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2006-01-27 -
CE QU'ILS NOTENT DANS L'ENCYCLIQUE ...

La première encyclique de Benoît XVI a été largement commentée dès sa parution. Nous ne pouvons relayer que quelques points de vue, ceux d'un historien, de deux responsables d’organismes socio-caritatifs et de quatre évêques.

"On ne peut pas ignorer la dimension spirituelle de la vie chrétienne, déclare l’historien Jean-Marie Mayeur, professeur à l’Université de Paris IV. " Dans cette encyclique, je suis frappé par le style de Benoît XVI: Jean Paul II se présentait en défenseur d'une certaine orthodoxie sur les questions éthico-sociales. Là, il y a une approche plus intime de relations entre Eglise, monde, politique....L'encyclique "Deus caritas est" du pape Benoît XVI se situe "dans la continuité de la doctrine sociale de l'Eglise".

... "Ce qui me frappe, c'est cette approche de grand théologien. Elle s'exprime par ses appels à la raison, une raison éclairée par la foi. L'Eglise catholique a beaucoup parlé du "droit naturel", le pape le fait. Elle a moins parlé de la "raison". En cela, Benoît XVI fait preuve à la fois d'un approfondissement théologique et d'un style propres,"

Pour Jean Marie Fardeau, du CCFD, la première encyclique du pape Benoît XVI "redonne un sens très fort au mot charité, qui était un peu tombé en désuétude" et le directeur général du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) s'en félicite. "Dieu est amour fournit un fondement toujours nécessaire et attendu dans nos associations catholiques où les gens réfléchissent régulièrement à la manière dont leur action s'ancre dans leur foi".

..."Cela renforce et confirme notre mission"... Ce document "redonne un sens très fort au mot charité, qui était un peu tombé en désuétude. Il dit que l'amour sera capable de changer le monde. C'est un défi pour l'avenir", a-t-il ajouté, se disant "très à l'aise avec cette vision d'action chrétienne dans le monde: une présence, un témoignage sans être forcément dans la démarche de conversion".

Denis Viénot, président de Caritas Internationalis, salue dans l'encyclique de Benoît XVI "un appel très fort lancé aux laïcs catholiques à s'engager dans la société". "De sa part, on pouvait en effet s'attendre à ce qu'il aborde d'abord les thèmes de l'oecuménisme ou du dialogue inter-religieux, et on va continuer à l'attendre sur l'oecuménisme. Mais cette encyclique constitue un extraordinaire appel à s'engager dans la société".

..."Je relève surtout son insistance sur l'organisation de la charité à tous les niveaux de l'Eglise et à travers ses organisations caritatives. Son rappel de la distinction entre Eglise et politique est classique, mais il souligne que l'Eglise doit inspirer le combat pour la justice… Dans l'Eglise catholique variée d'aujourd'hui, sa phrase concernant le rejet du prosélytisme et le respect de l'autre (il parle même du "témoignage par le silence") est bien venue. C'est aussi une allusion à certaines sectes et organisations prosélytes protestantes. Mais le pape dit aussi sa "joie" de voir progresser la collaboration entre Eglises chrétiennes sur le terrain caritatif." ..." Je suis également frappé par le style de Benoît XVI: Jean Paul II se présentait en défenseur d'une certaine orthodoxie sur les questions éthico-sociales. Là, il y a une approche plus intime de relations entre Eglise, monde, et politique".

Pour le cardinal George, archevêque Chicago, " il est certain que saint Augustin a une influence majeure sur la pensée du pape. Dans ce cas, je pense aussi à saint Thomas d'Aquin, avec sa longue critique de l'amitié et de l'amour dans sa Somme théologique." (Somme théologique : question 141)

..."Derrière tout cela, il y a bien sûr les Ecritures, et particulièrement l'Evangile de saint Jean et le discours de Jésus lors de son dernier repas avec ses amis. Il s'agit de l'enseignement de l'amour dans le Nouveau Testament."

Lors de la conférence de presse de présentation, le cardinal Martino président du Conseil pontifical « Justice et Paix »,avait traité de la partie dans laquelle le Pape évoque le lien entre la justice et la charité, rappelant que la construction d'un ordre social et politique juste est une préoccupation majeure de l'Eglise, même si le Saint-Père rappelle que "l'Eglise a le devoir d'offrir sa propre contribution, par une purification de la raison et une formation éthique, afin que les exigences de la justice soient perceptibles et réalisables politiquement".

Pour Mgr Levada, président de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'encyclique est "un texte capital traitant du cœur de la foi chrétienne, c'est-à-dire de l'image chrétienne de Dieu et de l'homme qui en découle"... "Pour comprendre la nouveauté de l'amour chrétien, le Pape cherche avant tout à poser la différence et l'unité entre les deux concepts d'amour que l'on rencontre déjà chez les philosophes grecs de l'antiquité"... "L'Eros et l'Agapé ne s'opposent pas mais s'harmonisent l'un l'autre pour exprimer la réalité de l'amour humain, d'un amour correspondant à la totalité de l'être humain, le corps et l'âme. L'Agapé interdit à l'Eros de s'abandonner à l'instinct tandis que l'Eros offre à l'Agapé la relation vitale de l'existence".

Quant à Mgr. Paul Josef Cordes, président du Conseil pontifical Cor Unum, "Benoît XVI a voulu illuminer l'engagement caritatif par un fondement théologique... Il est convaincu que la foi a des répercussions sur la personne même qui agit et donc par conséquent sur les modalités et l'intensité de son aide"....

"Par chance, dans nos sociétés, ajoute Mgr Cordes, la mentalité philanthropique est fréquente...mais cela peut aussi faire naître le doute chez les fidèles que la charité ne fait pas partie essentielle de la mission ecclésiale. Sans une solide base théologique, les grandes agences ecclésiales pourrait...se dissocier de l'Eglise" et "préférer s'identifier à un organisme non gouvernemental (ONG). De telle sorte, leur "philosophie" et leurs projets ne se différencieraient pas de ceux de la Croix Rouge ou des agences de l'ONU." (source : pressse et Service de presse du Vatican-VIS)

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