Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 2 au 4 avril 2006 (semaine 14)
 

-
2006-04-04 - Indonésie
LA CONSTRUCTION DE NOUVEAUX LIEUX DE CULTE.

Selon le Comité indonésien sur la paix et la religion, organisme indépendant, depuis la mise en place du décret de 1969, plus d'un millier de lieux de culte chrétiens qui ne répondaient pas aux critères fixés par ce texte ont été détruits ou vandalisés.

Par ailleurs, le dimanche 26 mars dernier, une foule de musulmans a interrompu un culte pentecôtiste dans la région de Bogor (province de Java-Ouest), culte célébré chez lui parce que lui et sa communauté ont dû fonder une église domestique en 1987, ne pouvant satisfaire aux critères édictés par le Règlement sur les lieux de culte promulgué en 1990 dans la province de Java-Ouest.

Selon la presse indonésienne, M. Maftuh Basyuni, ministre des Affaires religieuses, et M. Ma'ruf, son homologue de l'Intérieur, ont signé, le 21 mars dernier, la nouvelle mouture du décret de 1969 régissant la construction des lieux de culte. L'ancien décret, qui lui-même reprenait une loi de 1966, posait problème et, au cours de l'année 2005, la fermeture forcée de plusieurs dizaines de lieux de culte protestants dans la province de Java-Ouest avait créé une certaine agitation.

Le président de la République avait alors ordonné à ses ministres de travailler à une refonte de ce décret et, selon divers responsables d'Eglises chrétiennes, le nouveau texte - dont la publication officielle n'a pas encore eu lieu - apporte certes des améliorations, mais n'est pas pleinement satisfaisant.

Le décret de 1969 stipulait que la construction d'un lieu de culte requerrait l'accord écrit du responsable de l'administration locale, lequel devait consulter les organisations et les responsables religieux de la circonscription placée sous sa responsabilité. Concrètement, dans les régions à majorité musulmane, les chrétiens rencontraient le plus souvent de grandes difficultés pour obtenir l'accord de l'administration. Ils construisaient donc des lieux de culte sans autorisation ou plus exactement obtenaient l'autorisation de l'administration des Affaires religieuses de faire fonctionner des lieux de prière ou de culte, mais pas celle de l'administration locale.

Dans ce nouveau
décret, dont la rédaction a été précédée d'une phase de consultation des responsables religieux et de l'appareil de sécurité, les principes de base du décret de 1969 sont maintenus, mais des nouveautés sont apportées quant à la délivrance des permis aboutissant à l'érection d'un lieu de culte. Ainsi, ce sont bien toujours les administrations locales qui seront responsables de la délivrance des permis de construire et celles-ci devront, comme cela était déjà prescrit, recevoir l'avis des branches locales de l'administration des Affaires religieuses.

Parallèlement, les seuils ont été abaissés, s'agissant de l'importance qu'une communauté locale doit avoir pour demander l'érection d'un lieu de culte. Pour prétendre à un lieu de culte, une communauté doit compter désormais un minimum de 90 personnes. Un minimum de 60 personnes n'appartenant pas à la religion du groupe demandeur et vivant dans le voisinage devra donner son accord à la construction de ce lieu de culte. Dans le décret de 1969, ce seuil était fixé à 100 personnes.

Enfin, afin d'empêcher que les procédures s'éternisent, le décret prévoit que les administrations concernées auront un délai compris entre sept et trente jours pour se prononcer, une fois saisies d'une demande, le délai de délivrance d'un permis de construire ne devant pas dépasser six mois. S'agissant des communautés de moins de 90 membres, il est prévu qu'un permis probatoire de deux ans puisse être demandé et obtenu afin de faire fonctionner légalement un lieu de culte. Pour les lieux de culte existants, mais n'ayant pas reçu de permis en bonne et due forme, les communautés en question devront entamer les démarches pour en obtenir un, l'administration étant tenue de les protéger pendant l'intervalle.

Selon le P. Antonius Benny Susetyo, secrétaire de la Commission pour les Affaires interreligieuses et l'ocuménisme de la Conférence des évêques catholiques d'Indonésie, les dispositions du nouveau décret vont dans le bon sens, mais tout dépendra de leur application concrète.

Du côté des Eglises protestantes, Weinata Sairin, de la Communion des Eglises (protestantes) d'Indonésie (PGI), les réserves sont plus vivement exprimées, "Ce n'est pas qu'une affaire de chiffres. La liberté de culte est clairement exprimée dans la Constitution et n'a pas besoin d'un décret pour être affirmée"

Fin mars, 42 députés, presque tous chrétiens - en majorité protestants -, ont déposé une motion demandant le rejet du nouveau décret. Selon Muhaimin Iskandar, adjoint du président de la Chambre des représentants, la motion sera discutée en petit comité, entre les chefs de groupes politiques.

Du côté des musulmans, le président de la Nadhlatul Ulama , Hasyim Muzadi, a critiqué le nouveau décret, estimant qu'il était le fruit d'un compromis visant à satisfaire toutes les parties en présence. Il a toutefois assuré que son organisation, au niveau local, veillerait à créer "les conditions pour que les non-musulmans ne rencontrent pas de difficultés à obtenir des permis de construire et des problèmes de sécurité pour leurs églises, temples et autres lieux de culte". (source : Eglises d'Asie-EDA)

Retour aux dépêches