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du 8 au 11 mai 2006 (semaine 19)
 

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2006-05-11 - Tchad
ÉVITER UNE CATASTROPHE NATIONALE.

Devant les graves tensions que connaît leur Pays, les évêques catholiques du Tchad viennent de publier le 26 avril, un communiqué à
l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur la situation politique de leur pays.

" Nous, évêques du Tchad, réunis à Doba en Conférence épiscopale ordinaire, conscients de notre responsabilité de pasteurs, avons jugé urgent de porter ce qui suit à la connaissance de l’opinion nationale et internationale.

"
Nous tenons à rappeler les acquis majeurs de la Conférence Nationale Souveraine : le développement des libertés, le multipartisme politique, la naissance d’une société civile responsable et l’adoption consensuelle d’une Constitution, chargée de régler la vie politique nationale et excluant tout recours aux armes dans le règlement des conflits politiques.

"Or, nous constatons avec douleur que la situation politique du pays, marquée par la rupture de ce consensus national, s’est considérablement dégradée en ces derniers temps à cause de la prorogation du mandat présidentiel par amendement de la Constitution.

"A cause également de
la modification de la loi N° 001 sur les revenus pétroliers ; de la volonté d’aller aux élections présidentielles malgré les protestations de l’opposition politique etde la société civile ; de l’absence de dialogue.

"En conséquence, nous assistons au sein de l’armée à des vagues de désertion qui se transforment en mouvements politico-militaires et renforcent ainsi les rébellions existantes. Cette politisation d’une partie des forces de défense et de sécurité brouille encore plus le champ politique et complique la recherche du dialogue national en raison de la multiplication des exigences des uns et des autres.

"Le coup de force du 13 avril dernier a failli replonger notre pays dans le cercle infernal de la guerre et surtout d’une guerre civile urbaine meurtrière. En effet, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une situation de confusion propre à tous les règlements de compte tribaux et politiques.

"Cette situation d’une extrême gravité interpelle tous les hommes de bonne volonté. C’est pourquoi nous en appelons à tous les patriotes tchadiens (pouvoir, opposition politique intérieure, politico-militaires, société civile), aux pays amis du Tchad (France et pays voisins en particulier) et aux institutions internationales (CEMAC, UA, UE et ONU).

"Nous demandons à tous de mettre en œuvre leurs ressources pour éviter au peuple tchadien la catastrophe nationale vers laquelle est en train de le conduire le raidissement de position des parties en présence. Nous demandons en particulier à toutes les personnes impliquées de loin ou de près dans cette situation de faire preuve de modération afin de préserver la vie des personnes, la paix et la concorde nationale.

"Nous prions les parties en présence de suspendre toute action pouvant conduire l’autre à des réactions violentes. Le cessez-le-feu serait un premier pas important en échange de la suspension du calendrier électoral. L’appréhension du vide juridique peut trouver sa solution dans une lecture de nos actes fondamentaux visant la recherche de la paix et de la concorde nationales. A cette démarche peuvent être mises à contribution la cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale. L’intérêt général le commande et nous prions Dieu pour qu’il éclaire l’esprit des uns et des autres ; la paix n’a pas de prix.

"Nous sommes conscients du caractère délicat de cette déclaration mais nous y sommes poussés par l’amour de ce pays et le sens de notre responsabilité pastorale. Le bien supérieur de la nation est en jeu et exige de s’asseoir autour de la table de négociation.

"
Nous demandons à tous les fidèles de l’Eglise catholique de prier pour la paix dans notre pays.
Les évêques du Tchad.

(source et information : Allafrica)

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