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du 18 au 21 mai 2006 (semaine 20)
 

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2006-05-21 -
REDÉCOUVRIR CET IMMENSE HÉRITAGE.

La venue en France puis à Rome de l’ensemble des patriarches des Églises du Moyen Orient unies au Siège de Pierre est une occasion unique de re-découvrir cet immense héritage que nous transmettent et nous rappellent les Églises orientales?

Ces antiques Églises se sont, pour les unes rattachées à Rome, mais pour la majorité d’entre elles ont gardé fidèlement les patriarcats de leur origine. Ainsi, un millénaire et demi plus tard, ces divisions demeurent et sont régrettables, même si elles sont aussi le signe de la diversité chrétienne.

"Ces Églises nous rappellent que les expressions de la foi et de la vie chrétienne, telles que développées dans notre Europe occidentale, ne sont pas les seules possibles pour exprimer le message de Jésus." Pour le P. Henri-Irénée Dalmais,religieux dominicain, théologien et historien de l'Unité chrétienne, cette diversité s’enracine dans l’Évangile lui-même. Il rappelle en effet que, selon saint Jean, le motif de la condamnation de Jésus était rédigé en araméen, grec et latin. "C’est en ces trois langues, expression de trois cultures, que le message s’est transmis durant les premiers siècles de l’Église".

Cette façon de voir la richesse de cette diversité a toutefois mis plusieurs siècles à s’imposer dans une Église de Rome où l’unité ne pouvait passer que par un "retour" des chrétiens séparés, "une réintégration", selon l'expression d'une encyclique. "L’Église romaine a longtemps pensé qu’elle était tout, regrette Mgr Philippe Brizard, directeur de l’Œuvre d’Orient, "Il fallait capter les Orientaux et les latiniser."

Les unions à Rome de certaines parties de ces Églises, créant les Églises orientales catholiques, furent vécues d’autant plus douloureusement par les patriarcats orthodoxes et pré-chalcédoniens, que les tentatives pour latiniser ces Églises étaient nombreuses et insistantes.

Il faudra attendre la fin du XIXe siècle et surtout le début du XXe siècle pour que les "services romains" commencent à comprendre et à accepter la richesse de l’Église d’Orient. "La richesse" : une expression que Mgr Claude Bressolette , vicaire général de l’ordinariat des catholiques de rite oriental en France, préfère employer au singulier car, "dans le domaine de la spiritualité, il n’y a pas de différence entre les Églises que nous appelons Orthodoxes et les Églises orientales catholiques".

Si la spiritualité occidentale latine se fixe beaucoup sur l’agir, l’Orient l’enracine dans un double mouvement : l’Incarnation du Fils de Dieu, appelant en retour la déification de l’homme. " En Occident, l’accent est mis sur le mystère du Christ sauveur et libérateur du péché, sa grâce précédant et accompagnant l’effort personnel pour obéir à ses commandements, L’Orient, sans nier que l’homme doit être libéré du péché, insiste sur sa déification dont cette délivrance est la première étape sur le chemin de la sainteté."

C’est dans cette optique que l’Orient envisage la liturgie, vécue comme réalisant la présence de Dieu et de son Royaume sur terre. "La beauté même de ses chants, de ses rites, de ses ornements, des fresques et des mosaïques, est le signe privilégié de la présence de Dieu", souligne Mgr Bressolette.

Y compris l’icône qui est vénérée et non pas une décoration suggestive. Car, « loin d’arrêter le regard du fidèle sur elle-même, elle le conduit à s’élever jusqu’à la réalité invisible qu’elle représente ». On comprend, dès lors, l’agacement des Orientaux quand ils voient leurs icônes devenir, en Occident, de simples objets décoratifs, et parfois même dénaturés comme c'est le cas récemment par la pseudo-icône de la Sainte Famille dans laquelle le geste même de Joseph à l’égard de la Vierge Marie est considéré, en Orient, comme hérétique !

Aujourd’hui, les querelles des premiers siècles sur la nature du Christ ont trouvé leur épilogue dans les nombreux accords signés entre les Églises. Mais la division reste forte. "Ce n’est plus sur les dogmes que nous sommes séparés, explique Mgr Brizard. La question porte aujourd’hui sur la manière de vivre la communion entre Églises, et cela passe par la difficile question de la primauté de Pierre" : une primauté effectivement reconnue par les Églises orientales catholiques dont les patriarches sont reconnus par le pape, mais acceptées plus difficilement par les autres Églises. (source : La croix - oeuvre d'Orient)

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