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du 7 au 9 avril 2006 (semaine 14)
 

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2006-04-09 -
LA RE-DÉCOUVERTE DU "MANUSCRIT DE JUDAS".

Après avoir disparu pendant près de 1.700 ans, la seule copie connue de "l'Evangile de Judas", rendue publique jeudi, révèle les relations de celui-ci avec Jésus sous un jour différent du traître l'ayant vendu aux Romains.

Le manuscrit de 25 pages en papyrus, écrit en copte dialectal, révélé par la revue américaine the National Geographic, a été authentifié comme datant du 3e ou 4e siècle. C'est une copie d'une version plus ancienne rédigée en grec, connue par saint Irénée, l'évêque de Lyon. Le document bordé de cuir a été découvert dans les années 70 dans le désert égyptien près de El Minya.

La secte des "Caïnites" possédaient cet "Évangile de Judas" dans lequel ce dernier était présenté comme un initié ayant trahi Jésus, à sa demande, pour assurer la rédemption de l'humanité. Saint Irénée (v. 130-208) dénonça cet évangile comme hérétique : " ils (les Caïnites) déclarent que Judas le traître était bien avisé de ces choses, et que lui seul, connaissant la vérité comme aucun autre, a accompli le mystère de la trahison. Ils ont produit une histoire fictive de ce genre, qu’ils ont appelé l’Evangile de Judas" (Adversus Haereses).


Baptisé « Codex de Tchacos », ce manuscrit de 25 pages en papyrus, authentifié comme datant du IIIe ou IVe siècle, a circulé, après sa découverte, parmi les courtiers en antiquités pour se retrouver d'abord en Europe puis aux Etats-Unis où il est resté dans un coffre d'une banque à Long Island (New York) pendant 16 ans avant d'être racheté en 2000 par l'antiquaire suisse Frieda Nussberger-Tchacos.

Inquiet de la détérioration du manuscrit, l'antiquaire l'a confié à la fondation suisse Maecenas en février 2001 afin de le préserver et de le traduire. Après avoir restauré le document, le travail d'analyse et de traduction a été confié à une équipe de coptologues dirigée par le professeur Rudolf Kasser, un retraité de l'Université de Genève.

L
a revue américaine TheNational Geographic vient de le porter à la connaissance du grand public. "Cette découverte spectaculaire d'un texte ancien, non-biblique, considéré par certains experts comme l'un des plus importants mis au jour depuis les 60 dernières années, étend notre connaissance de l'Histoire et des différentes opinions théologiques du début de l'ère chrétienne", a souligné Terry Garcia, un des responsables de la revue américaine, qui a oublié ce qu'en disait déjà saint Irénée et Tertullien.

Dans leurs livres saints, comme l'Evangile de Judas et le récit de l'Ascension de saint Paul, les caïnites avaient inséré des pratiques abominables, selon Tertullien, Père de l'Église. Ils prétendaient que la perfection consistait à commettre le plus d'infamies possibles et d'après un autre Père de l'Église, Théodoret, ils prétendaient que chacune des actions infâmes avait un ange tutélaire qu’ils invoquaient en la commettant, parce que cela justifiait la mort et le salut du Christ.

Contrairement à la version des quatre Evangiles reconnus par l'Église dès les premiers temps, ce texte indique en effet que Judas était un initié ayant trahi Jésus à la demande de ce dernier pour assurer la rédemption de l'humanité.

Le passage clé du document est attribué à Jésus disant à Judas: "Tu les surpasseras tous. Tu sacrifieras l'homme qui m'a revêtu". Selon les exégètes, cette phrase signifie que Judas contribuera à libérer l'esprit de Jésus en l'aidant à se débarrasser de son enveloppe charnelle.

Le document sera remis à l'Egypte et conservé au musée copte du Caire.

Le National Geographic, en collaboration avec la fondation Maecenas, a présenté aux Etats-Unis un documentaire de deux heures sur sa chaîne de télévision cablée le dimanche 9 avril. (information : Agence CNS/site catholic.org )

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