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2006-01-24 - Philippines
CONTRE LA CULTURE DE LA MORT.
Le récent assassinat d'un magistrat amène des évêques catholiques à s'élever, une nouvelle fois, contre « la culture de mort » qui prévaut, selon eux, dans le pays.
Selon des évêques philippins, le récent assassinat d'un magistrat ne doit pas rester sans conséquence. Il est le signe, affirment-ils, de l'extrême gravité des problèmes auxquels doit faire face la nation. « C'est le signe d'une culture en crise qui a perdu le respect d'autrui, non seulement aux Philippines mais partout dans le monde a déclaré le 3 janvier dernier Mgr Luis Antonio Tagle, évêque d'Imus. Trois jours plus tôt, le juge Henrick Gingoyon avait été abattu, à Bacoor, une ville à 25 km. au sud-ouest de Manille. L'évêque voit "dans ce crime le signe d'un malaise profond qui touche l'ensemble de la population".
Ce même 3 janvier, Mgr Deogracias Iniguez, évêque de Kalookan, déclarait, pour sa part, que les équipes d'enquêteurs devraient constituer un dossier sur les assassinats d'hommes de loi, de journalistes et de militants de la société civile, afin de "les étudier de près pour voir s'ils n'obéissent pas à un certain modèle pré-établi".
Ces deux dernières années, au moins vingt-deux journalistes ont été assassinés. En outre, en 2005, plus de six pasteurs protestants ou responsables religieux ont été victimes d'embuscades ou assassinés. Henrick Gingoyon était membre de l'Eglise Unie du Christ et il laisse le souvenir d'un homme « humble qui était « comme un berger » pour les employés du tribunal où il siégeait.
"Il semble que, dans leur majorité, les assassinats que la presse rapporte dans ses colonnes ou les violations des droits de l'homme qui sont commises dans ce pays ne débouchent jamais ou presque sur des enquêtes sérieuses, encore moins sur des arrestations, a observé Mgr Iniguez, président du Comité épiscopal pour les affaires publiques. Pour l'évêque, si rien n'est fait, l'assassinat de Henrick Gingoyon peut n'être que le prélude à de nouvelles attaques contre les défenseurs du droit. Selon lui, la société civile, les ONG et les responsables religieux doivent "faire pression sur les autorités publiques" afin que ces assassinats soient élucidés.
Pour Mgr Luis Antonio Tagle, le respect de la vie humaine ne prévaudra toutefois aux Philippines que si les chrétiens en parlent autour d'eux et agissent. Les Philippins, a-t-il expliqué, ne peuvent se contenter de s'en remettre à leurs évêques et à leurs responsables religieux. "Que font les gens pour nourrir la culture de la vie et de la paix dans les familles ? a-t-il demandé, ajoutant être choqué par le fait que seuls les assassinats de personnalités provoquent des réactions dans la population.
"Je me sens tout autant concerné par les meurtres quotidiens, dont personne ne parle parce qu'il s'agit de pauvres, d'inconnus, de personnes qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment, victimes d'un système où l'autre n'inspire finalement que très peu de respect", a-t-il expliqué.
Pour
les médias philippins, l'assassinat du juge Henrick Gingoyon pourrait être lié au fait que le magistrat avait rendu un jugement défavorable au gouvernement. En janvier 2005, Henrick Gingoyon avait en effet ordonné à l'Etat de verser 62,34 millions de dollars à la Philippine International Air Terminals Company en compensation des surcoûts liés à la construction d'une nouvelle aérogare à l'aéroport international de Manille. De même sept avocats ont été assassinés dans le pays en 2005. L'année précédente, trois juges et quatre avocats avaient trouvé la mort, tués par balles. (source : Eglises d'Asie-EDA)
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