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FlashPress - Infocatho
du 18 au 21 mai 2006 (semaine 20)
 

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2006-05-21 -
UN VOYAGE DANS UNE POLOGNE DIVISÉE.

Si l’itinéraire de Benoît XVI reprend les lieux privilégiés de son prédécesseur, ses messages y sont attendus avec attention par une Église de Pologne qui connaît désormais des fractures de plus en plus profondes.

Avec sa chaîne de télévision Trwam, Radio Maryja en est l’élément le plus visible, mais aussi le catalyseur de toutes les controverses. Il y a, parmi les fidèles, ceux  qui veulent, avec le soutien de Radio Maryja, revenir à ce qui existait avant le communisme, et ceux qui veulent ouvrir l'Eglise aux changements de la société.

Cette radio dont les programmes mélangent prières, tirades nationalistes, attaques contre le libéralisme et bouffées de haine antisémite, connaît une influence certaine dans un pays où plus de 90% des habitants se disent catholiques. La station revendique trois millions d'auditeurs fidèles, et s’il n'existe pas de division profonde dans l'institution même de l'Eglise, il y a un fossé parmi les fidèles "entre ceux qui ne jurent que par Radio Maryja et les autres, commente le sociologue Edward Ciupak.

Lors du marathon électoral de l'automne, le directeur de Radio Maryja, le père rédemptoriste Tadeusz Rydzyk, a ouvertement pris parti pour les conservateurs de Droit et Justice (PiS). Selon les politologues, le mouvement des frères jumeaux Kaczynski lui doivent une bonne part de leur victoire, et  Jaroslaw Kaczynski, président du PiS, a récemment défendu la radio, injustement attaquée, selon lui, par "des ennemis de la liberté et de la démocratie.

Le mois dernier, le Vatican a enjoint la radio de ne plus se mêler de politique. Puis, début mai, les évêques polonais ont décidé de mettre la radio sous tutelle en créant un conseil spécial chargé de superviser les programmes.

Mais jusqu'à présent les remontrances timides de l'Eglise n'ont rien changé au style de Radio Maryja. Les rédemptoristes "estiment que le nouveau pape n'interviendra pas", affirme encore Edward Ciupak.

Benoît XVI se rend dans les lieux les plus marqués par la personnalité de Jean Paul II. Mais, dans sa fidélité aux options ecclésiales de son prédécesseur, il lui faudra bien se situer et situer l’Église universelle dans ce qu’impliquent des courants et des clivages qui se retrouvent ailleurs qu’en Pologne, au sein même de l’Église et des communautés catholiques en France, en Espagne, en Allemagne et, par delà les océans, aux Etats-Unis et en Amérique Latine. Car il est en France comme ailleurs des Radio Maria qui s'inspirent de leur grande soeur polonaise.

Dans ce voyage il y aura des lieux hautement symboliques.
Le vendredi,  Benoît XVI célébrera la messe sur la place Jozef Pilsudski, à l'endroit même où en 1979, lors de son premier voyage Jean Paul II avait prononcé son célèbre "Nie lekajcie sie" (N'ayez pas peur). La formule avait été interprétée par ses compatriotes comme un encouragement à résister au régime communiste de l'époque.

Il ira prier devant l'icône de la Vierge Noire à Czestochowa où Jean Paul II lui avait dédié son pontificat et sa devise "Totus Tuus" (Tout à Toi).
Il se rendra également dans un faubourg de Cracovie au Sanctuaire de la Miséricorde divine de Lagiewniki, dont le culte a été élevé par Jean Paul II au rang des cultes officiels de l'Eglise.

Le dernier jour de son voyage, dimanche le 28 mai, le pape sera sur le site de l'ancien camp d'Auschwitz-Birkenau, symbole de l'Holocauste des juifs, mais aussi lieu d'extermination de dizaines de milliers de non juifs, Polonais, Roms ou prisonniers de guerre soviétiques. Benoît XVI se recueillera sur le site du camp, mais si aucun grand office religieux n'y est prévu, comment vivra-t-il ce moment, lui qui a fait du dialogue avec le judaïsme, l'un des thèmes centraux de son pontificat. (information : VIS)

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