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du 1 au 3 janvier 2006 (semaine 01)
 

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2006-01-03 - Niger
UNE ÉGLISE OU TOUT EST A INVENTER.

L’Église du Niger est une Église très jeune, qui n’a pas de longue tradition. Tout est à inventer et à créer dans un pays très majoritairement musulman et un jeune évêque, Mgr Ouédraogo, témoigne de sa confiance :"Tout est grâce".

Le Niger, immense pays de 1 267 000 km2 en Afrique de l’Ouest, compte près de 12 millions d’habitants, dont la très grande majorité est musulmane. Seuls 20 000 à 25 000 sont catholiques. Aujourd’hui le pays est partagé en deux diocèses : Niamey avec Mgr Michel Cartatéguy et Maradi avec Mgr Ambroise Ouédraogo. L’Église du Niger fête cette année ses soixante-quinze ans.

"En 2001, dit Mgr Ouédraogo,
je suis devenu le premier évêque du nouveau diocèse de Maradi. Les fidèles chrétiens du Niger, environ 20 à 25.000, souvent isolés, répartis sur d’immenses espaces, 1 million de km2, ont aussi besoin d’être soutenus dans leur foi et de rencontrer leur évêque. Or, les distances sont telles qu’il est impossible, pour un seul évêque, de visiter régulièrement les familles et les communautés. Maradi est à plus de 600 km de Niamey, et Nguigmi, où demeurent les Petites Sœurs de Jésus, à près de 1 500 km. Pour aller à Agadez ou à Arlit, au nord, c’est toute une expédition.

..."J’ai d’abord été envahi par la peur. Est-ce que je serais à la hauteur de la tâche ? Il n’est pas facile d’être pionnier. Or, tout était à mettre en place. Il fallait bâtir, organiser, accompagner, animer, être présent aux communautés. Puis je me suis dit : « En qui mets-tu ta confiance ? Dans ton travail, ou dans l’action de Dieu ? Si tu acceptes d’être l’instrument de Dieu, alors vas-y ! » Dès lors, la confiance est revenue. Et ma devise épiscopale, « Tout est grâce », s’est imposée quasi naturellement.

..."Les musulmans constituent 98 % de la population. Dans l’ensemble, les relations sont bonnes. Et nous faisons tout pour qu’il en soit ainsi. Chaque fois que je me déplace, je vais saluer les autorités civiles et religieuses. Chrétiens et musulmans vivent dans les mêmes quartiers, partagent les mêmes joies et les mêmes peines. Parfois, nous, catholiques, pourrions être tentés de nous renfermer sur nous-mêmes, de nous replier dans des ghettos. Ce serait dramatique et même catastrophique. La collaboration va de soi. Nous n’avons pas pour objectif de nous convertir les uns les autres. Nous essayons seulement de témoigner de notre foi.

..."Ce qui me frappe surtout, c'est la fragilité des communautés chrétiennes, enfouies au milieu de l’islam. Au départ, on est désorienté, on peut avoir le sentiment qu’il n’y a rien à faire. C’est pourquoi il ne faut pas se contenter de faire une pastorale classique, mais au contraire élargir les horizons, aller à la rencontre des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants. Lorsqu’un chrétien ne cache pas son identité, qu’il célèbre sa foi et s’engage au service des autres, il est reconnu et respecté par les musulmans.

... "Il y a quelques mois, en octobre, nous avons défini notre plan pastoral pour les cinq ans à venir. En nous appuyant sur trois axes : croire, célébrer et agir. Il nous faut aider les chrétiens à enraciner leur vie dans le Christ et à rendre compte de ce à quoi ils croient, dans un contexte qui a une tout autre compréhension de Dieu. Par ailleurs, les musulmans, dont la vie est rythmée par les appels des muezzins, trouvent que nous ne prions pas beaucoup, c’est pourquoi nous devons tout particulièrement soigner nos célébrations.

..."L’Église était déjà bien engagée dans des actions de développement, à l’intention de tout le peuple nigérien, sans discrimination. À la suite de la sécheresse et de la famine de l’an dernier, nous avons multiplié les initiatives de solidarité. En distribuant des vivres, en permettant aux populations de s’organiser pour constituer des stocks ou renouveler leur cheptel. D’ailleurs, tout le pays nous en est reconnaissant."

En vous donnant ce témoignage, recueilli par le quotidien français La Croix nous évoquons aussi la situation de nombreux Églises en Afrique. Pour les aider une quête leur est consacrée
ce dimanche, fête de l’Épiphanie, comme chaque année. Organisée par l’Aide aux Églises d’Afrique, cette collecte a été instituée par le pape Léon XIII en 1890. Cet argent est distribué à 200 diocèses de 26 pays africains, dont l’Afrique du Nord, Madagascar et les îles de l’océan Indien. En 2005, une partie de ces subsides a été versée aux diocèses, et une autre a servi à financer directement une centaine de petits projets pastoraux – diocésains ou paroissiaux, approuvés par l’évêque – qui prennent des formes variables : session de formation de catéchistes au Congo-Brazzaville, achat de matériel pour traduire la Bible en langue boré au Mali. (source et information : Aide aux Églises d'Afrique )

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