Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 mars 2006 (semaine 09)
 

-
2006-03-04 -
VERS UN INSTITUT DES RELIGIONS.

C’est à Kazan, en Russie, que le Conseil de l’Europe vient d’organiser un séminaire pour réfléchir à l’enseignement des religions dans les écoles, ce qui pourrait donner naissance à une nouvelle structure qui serait localisée à Strasbourg.

Ce séminaire n’avait pas pour but d’étudier les droits de l’homme en Russie. "La Russie, avec sa guerre en Tchétchénie, déclarait un expert catholique, n’est pas le pays le plus démocratique… En venant ici, nous servons un peu de faire-valoir au régime du président Poutine."

Un embarras partagé par un prêtre orthodoxe russe : "Les autorités ont déroulé le tapis rouge pour leurs hôtes étrangers, en les logeant, les nourrissant, les transportant et leur montrant le folklore local comme si c’était un tableau idéal. Cela me rappelle les vieux temps soviétiques ! "

Le sujet de cette rencontre concernait le déficit des connaissances religieuses qui, alimentant une ignorance générale sur la culture de chacun et celles des autres, met en danger le « vivre ensemble ». « C’est un endroit bouleversant qui, avec ses minarets et clochers, invite à la réflexion », reconnaît un expert catholique, l’un des 80 participants venus de toute l’Europe et de ses principales religions.

"Au Royaume-Uni, on s’est aperçu que les imams n’avaient pas été formés au dialogue. Il faut combler ce manque !", a lancé Nazir Ahmed, figure de la communauté musulmane britannique. "Ouvrons aussi nos mosquées comme les autres ouvrent leurs églises pour que les confessions se rendent visite entre elles".

C’est pour mettre fin aux stéréotypes et remédier à la méconnaissance des cultures religieuses que le séminaire a prôné la création d’un institut européen devant favoriser l’enseignement dans les écoles publiques du «fait religieux». "Il faut aller pas à pas", s’est félicité Alvaro Gil Robles, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, à la tête de cette initiative.

"Aujourd’hui, nous sommes tous d’accord : il faut que nos enfants sachent l’origine des religions, leurs coutumes et rites, la signification de leurs fêtes…" Mais l
a notion de «fait religieux» a été sujette à débats. D’autant plus que, traduite d’une langue à l’autre, elle a des interprétations diverses.

"Cette expression ne prend pas en compte la dimension culturelle que doit revêtir cet enseignement pour se justifier socialement", a protesté Andrew McGrady, expert irlandais. Il a suggéré l’expression "enseignement interculturel lié à la foi". D’autres ont proposé "cultures religieuses" ou "questions religieuses", "car la religion pose plus de question qu’elle n’apporte de réponse !", a plaisanté l’un des participants.

"L’une des solutions serait de concevoir cet enseignement comme celui des langues : entrer dans la religion de l’autre comme on apprend sa langue et devient polyglotte", a conseillé le pasteur Richard Fischer.

Du coup, s’est posée la question du rôle des représentants religieux dans le fonctionnement du futur institut. Des participants protestants ont défendu une gestion la plus laïque possible, suscitant l’inquiétude des délégués catholiques et surtout orthodoxes.

"C’est quand même les religieux qui connaissent le mieux les religions !" a insisté le P. Filaret Bulekov, représentant orthodoxe au Conseil de l’Europe. "L’enseignement purement laïque défendu par certains me rappelle le système soviétique où, dans les écoles, les professeurs non-croyants nous faisaient des cours sur la chose religieuse…"

En guise de compromis, le communiqué final du séminaire a proposé la création d’un comité d’orientation qui, regroupant experts et représentants religieux, définira la stratégie du futur institut et le contenu de ses programmes. (source : Orthodoxie )

Retour aux dépêches