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du 28 au 31 janvier 2006 (semaine 05)
 

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2006-01-31 -
LE DÉVELOPPEMENT DES SECTES EN ASIE ORIENTALE.

A la suite d'une intervention de la police à Djakarta pour disperser les membres d'une secte religieuse, des intellectuels que des responsables religieux, se sont interroger sur les raisons qui président à l'apparition de telles sectes et à leur succès.

La secte en question est apparue il y a plusieurs années. Son gourou, une femme Lia Aminuddin, qui se fait appeler Lia Eden, est musulmane à l'origine. Elle affirme être l'archange Gabriel et a baptisé son mouvement du nom d' « Eden, Royaume de Dieu ». Les membres de la secte professent que le prophète Mahomet fait partie des Betawi, les habitants originels de Djakarta ; par conséquent, ils considèrent l'actuelle capitale de l'Indonésie - et non La Mecque - comme le lieu vers lequel tous les musulmans doivent se tourner pour prier.

La secte professe un enseignement mêlant des éléments issus du bouddhisme, du christianisme, de l'hindouisme et de l'islam, ses adeptes étant principalement des « gens ayant suivi des études supérieures ».

Ce n'est que récemment que les musulmans ont pris conscience que le message diffusé par la secte était contraire à l'islam. A l'appui de ses dires, il cite le fait que Dieu est désigné par les membres de la secte comme "le grand tourmenteur"  là où "les musulmans professent que Dieu est un Dieu miséricordieux" Lors de la manifestation, le
gourou de la secte fut maintenu en détention au nom de l'article 156-a du Code pénal de l'Indonésie, lequel précise les conditions définissant une diffamation de nature religieuse.

Selon Johan Effendi, un intellectuel musulman, l'émergence de sectes à caractère religieux dans l'espace public est un phénomène de plus en plus fréquent en Indonésie. "Les autorités devraient s'interroger sur les raisons qui font qu'une secte apparaît. Mais si les activités d'une secte ne dérangent pas ceux qui n'en sont pas membres, pourquoi faudrait-il intervenir et en faire toute une affaire ?"  demande-t-il, en ajoutant que les responsables religieux devraient s'efforcer de comprendre ce qui est en jeu ici, plutôt que de condamner immédiatement les membres de ces mouvements en les qualifiant de déviants.

Pour le pasteur Weinata Sairin, secrétaire général adjoint de la Communion des Eglises (protestantes) en Indonésie, l'émergence de sectes est sans doute liée à l'incapacité des grandes religions à fournir à leurs fidèles des réponses satisfaisantes à certaines questions. Peut-être les grandes religions ne sont-elles plus capables de guider les gens dans la vie d'aujourd'hui, dit-il. "C'est là un appel, pour nous, à nous interroger sur nous-mêmes"  insiste-t-il, tout en précisant que la réflexion à mener ne doit pas laisser place au syncrétisme.

Enfin, pour le P. Antonius Benny Susetyo, secrétaire exécutif de la Conférence des évêques catholiques d'Indonésie, "l'intervention de la police constitue une violation de la liberté de religion  affirme-t-il. Ceci dit, sur un plan religieux, le succès de tels phénomènes constitue un signal pour les religions. Un des grands défis auxquels font face les religions est bien de guider les fidèles correctement, sans les laisser dévier vers des enseignements incorrects". (source : Eglises d'Asie-EDA)

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