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FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 février 2006 (semaine 05)
 

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2006-02-04 -
LE DIALOGUE SUR LA PRIMAUTÉ DE ROME.

Interrogé par le journal « Trente Jours », le métropolite Philarète de Minsk, exarque du patriarcat de Moscou, a déclaré : "L’exercice de la primauté doit, à tous les niveaux, favoriser la vie et la croissance de l’Eglise et non lui faire obstacle".

"La primauté fait partie de l’essence de l’Église dit-il. Oui, bien sûr. La question de la primauté concerne la doctrine de la foi. Ce n’est pas seulement une question d’organisation humaine. C’est justement là que réside le problème. Le Canon des Apôtres  indiquait déjà que la primauté est une donnée essentielle dans la nature de l’Église de même que la synodalité. Mais, en réalité, on ne peut re-proposer ce genre de questions sans tenir compte des solutions concrètes qui leur ont été apportées dans l’histoire. Il ne s’agit pas de réalités préexistantes, abstraites, a-temporelles…"

"Avec le temps l’Église de Rome a affirmé, sans le déclarer à voix haute, que l’évêque authentique est celui qui se soumet à la juridiction du Pape. Cette soumission, poursuit le métropolie, dans la perspective qui a prévalu dans l’Église de Rome, semble être devenue la source et le fondement de l’authentique succession apostolique. Mais, en fait, tous les évêques ayant reçu de l’Esprit Saint la même grâce, leur dignité est parfaitement égale."

…"Actuellement, les Églises orthodoxes reconnaissent la primauté d’honneur du patriarche oecuménique. Dans la compétition entre les anciens Patriarcats d’Orient, Constantinople l’a finalement emporté et son archevêque a pris le titre de patriarche oecuménique. Mais le primus de Constantinople voulait être comme le primus de Rome… Ainsi, la conception de cette primauté n’est-elle pas elle non plus univoque. Et, parfois, le manque d’unanimité dans l’interprétation de la primauté de Constantinople devient un obstacle au développement normal des relations à l’intérieur même de l’Orient orthodoxe."

…. "Selon le théologien Zizioulas, un dialogue sur la primauté entre catholiques et orthodoxes devrait partir du principe cher au théologien orthodoxe Afanasief : là où il y a l’Eucharistie, il y a l’Église une, sainte, catholique, apostolique.
C’est certain. L’Eucharistie est le sacrement de l’Église, le sacrement des sacrements. Partout où l’Eucharistie est célébrée par un prêtre consacré de manière valide, selon le canon que les Églises reconnaissent comme le canon légitime, l’Église est présente et il est possible de vivre la plénitude de l’expérience de l’Église, laquelle ne consiste pas dans l’appartenance à un groupe social ethnico-religieux mais dans l’appartenance au Christ."

"Aucune primauté ne peut être exercée aux dépens de cette plénitude catholique de l’Église locale. Or, dans l’Église catholique, le pape projette sur tout le territoire de la terre son pouvoir ecclésiastique et cela complique aussi les rapports entre les Églises soeurs orthodoxes.

…."L’argument du «territoire canonique» ne peut lui-même être utilisé qu’avec des Églises avec lesquelles on reconnaît que l’on partage le même depositum fidei et la validité de la succession apostolique. Nous n’en avons certes pas fait usage avec les sectes quand elles ont cherché de façon agressive à s’infiltrer. C’était le même argument dont se servait saint Paul quand il écrivait dans l’Épître aux Romains: "Je me suis fait un point d’honneur de n’annoncer l’Évangile que là où n’était pas encore parvenu le nom du Christ, pour ne pas construire sur le fondement d’autrui".

"La foi de l’Église est une et immuable car l’Église est l’unité de la vie de grâce qui, des saints apôtres et des saints Pères, est arrivée sans interruption jusqu’à nous. L’Église est l’Église des apôtres, est l’Église des Pères (les Pères de l’Église) . Or aujourd’hui, dans l’Église, les Pères sont étudiés comme des auteurs très respectables, mais c’est comme s’ils n’avaient rien à dire sur la vie chrétienne de tous les jours. On a d’eux une approche universitaire et ornementale, on les considère au mieux comme une riche mine de citations ou comme un champ d’étude dont l’approfondissement doit être laissé à un petit nombre de chercheurs compétents. Mais pour moi, servir les saints Pères, ce n’est pas théorique, cela concerne notre vie dans l’Église et notre salut. Les Pères devraient avoir une place essentielle dans la pratique pastorale et dans la vie quotidienne."

A la question :
Que pensez-vous, en tant que président de la Commission théologique du Synode de l’Église orthodoxe russe, de la façon dont le pape Benoît XVI aborde la question des rapports entre l’Église de Rome et les Églises d’Orient? Le métropolite répond : " Je n’assume le rôle de président de la Commission théologique que par obéissance. Je cherche seulement à réunir des personnes pour qu’elles travaillent ensemble. Je ne connais pas dans le détail les ouvrages de théologie que le nouveau Pape a écrits en tant que théologien. Mais je sais que Benoît XVI est une grande personnalité et un grand esprit. Du reste, (rappelant ainsi son rôle dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) la Sainte Inquisition a toujours été guidée par des gens intelligents." (source : Orthodoxie - texte : 30 giorni)

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