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du 28 au 31 décembre 2007 (semaine 52)
 

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2007-12-31 -
ILS S'INQUIÈTENT DE LA LAÏCITÉ A LA FRANÇAISE

A l'occasion de sa venue à Rome, le président Nicolas Sarkozy a parlé de "laïcité positive" pour illustrer "la contribution de l'Eglise catholique comme des autres courants religieux et spirituels pour éclairer nos choix et construire notre avenir".

Cette déclaration et en particulier son intervention à la basilique Saint-Jean-de-Latran lors de son installation comme "chanoine honoraire, a suscité des remous divers autour de l'expression d'une "laïcité positive".

Pour le cardinal Bertone, Secrétaire d'État du Saint-Siège, "la conception d'une laïcité opposée à religiosité" est “anti-historique“. Il a cité alors l'expression du "président de la ‘très laïque’ France, disant que l’Eglise catholique est une ressource et non un obstacle ou un danger pour le développement du pays“. "Et cela ne contraste pas avec les idéaux républicains“, a-t-il ajouté. “Ne serait-il pas possible que les laïcs italiens pensent de cette manière ?"

Le 27 décembre, l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, parlait d'une "laïcité partagée", estimant que la loi de 1905, qui régit les relations entre l'Etat et les cultes, doit être "complétée" sans que ses fondements soient remis en cause. "Il faudra sans doute compléter" la loi de 1905 "notamment en matière de santé publique, mais je ne pense pas utile de remettre en cause ses fondements. La société française ne peut accepter qu'une religion tente de lui imposer un projet politique", a-t-il dit.

"Aujourd'hui, nous avons besoin de la laïcité partagée pour régler les relations entre religions et politique, mais aussi pour servir de grammaire entre les différentes religions, pour leur permettre de se parler dans l'espace public", a estimé M. Raffarin.

Par ailleurs, souligne M. Raffarin, "défendre la spécificité française en reprochant à Nicolas Sarkozy ses références aux racines chrétiennes de la France, comme le fait François Bayrou, c'est nier la réalité".

Le 26 décembre, en effet le président centriste du Mo-Dem avait estimé que le concept de "laïcité positive" avancé par Nicolas Sarkozy remettait en cause la conception de "la laïcité républicaine" et favorisait un retour à la religion "opium du peuple" dénoncée par Karl Marx.

"Quand on a besoin d'un adjectif, commente François Bayrou, c'est qu'on veut changer le sens du mot. Il y a dans le discours prononcé à Saint-Jean-de-Latran quelque chose de profond, passé à peu près inaperçu, une remise en cause de la conception de la laïcité républicaine autour de laquelle, depuis la Libération, la France s'est construite", estime le président du Mo-Dem.

"C'est le retour, qu'on croyait impossible en France, du mélange des genres entre l'Etat et la religion. Ce mélange des genres n'a jamais produit de bons fruits, je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme chrétien de conviction", poursuit M. Bayrou.

Il estime que c
ette conception sociologique de la religion, fournissant "l'espérance" qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, est un "leitmotiv chez Nicolas Sarkozy, notamment quand il a parlé des bienfaits de la présence de l'islam pour pacifier les banlieues".

"L'aspiration spirituelle est un mouvement précieux de l'être humain. Sur ce point, je suis d'accord avec Nicolas Sarkozy. La société doit la respecter. Mais lorsqu'on suggère que la morale républicaine doit se fonder dans les religions, on change d'approche", dit-il.

Le Grand Orient de France a également fait part le 26 décembre de son "inquiétude". Le président a "réaffirmé sa vision particulière du fait religieux". Dans leur communiqué, les francs-maçons expriment leur "inquiétude face à toute volonté de présenter le fait religieux comme constitutif de l'identité politique et citoyenne, ce qui pourrait entraîner une sérieuse inflexion du modèle républicain français".

"Si l'Histoire a fait de la France la fille aînée de l'Eglise, en revanche la république a su opérer une émancipation salvatrice vis-à-vis du religieux en forgeant souvent avec difficulté le concept de laïcité", affirme la principale association des francs-maçons. (source : Figaro et presse)

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