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2006-01-10 -
LES DÉRIVES SPIRITUELLES DE CERTAINES ÉGLISES EN AFRIQUE.

Au seuil de la Semaine de prière pour l’Unité, Kä Mana, philosophe et théologien congolais, a voulu analyser la situation des « Églises indépendantes » en Afrique, dans une étude publiée par « le Potentiel » de Kinshasa.

"Quand on considère attentivement l'évolution des Eglises Africaines indépendantes, écrit-il, celles qui sont nées de la prédication des grands prophètes noirs du début du XXe siècle, on peut distinguer clairement quatre pathologies spirituelles dont les traits s'affirment de plus en plus avec netteté dans les pratiques sociales et les systèmes dogmatiques des communautés."

La première pathologie est celle d'un déplacement de centre de gravité spirituelle dans certaines de ces Eglises: le passage de la centralité du Christ à la centralité du prophète-fondateur.

La deuxième pathologie consiste à mettre en veilleuse les préoccupations spirituelles et spécifiquement religieuses, au profit d'une visibilité sociale dominée par un enrichissement ostentatoire des chefs et de leur entourage.

La troisième pathologie est celle de la fétichisation de la foi et de la charlatanisation de l'invisible, qui ouvre la voie à l'intégration d'un certain spiritisme tropical au sein des pratiques traditionnelles de la foi chrétienne.

La quatrième pathologie concerne l'exacerbation des sentiments d'appartenance tribale au sein des Eglises, avec pour conséquence des batailles pour le contrôle du leadership ainsi que les luttes implacables qui conduisent à des divisions irrémédiables.

Pour présenter ces affirmation, Kä Mana, analyse ces pathologies en les liant aux Églises dans lesquelles elles sont les plus visibles dans les mentalités et dans le fonctionnement des institutions.

1. Le décentrement du Christ : une dérive de l'Église Kimbanguiste en République démocratique du Congo. Le Christ au centre en raison même d'une idolâtrisation manifeste du prophète Simon Kimbangu.

2. La tentation de l'Église Aladura qui est le triomphe du dieu de l'opulence. Aladura International Church est une grande Église indépendante du Nigeria, fondée en 1930, mais où les finances deviennent la centralité des recherches "missionnaires".

3. La vaudouisation de la foi et une inexorable "charlatanisation" des pratiques religieuses, par exmple au Bénin, par l'Eglise du Christanisme Céleste qui, dans son souci d'africaniser la foi, n'a pas su jusqu'où elle pouvait aller et qui a brisé l’équilibre entre la compréhension raisonnable de la parole de Dieu et une attention exagéréeaux besoins typiquement locaux de mysticisme spiritiste.

4. Tribalisme et volonté de puissance : un cancer dans l'Église Harriste qui est i ssue de la prédication du prophète libérien William Harris. L'Eglise Harriste de Côte d'Ivoire a servi longtemps d'image d'une Église africaine indépendante modèle. Tout cet héritage est aujourd'hui hypothéqué par des petits intérêts de pouvoir humain et de recherche financière.

Cette analyse de Kä Mana ne se veut pas pessimiste mais créatrice d’un dynamisme. "Le devoir d'oecuménisme, de dialogue et de coopération, dit-il, nous pousse, nous tous et toutes qui croyons en l'énergie de la foi en Dieu, à travailler ensemble pour vaincre la pesanteur actuelle des Églises indépendantes, afin que l'ivraie de leurs maladies spirituelles n'étouffe pas la créativité de leur pouvoir d'espérance".

Et il propose plusieurs cheminements possibles. 
- Constituer des forces interreligieuses d'action où les questions de la transformation de toutes nos Églises en forces de transformation sociale soient constamment abordées ;
- Renforcer les capacités de formation théologique des Églises africaines indépendantes.
- Briser la marginalisation des communautés de terroir en leur ouvrant les portes de grandes organisations oecuméniques dans le monde ;
- Mettre sur pied des projets communs de pastorale et d'évangélisation capables d'unir dans une même volonté de fécondité les membres des églises du terroir et les membres de autres Églises. (source : Allafrica)

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