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FlashPress - Infocatho
du 28 au 30 mai 2006 (semaine 21)
 

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2006-05-30 - Birkenau
IL Y AVAIT UN TIMIDE ARC-EN-CIEL.

Auschwitz-Birkenau était une étape majeure et difficile, parce que là s'y affrontent bien des incompréhensions. Benoît XVI a parlé de la Shoah du peuple juif, sans oublier tous les autres peuples non juifs qui ont vécu un même martyre.

Étape difficile parce qu'il est un allemand assez vieux pour avoir été enrôlé de force à l'adolescence dans les Jeunesses hitlériennes.
Après Jean Paul II, venu à Auschwitz "comme fils du peuple polonais", Benoît XVI a précisé qu'il accomplissait ce pèlerinage "comme fils du peuple allemand".

Mais Joseph Ratzinger sait que les premiers déportés et internés furent, dès 1934, des Allemands chrétiens, des prêtres. Les Allemands qui ont été amenés à Auschwitz-Birkenau et ont trouvé la mort ici étaient considérés comme "Abschaum der Nation" - le déchet de la nation. Aujourd'hui, nous les saluons avec reconnaissance comme des témoins de la vérité et de la bonté qui n'avaient pas été éclipsés même parmi notre peuple.


Il a rappelé ce qu'il a connu. Par la terreur, ils ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination".

Aucun de ses mots, aucune de ses phrases ne doivent être négligés, au risque de passer à côté de la grande profondeur de ce qu’a dit le pape et qui mérite d’être médité par tout homme. Fidèle à sa vocation de pédagogue, Benoît XVI a soulevé la question que chacun se pose, qu’il soit croyant ou, peut-être plus encore, non croyant : « Où était Dieu en ces jours ? Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux ? Comment as-tu toléré tout cela ?"

Le pape répond en soulignant qu’il y a là un secret qui appartient à Dieu et que nous pouvons seulement lui adresser ce cri : « Réveille-toi ! »

Le pape a franchi, seul, la porte du camp, surmontée de l'inscription "Arbeit macht frei" (Le travail rend libre). Il a avancé à pied en soutane blanche vers le Mur des fusillés. Le visage grave, légèrement décoiffé par le vent, il a prié seul à l'endroit où ont été exécutés des milliers de prisonniers, avant d'y allumer une simple bougie.

Puis il a salué un à un 32 rescapés, représentant les différents groupes, déportés et massacrés dans le camp. Parmi eux figurait Henryk Mandelbaum, juif polonais de 83 ans, un des six rescapés du Sonderkommando chargé de vider les chambres à gaz et de brûler les cadavres.

Benoît XVI s'est recueilli dans l'étroite cellule noire de Maximilian Kolbe, un prêtre polonais mort à Auschwitz le 14 août 1941 après avoir obtenu des nazis de remplacer un père de famille condamné à mort.

Puis il
s'est ensuite rendu dans ce qu'on peut appele r"l'usine de la mort" de Birkenau. Sous un ciel noir zébré d'un arc-en-ciel, il s'est longuement recueilli en silence devant un monument massif à Birkenau, commémorant en différentes langues les victimes des différentes nations.

Après un kaddish, la prière juive des morts, le pape a récité en allemand cette brève prière :
"Seigneur, tu es le Dieu de la paix,
Tu es la paix elle-même,
Un coeur qui cherche querelle ne te comprend pas,
Un esprit pétri de violence ne peut pas t'appréhender.
Fais, que tous ceux qui vivent dans l'harmonie demeurent en paix
et que tous ceux qui sont divisés se réconcilient de nouveau.
C'est ce que nous te demandons à travers le Christ, notre Seigneur".

Le pape a ensuite pris la parole pour un discours, en langue italienne cette fois, où il dit la difficulté "pour un chrétien et pour un pape allemand" de parler des crimes "sans équivalent dans l'histoire" qui y ont été commis par le régime nazi.

Et c'est là qu'il lança à Dieu cette imploration que bien des déportés, qui savaient ce qui les attendaient, pouvaient lancer vers Lui. "Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux ?
Comment as-tu toléré tout cela ?"

Benoît XVI s'est refusé de laisser son geste s'enfermer dans sa propre histoire personnelle, ou dans l'histoire d'un peuple, d'une nation, d'un génocide, car à Auschwitz Birkenau, par delà chacun, c'est tout l'être humain qui était en jeu. (information : presse et VIS)

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