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du 15 au 17 mai 2006 (semaine 20)
 

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2006-05-17 -
INQUIETS MAIS DÉTERMINÉS A VIVRE AVEC L'ISLAM.

"Il faut dire la vérité, il y a une véritable tension entre musulmans et chrétiens", a déclaré Mgr Louis Sako, évêque chaldéen de Kirkouk (Irak) lors d'une table ronde organisée mardi à Paris par l'Oeuvre d'Orient. "Mais nous devons rester."

Pour Mgr Sako, les chrétiens du Proche-Orient, qui vivent au quotidien avec l'Islam depuis 1.400 ans, reconnaissent les difficultés de cette cohabitation mais soulignent avant tout leur détermination à vivre ensemble avec les musulmans dans la région où sont nées les deux religions. La montée des peurs réciproques est réelle depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre d'Irak voilà trois ans. A Bassorah, où ne restent que deux cents familles chrétiennes, l'évêque est parti, comme à Mossoul.

"Mais les musulmans aussi sont victimes de la violence", dit-il. Et c'est pourquoi les chrétiens de Kirkouk ont fait une offrande pour la reconstruction du mausolée chiite de Samarra.

"Nous devons rester, nous ne devons pas encourager l'émigration", dit Mgr Sako, mais il ajoute que l'unité des chrétiens divisés en ces régions est tout autant indispensable que de réaliser un dialogue "au quotidien" avec les musulmans plutôt qu'un difficile dialogue théologique.

"Nous sommes acculés à vivre ensemble", déclare l'archevêque de Mossoul Mgr Basile Georges Casmoussa, lui-même enlevé en janvier 2005. "Le dialogue est vital, au quotidien, pour vivre ensemble. Comme un mari et une femme"..."Le grand ennemi de la convivialité christiano-musulmane dans nos pays, c'est la politique des Etats-Unis qui divisent le monde, démolissent l'idée même de la religion, font tout pour envenimer la situation afin de rendre leur présence nécessaire".

A son tour, Grégoire III Laham, patriarche grec-melkite-catholique d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem, se veut optimiste pour que chrétiens et musulmans vivent ensemble, "même en Arabie saoudite"... "Le grand défi c'est de prouver que le choc des religions et des cultures est une fausse prophétie", assure le patriarche, qui réside à Damas. "Nous, chrétiens du monde arabe, sommes l'Eglise des arabes et l'Eglise de l'islam, avec 1.400 ans de relation intime".

Même si sur 270 millions d'arabes à peine 15 millions sont chrétiens, ils peuvent "devenir une conscience chrétienne dans le monde arabe", pense-t-il.

"L'instabilité politique et économique au Moyen-Orient fait émigrer les chrétiens, mais les musulmans et les juifs aussi", avait déclaré la veille de cette conférence de presse le patriarche palestinien Mgr Michel Sabbah. "A nous de trouver l'équilibre. Ceux qui sont intéressés à l'avenir des chrétiens en Orient devraient aider à trouver cet équilibre".

Commentant les changements intervenus en mars au Vatican pour le dialogue avec l'Islam, avec l'intégration du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux dans le conseil pontifical pour la culture, Mgr Sabbah avait observé: "ramener le dialogue religieux à la culture, c'est peut-être plus juste. Ce qui rend difficile le dialogue des religions, ce n'est pas la foi, c'est la culture". (source : oeuvre d'Orient)

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