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du 1 au 4 février 2006 (semaine 05)
 

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2006-02-04 -
CES CARICATURES SONT UNE BLESSURE.

La publication des caricatures représentant le prophète Mahomet ne peut laisser indifférents les responsables des Églises chrétiennes, souvent confrontés à de telles satires tant dans l’imagerie humoristique que dans des livres ou des films.

Le Vatican a pris ce samedi 4 février position dans la polémique provoquée par la publication de caricatures de Mahomet en estimant que la liberté d'expression n'autorisait pas les offenses aux convictions religieuses.

Dans un premier commentaire public sur le sujet, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, déclare que "la cohabitation des hommes exige un climat de respect mutuel pour favoriser la paix entre les hommes et les nations. Le droit à la liberté d'expression ne comprend pas "le droit de heurter les sentiments religieux des croyants", quelle que soit la religion concernée.

Il a toutefois qualifié de "déplorable" les manifestations violentes de protestation qui ont eu lieu dans le monde islamique en réaction à la publication des caricatures. Il a estimé que les actes d'une personne ou d'un journal ne pouvaient pas être imputés à l'ensemble d'un pays ou de ses institutions. "L'intolérance, d'où qu'elle vienne, qu'elle soit réelle ou verbale, action ou réaction, constitue toujours une menace grave pour la paix", a dit le porte-parole du Vatican.

Il a ajouté que "certaines formes de critiques extrêmes ou de dérisions d'autrui montraient une absence de sensibilité humaine et dans certains cas pouvaient constituer une provocation inacceptable". "L'histoire nous enseigne que cela ne constitue pas le moyen de refermer les vieilles blessures dans la vie des peuples", a-t-il dit. "Le droit à la liberté de pensée et d'expression, tel qu'inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme, ne peut comprendre le droit de heurter les sentiments religieux des croyants".

En France,
l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, a affirmé jeudi 2 février qu'il comprenait "la blessure des musulmans" se disant choqué "qu'on se moque" de l'islam. "Je n'aimerais pas qu'on fasse cela avec le visage de Jésus. Si je vois ça dans une publication à propos de Jésus, je reconnais que cela me blesse. Donc je comprends la blessure des musulmans et je trouve que ce n'est pas respectueux"... "On ne peut pas faire n'importe quoi avec des visages et avec des scènes qui touchent les convictions très intimes des personnes"..."La liberté de la presse, c'est quelque chose de très important, la liberté d'expression aussi, l'esprit critique aussi, mais ce n'est quand même pas le droit de faire n'importe quoi".

La liberté d'expression comporte "des devoirs et des responsabilités" et doit se conjuguer au respect des convictions intimes, a déclaré le secrétaire général de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Stanislas Lalanne. "Liberté d'expression, oui, à condition de respecter ce qui fait les convictions profondes et intimes des croyants"... "On n'a pas le droit de toucher à ce qui peut blesser et offenser des croyants. Il y a une dimension sacrée à laquelle on n'a pas le droit de toucher: la preuve, tout de suite cela engendre la violence".

"La liberté d'expression constitue l'un des fondements essentiels d'une société démocratique, c'est normal qu'il puisse y avoir des critiques sur telle ou telle position des religions, mais cette liberté d'expression comporte aussi des responsabilités et des devoirs", a-t-il poursuivi, citant l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme. "Il y a une ligne de partage entre des critiques qui peuvent alimenter un débat d'idées et des expressions gratuitement offensantes, entre l'humour et la dérision", a ajouté Mgr Lalanne, "je dis cela pour l'islam mais pour les autres religions aussi".

"Nous condamnons cette bassesse de très mauvais goût", déclare Mgr Pierre Whalon, évêque de l'Eglise épiscopalienne (anglicans américains) pour l'Europe. "Lorsque Jésus est caricaturé et ridiculisé, les Chrétiens sont heurtés, nous comprenons la réaction des musulmans qui y voient une attaque directe contre leur religion".

"En principe, le rire a tous les droits", rappelle le pasteur protestant Jean-Pierre Molina, président d'un jury oecuménique de la bande dessinée, "mais cela ne veut pas dire qu'il est loisible à quiconque de débiter des insultes qui atteignent brutalement de pauvres gens dans leur foi"... "Que signifie traiter par le mépris les valeurs des autres ? Le christianisme est depuis longtemps la tête de Turc dans les médias. Là il s'agit de l'islam, sur lequel reposent d'énormes tabous dans la société française: en revanche, si cela ouvre un débat c'est intéressant".

En France , Mgr Dubost, évêque d'Évry, un représentant du monde musulman et le grand rabbin de Paris ont unanimement condamné ces publications et l'acharnement de la presse à vouloir attiser les haines. Pour Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), "tout musulman est devenu une bombe aux yeux de l'opinion publique" après la publication de caricatures du prophète Mahomet, "maintenant que notre prophète a été représenté comme un terroriste". Nous sommes très attachés à la liberté de la presse, mais ne pouvons admettre qu'au nom de cette liberté les musulmans soient insultés".

Le 2 février, le directeur de l’UNESCO, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, s'est dit "particulièrement sensible à l'émotion" provoquée dans le monde musulman par la publication de ces caricatures. M. Matsuura a rappelé que l'UNESCO (191 Etats membres), avait "vocation à privilégier le dialogue entre les cultures et les civilisations"...."Le principe de la liberté d'expression, également inscrit au coeur du mandat de notre Organisation, ne saurait être remis en cause, il est un socle de la démocratie"... "Aussi, dans le climat actuel, me paraît-il important de veiller à maintenir un dialogue serein et éclairé entre communautés de culture et religion différentes", a dit M. Matsuura. (sources : presse et CEF)

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