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du 21 au 24 février 2006 (semaine 08)
 

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2006-02-24 -
DIFFICULTÉS THÉOLOGIQUES AU CONSEIL OECUMÉNIQUE.

Le COE a adopté un changement dans sa constitution qui introduit des critères théologiques pour les futures Églises membres, qui devront répondre à des critères précis, dont une faite à la demande insistante des orthodoxes.

"Dans sa vie et son témoignage, l’Église professe la foi dans le Dieu trinitaire selon les Écritures, et telle que cette foi est reflétée dans le Symbole de Nicée-Constantinople », souligne le premier critère, marquant ainsi la nécessité d’une base de foi commune à tous les membres du Conseil.

Les autres critères soulignent "l’existence d’un ministère de proclamation de l’Évangile et de célébration des sacrements », « la nécessité d’aller vers la reconnaissance du baptême » de tous par tous, la reconnaissance « de la présence et de l’activité du Christ et du Saint-esprit" chez les autres Églises ainsi que "celle d’éléments de la véritable Église, même si elle ne les considère pas comme des Églises dans le sens plein et vrai du terme". Mais cette base théologique commune suffira-t-elle à surmonter les divergences de plus en plus profondes entre les orthodoxes et tout un pan du protestantisme de plus en plus libéral ?

"Ce qui me marque, c’est le manque de fond théologique, regrette le grand théologien orthodoxe américain Paul Meyendorff. Il y a eu des choses parfois émouvantes, mais rien qui reflète le travail théologique des dernières années…"

La remarque rejoint celle du réformé Jean-François Zorn, professeur de théologie à Montpellier et historien du mouvement œcuménique, qui va jusqu’à se demander si le Conseil œcuménique n’a pas "renoncé à communiquer de manière générale et frontale. Le COE ne participe-t-il pas ainsi de la fin des grands récits qui affecte tant d'organisations porteuses d’un message ?", s’interroge-t-il.

L assemblée de Porto Alegre a pourtant adopté un changement majeur dans la constitution du COE en adoptant un certain nombre de critères théologiques relativement précis pour l’admission de futures Églises membres. Cette vision que reflètent ces critères, est plutôt portée par les Églises du courant évangélique, aura été particulièrement flagrante de par l’importance que l’assemblée aura apportée aux témoignages personnels. Jusqu’à donner lieu parfois, sur la scène des séances plénières, à de véritables shows quasi télévangéliques.

Pour tenter d’aller au-delà de ces divisions, cette 8e assemblée de Porto Alegre a demandé au COE et à ses Églises membres de développer un œcuménisme plus spirituel : "Dans la période à venir, il est proposé d’accorder toute notre attention à l’unité, à la spiritualité et à la mission, tant sur le plan théologique que sur le plan pratique. Cet accent permettra d’approfondir la communauté fraternelle des Églises membres du COE."

"La déclaration théologique la plus claire que nous pouvons faire est notre participation active aux luttes des peuples, déclarait une jeune protestante de l’Église unie des Philippines. Par conséquent, le cœur de l’œcuménisme est immergé dans le monde où les Églises trouvent leur unité." Et à l'inverse : "Mais est-il possible de réaliser cette vision avec toutes les fragmentations et destructions dans et hors de nos Églises ?" , lui répond John Ngige Njoroge, étudiant kényan en théologie, fidèle du patriarcat grec-orthodoxe d’Alexandrie.

L'assemblée générale a étudié le texte clé de la commission Foi et Constitution :"Appelés à être l’Église une." Cet échange de points de vue donne la mesure des difficultés. "On ne peut pas se dire croyant en un seul Dieu si on ne croit pas non plus en l’Église une", insiste le P. Ioan Sauca, orthodoxe roumain, directeur de l’Institut œcuménique de Bossey (Suisse). Reste à savoir à quelle forme d’unité l’Église est appelée.

"
L’Église catholique est heureuse de voir ce renforcement du spirituel, se félicite Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui dirigeait la délégation des observateurs catholiques. Cela souligne un nouveau réalisme du COE, qui reconnaît aussi qu’il ne peut pas prendre sur lui tout l’engagement œcuménique."

Le pasteur Kobia, le secrétaire général pense qu'il faut
"se recentrer sur ce qu’il est le seul à pouvoir faire en tant que communauté mondiale d’Églises pour guider l’ensemble du mouvement œcuménique". Il s’agit "d’en faire moins, mais le faire bien... "

Cette 9e assemblée aura donc conclu que spiritualité et théologie doivent permettre au mouvement œcuménique de jeter les bases d’une "parole forte, crédible, éthique, tout en rendant un témoignage prophétique face au monde". Renforçant l’engagement du COE en faveur de la paix, elle a aussi clairement affirmé la nécessité pour le Conseil de s’investir dans le domaine interreligieux. Reste le problème des questions éthiques, sur lesquelles il sera difficile aux ailes libérale et orthodoxe du COE de trouver un véritable consensus. (source : Assemblée de Porto Alegre)

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