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2006-01-24 -
LA PRÉSENCE DE L'ÉGLISE EN ASIE CENTRALE.
A Boukhara, les catholiques n'ont pas pu célébrer Noël ensemble par manque de place dans leur minuscule chapelle de fortune. A Douchanbé, au Tadjikistan, ils ont joué un "mystère de Noël", pour une population qui l'ignore totalement.
A Boukhara, haut-lieu musulman où se trouve le mausolée d'Ismaïl al-Boukhari, qui releva des milliers de haddits du Prophète, les catholiques de langue polonaise et ceux de langue russe ont participé à des messes séparées, pour la veillée de Noël comme pour la messe du jour, non pour des questions de langues mais par manque de place. Les catholiques de langue polonaise sont une trentaine et ceux de langue russe une quinzaine, or la chapelle ne peut contenir que vingt personnes.
Une nouvelle chapelle plus grande est en construction au même endroit et devrait être achevée cette année. Depuis 2005, à Boukhara, quelle que soit leur langue, les catholiques prient ensemble à la messe des dimanches ordinaires célébrée en russe, même si un certain nombre de fidèles sont obligés de rester debout à l'extérieur. Cette nouvelle construction est prévue pour 150 personnes, avec un presbytère, une bibliothèque, un local pour Caritas Ouzbekistan , un autre pour le service d'entraide de la paroisse et enfin un lieu de rencontre pour le dialogue interreligieux y seront accolés. 88 % des 26 millions d'Ouzbeks sont musulmans.
Le P. Kordas et les neuf autres prêtres, tous membres d'une congrégation polonaise originaire de Cracovie, accompagnés de deux frères profès, travaillent en Ouzbékistan et pensent à célébrer la liturgie non seulement en russe ou en polonais mais aussi en anglais, car de nombreux touristes occidentaux viennent visiter Boukhara, centre historique important le long de la route de la soie, et sont susceptible de venir assister aux offices. Pour Noël, la messe a été célébrée en polonais à la demande d'ouvriers polonais venus à Boukhara pour restaurer un des hôtels de la ville.
Les prêtres de Boukhara
travaillent pour que la paroisse devienne un centre privilégié du dialogue avec l'islam. Ils encouragent les fidèles à étudier les croyances et les pratiques des musulmans qu'ils côtoient chaque jour. En mars prochain, il louera un minibus pour les emmener visiter les hauts lieux de l'islam autour de Boukhara et leur expliquer les traditions musulmanes liées aux pèlerinages et aux lieux saints.
Tout autre fut le Noël à Douchanbé. Le jour de Noël, après la messe, sur une estrade ornée de décors en carton, la paroisse St Joseph a proposé, en effet, un Mystère de Noël qui ne présentait pas seulement la naissance de Jésus mais rappelait les passages essentiels de l'Ancien testament annonçant la venue du Messie. Le Mystère montrait la naissance de Jésus comme partie intégrante d'un mouvement qui, parti d'Adam et d'Eve et du péché originel, aboutit à la rédemption de l'humanité toute entière.
Soulignant que beaucoup de gens ne viennent à l'église que pour Noël et quelques autres grandes fêtes, Soeur Pocs estime que le Mystère a touché le coeur des gens et les a aidés à mieux comprendre ce que signifie Noël.
Mystère a aidé les spectateurs a réaliser que « Noël n'était pas seulement le temps de faire des achats et des cadeaux aux enfants, mais l'anniversaire du plus grand événement de l'histoire de l'humanité ». Le gouvernement actuel a conservé l'usage en vigueur au temps de l'Union soviétique qui voulait que ce ne soit pas Noël qui soit fêté mais le Nouvel An. Ainsi, le 1er janvier, les rues de Douchanbe sont pavoisées aux couleurs de Noël, les Père Noël et les sapins décorés sont nombreux. Pour certains habitants du pays, notamment les populations ethniques tadjikes, la distinction entre Noël et le Jour de l'An est faible et les fêtes de fin d'année sont assimilées à une festivité « russe ».
Pour l'heure, cinq prêtres de la Société du Verbe Incarné travaillent au Tadjikistan au service de 250 catholiques répartis en trois paroisses. Trois religieuses, Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara, travaillent auprès des jeunes. De plus, quatre religieuses Missionnaires de la Charité ouvrent auprès des plus défavorisés de la capitale.
Le Tadjikistan compte 6,5 millions d'habitants, dont 96 % sont musulmans. Quant aux chrétiens orthodoxes, ils représentent 3 % de la population. (source : Eglises d'Asie-EDA)
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