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du 1 au 4 février 2006 (semaine 05)
 

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2006-02-04 -
UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES ICÔNES.

Le 27 janvier, la seconde conférence internationale sur l’Icône, à Moscou, a été l’occasion d’en définir la problématique et la notion d’iconicité de préciser le contenu de cette notion, malmenée par l'ignorance de la latinité occidentale actuelle.

Ignorant les données mystiques et liturgiques de la vraie tradition iconographique, l'on peut voir des icônes de la "Sainte famille" où Joseph entoure le cou de la Vierge, ce qui signifie dans la tradition iconographique "une intimité charnelle". C'est un exemple que l'on justifie par la "piété" et non par le sens ecclésial de la tradition qui considère un tel geste de la part de Joseph comme une négation du respect de la virginité mariale.

En ouvrant la conférence, l’archiprêtre Vladimir Siloviev, président du Conseil éditorial de l’Église orthodoxe de Russie, en a défini la problématique :
"Théologie, liturgie, prose et poésie, mass-média et publicité – c’est sur la base de toute cette variété de matériaux que les participants à la conférence ont à montrer l’actualité et la productivité du terme « iconicité » et de ses dérivés comme « image iconique », « icône verbale »,  « iconosphère », etc. » a affirmé le père Vladimir.

Il a aussi invité à l’étude du phénomène inverse d’ «antiiconicité» dans une société sécularisée, "où il n’y a pas de place pour le sacré" et où, en Occident l’on utilise l’icône comme une imagerie religieuse, comme reproduction photographique de décoration et non comme un introduction à la vie spirituelle.

A partir de l’icône de la Pentecôte, le P. Nicolas Ozoline, professeur à l’Institut Saint-Serge de Paris, a montré combien était actuelle, productive et juste du point de vue ecclésial était " la théologie de l’icône" de Léonide Ouspenskiï, qui a introduit une nouvelle méthode critique dans l’étude de l’iconographie orthodoxe, en a développé la notion de canon, qui est liée en premier lieu avec la vie liturgique.

Examinant de ce point de vue la représentation iconographique de la Pentecôte, le P. Nicolas a mis en doute la légitimité de la représentation de la Mère de Dieu sur cette icône et a souligné que la M ère de Dieu n’apparaissait au centre de l’assemblée des apôtres que dans les icônes russes du XVIIe siècle, ce qui est lié à l’influence occidentale.

Dans les icônes plus anciennes, la Mère de Dieu ne «préside» pas dans le cercle des apôtres : la place centrale au sommet de l’arc est laissée vide, sans présidence visible, car cette place vide représente l’invisible «magistère du Saint Esprit». C'est pourquoi la Mère de Dieu est absente des icônes «correctes», alors que les «Actes des Apôtres» précisent qu’elle était présente au moment de la descente de l’Esprit, "puisqu'elle priait avec eux".

L’iconographie des fêtes doit être interprétée en liaison avec l’office liturgique. Or, dans l’office de la Pentecôte, la Mère de Dieu n’est pas mentionnée, non pas qu’elle ait été oubliée, mais pour des raisons théologiques. A l’aide de cette même clef, on peut expliquer pourquoi, parmi les apôtres représentés sur l’icône, ont trouve immanquablement l’apôtre Paul, qui n’était pourtant pas présent lors de la Pentecôte.

Par ailleurs
Mme Marina Vasina, de l’Institut de recherche d’iconologie orthodoxe (Saint Pétersbourg), a évoqué comment certains spécialiste de l’histoire de l’art sont devenus «des défenseurs de la peinture religieuse naturaliste de la période synodale et prônent une représentation artistique humaine du Christ opposée à la représentation canonique.»  Les représentants de cette tendance voient dans l’image non pas "un révélateur de ce qui est caché, mais la représentation de la chair visible et descriptible du Christ", sur quoi ils insistent d’une manière excessive." La conscience artistique séculière, dit-elle, résiste fortement en ce début du XXI siècle et élabore des formes de plus en plus subtiles d’iconoclasme en défendant le vieux dogme du "culte de l’art".

Les réflexions de Marina Vasina ainsi que l’exposé de Nonna Iakovleva, professeur de Saint-Pétersbourg, intitulé «Icône et tableau : à propos de la structure de l’image sainte» ont suscité un débat animé à propos des modèles qui devaient prévaloir lors de la réhabilitation des églises des XVIII et XIX siècles, actuellement en Russie. (source : Orthodoxie)

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