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du 15 au 17 mai 2006 (semaine 20)
 

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2006-05-17 - Cameroun
LES PROPOSITIONS DES ÉVÊQUES INTERDITES ?.

La présentation publique des propositions des évêques sur les amendements de la législation électorale du Cameroun a été interdite par le pouvoir. La presse s'interroge sur les mobiles d'une telle décision acceptée par Mgr Victor Tonye Bakot.

Le vendredi 12 mai, alors que devait débuter la conférence de presse que doit donner Mgr Patrick Lafon, secrétaire général de la CENC, la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, sur " La proposition d'amendement de la législation électorale au Cameroun " réalisée par le service national "Justice et paix", celui-ci arrive très en retard et annonce l'interdiction et le report sine die de la conférence de presse.

" Pour des raisons liées aux préparatifs de la fête du 20 mai, déclare-t-il, la sécurité nationale a demandé à Mgr Victor Tonye Bakot, président de la conférence épiscopale nationale du Cameroun d'annuler cette conférence de presse. L'archevêque vient de m'appeler et je vous communique donc cette décision. La conférence des évêques du Cameroun par ma voix vous présente ses sincères regrets ".

Le Pr Pierre Titi Nwel, le coordonnateur national du service national " Justice et paix "
est lui aussi surpris de cette décision de l'archevêque : " Hier (jeudi 11 mai, ndlr) nous avons fait le point avec toutes les sensibilités qui ont pris part à la réalisation de ce document dont la présentation publique était prévue ce jour. Nous nous sommes tous mis d'accord pour cette opération. Quand je parle de sensibilités, je pense notamment à toutes les institutions invitées qui ont pris part aux discussions depuis le 30 septembre 2005 jusqu'au 11 mai 2006.

"Je pense aussi aux partis politiques, aux institutions étatiques (Cndhl, Cour suprême, Dgre, Dgsn, Minatd, Mincom, Minjustice, Onel, Sed) aux organisations de la société civile aux communautés de foi, etc. Tous ont reçu depuis le mois de janvier 2006, ce document qui devait être rendu public ce jour. Je suis donc très étonné par ce qui se passe. En tout cas, je me remets à la sagesse du président de la conférence épiscopale nationale du Cameroun. "

C'est une " situation inacceptable " déclare Orlando Munju du Social democratic front (Sdf). "Nous avons fait un travail sérieux, déclare Jean Claude Soptieu de l'Union démocratique du Cameroun (Udc) quant à lui se dit offusqué par cette attitude. Le Rdpc a été associé. Les institutions de l'Etat telles que le Minatd, l'Onel et autres aussi. C'est choquant de voir comment on se moque du peuple ".

" C'est ridicule, surprenant et scandaleux, dit également le président du Manidem Ekane Anicet. Au Cameroun, on le sait déjà, la vie politique s'arrête quand le chef de l'Etat est à l'étranger. On l'a constaté. Maintenant encore, lorsqu'il rentre et est présent au pays, la vie politique doit encore s'arrêter pour cause du 20 mai Je suis étonné. Il n'y a absolument rien qui pourrait empêcher une conférence de presse de la conférence épiscopale nationale du Cameroun. On dit souvent que les gens ont peur de leur propre ombre. J'ai le sentiment que le régime du Renouveau a peur de sa propre ombre. Pour une fois qu'un travail consensuel et sérieux a été réalisé pour nous permettre de sortir de l'impasse en matière d'organisation des élections dans ce pays, le régime du Renouveau organise des manigances pour faire marche arrière. C'est vrai et choquant ".

Dans cette affaire, c'est l'attitude de Mgr Victor Tonye Bakot, archevêque de Yaoundé et président de la conférence épiscopale nationale du Cameroun qui surprend le plus. Cette conférence de presse devait normalement être présidée par Mgr Roger Pirenne, archevêque de Bertoua et président de la sous-commission épiscopale. A la dernière minute, il a demandé au secrétaire général de la Cenc de le remplacer.

La presse fait remarquer que l'
attitude de Mgr Tonye Bakot, président de la conférence épiscopale qui a accepté cette espèce " d'ingérence " du pouvoir dans les affaires de l'Église risque de fragiliser désormais la conscience et la mémoire du peuple que défend depuis toujours l'Eglise catholique. Du coup certains parlent de " collusion entre l'archevêque de Yaoundé et ses amis du pouvoir. " (source : Allafrica)

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