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2006-01-24 - Russie
L'ORTHODOXIE ET LES MUSULMANS TATARS.

Une conférence de Tatars orthodoxes s’est déroulée le 2 janvier à la résidence du monastère d’Optino à Moscou, qui a mis en relief la difficulté d’une telle conversion en milieu musulman.

Cette rencontre a rassemblé une quarantaine de participants. Comme l’a expliqué l’aumônier de la communauté orthodoxe tatare, le père Daniel Sysoev, ces derniers temps de nombreux Tatars viennent à l’orthodoxie, ce qui entraîne parfois pour eux des conséquences dramatiques. Leurs congénères les renient, estimant que le passage à l’orthodoxie est une russification et une trahison des traditions tatares.

Cela fait trois ans que la communauté orthodoxe tatare s’est constituée à Moscou. L’un des buts qu'elle se propose est la prise en charge pastorale des nouveaux convertis, pour les accompagner dans leurs premiers pas dans la vie orthodoxe et leur expliquer que la conversion à l’orthodoxie est une question de quête de la vérité et non d’adoption d’une nouvelle tradition culturelle.

Le père Daniel a proposé de créer des groupes de soutien, qui prendraient soin des néophytes dans leur vie spirituelle et sociale, leur apporterait une aide, comme celle élémentaire qui consiste à venir au secours d’un malade isolé. Le père Daniel lui-même assure chaque mercredi des cours de catéchèse pour les nouveaux convertis à l’école de catéchisme de la résidence d’Optino à Moscou.

Un jeudi par mois, le père Daniel célèbre à la résidence ecclésiastique du diocèse de Kroutitski (diocèse de Moscou) un service religieux pour tous les «égarés» (cet office est fréquenté par des orthodoxes de différentes nationalités priant pour leurs proches dans l’erreur). Ces services sont célébrés avec la bénédiction du patriarche Alexis en deux langues : tatar liturgique (langue des « Kriachens », tatars orthodoxes) et slavon.

La majorité des membres de la communauté orthodoxe tatare appartiennent à différentes entités ethniques tatares, les plus nombreux étant les Tatars Michars, les Tatars de Kazan, les Kriachens, les Tatars de Kasimov. Les musulmans donnent le nom de « Kriachen » à tous les Tatars de cette communauté, soulignant parfois ainsi leur répugnance à appeler Tatars des chrétiens. De leur côté les Kriachens, membres de la communauté sont partagés entre les partisans de la reconnaissance d’un peuple tatar multiculturel et ceux qui rejettent vigoureusement cette notion.

Les Kriachens ont accompli la tâche consistant à acculturer l’orthodoxie en milieu turcophone et il est indispensable d’utiliser cette expérience dans le travail missionnaire.Développant ces réflexions, le père Daniel Sysoev a souligné que l’expérience des Kriachens pouvait être utilisée également dans la création d’une mission orthodoxe unifiée pour l’espace turco-ougrien. Créer un bloc des chrétiens du Caucase est une question très actuelle, qui peut aider à résoudre de nombreux problèmes spirituels, mais aussi socio-politiques dans cette région chaude, et éteindre les haines xénophobes, qui se font jour en ce moment en Russie même, a-t-il estimé.

Dans l’enceinte paroissiale, actuellement en cours de construction,  il est prévu d’élever plusieurs bâtiments qui abriteront un centre missionnaire avec une école, des centres culturels tatares et azerbaïdjanais, une maison d’édition paroissiale et une cantine pour les démunis.

Un prochain débat avec les musulmans aura lieu dans le Centre culturel tatare, le 27 janvier, sur le thème : « L’état actuel de l’humanité du point de vue de l’orthodoxie et de l’islam ». Il a été proposé de diffuser ces débats dans le réseau internet.

A l’issue des discussions, les participants à la conférence ont décidé d’accomplir un pèlerinage à Rostov pour y vénérer les reliques de saint Pierre, prince de la Horde (prince tatare, converti au christianisme, devenu moine et mort vers 1290), et au monastère de Borov pour y vénérer les reliques de saint Paphnuce de Borov (moine fondateur du monastère de Borovo, mort en 1478, descendant de tatars), en y invitant les musulmans. (information : orthodoxie)

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