscopales, un programme systématique pour identifier et réunir les candidats à la mission, pour s’engager à être missionnaire pour l’Asie. Car les missionnaires venus d’autres pays asiatiques sont peut-être plus proches de notre culture, de nos traits de caractère. Nous sommes probablement plus proches les uns des autres que nous ne le sommes avec les missionnaires européens.

"S’agissant des baptêmes, la situation est similaire au Japon, à Hongkong et à Taiwan. Très peu de gens demandent le baptême.  Le christianisme est essentiellement perçu comme étant une religion étrangère. Vous connaissez sans doute le romancier catholique japonais Endo Shusaku. C’est une personnalité qui, assurément, a contribué à l’inculturation de la foi catholique au Japon. En musique, le compositeur Takata Saburo a lui aussi fait œuvre en matière d’inculturation. Par eux, par d’autres encore, nous, les catholiques, parlons un petit mieux à l’esprit japonais." (source : EDA)

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