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du 25 au 28 mai 2006 (semaine 21)
 

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2006-05-28 - Birkenau
ON EN ATTENDAIT DAVANTAGE ET AUTREMENT

"C'est un discours très émouvant mais il y aurait pu y avoir des choses qui auraient pu être un peu plus fortes", a déclaré à la presse le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, une opinion dite plus brutalement par d'autres interlocuteurs.

"C'était certainement un grand moment dans le processus de réconciliation entre les deux religions", a déclaré M. Schudrich qui a prié dimanche à Birkenau au côté du pape. "Mais sa simple présence ici était très importante, c'est un cri contre l'antisémitisme".

"Nous allons prier pour qu'il poursuive le même chemin que Jean Paul II, pour lutter contre l'antisémitisme", a-t-il ajouté.

Selon l'ambassadeur d'Israël en Pologne, David Peleg, "le passage le plus important du discours indiquait que les responsables du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif entier, effacer ce peuple des registres des peuples"... "C'est une déclaration forte de la part du pape à Birkenau", a-t-il estimé.

Mais Benoît XVI a provoqué une certaine gêne quand il a semblé dédouaner le peuple allemand de toute responsabilité dans les crimes nazis. Il les a attribués à "un groupe de criminels" qui, par la démagogie et la terreur, ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination".

D'autre part des représentants d'organisations juives ont dit leur malaise quand le pape a cité Jean Paul II parlant des "six millions de victimes polonaises de la guerre", sans mentionner que la moitié d'entre elles étaient juives.

Dans son discours, Benoît XVI
a voulu d'abord dire sa propre vision de l'Holocauste, une vision religieuse où des nazis, hostiles à la religion chrétienne, ont chercher à éliminer les juifs, peuple témoin de Dieu, parce qu'ils voulaient "tuer Dieu". Cette conception reste un sujet de controverse entre l'Eglise catholique et les responsables juifs, qui au contraire estiment que l'antisémitisme génocidaire du régime nazi a pu se développer sur le terreau de l'antijudaïsme chrétien.

Les propos du pape dimanche en Pologne, dans l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, attribuant la Shoah à "un groupe de criminels", sont "problématiques", a estimé le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni. "La visite a été un moment historique, avec un discours grand au début et à la fin, mais problématique dans son contenu", a dit le grand rabbin.

"Le problème est le suivant : une sorte d'accent est mise sur le problème de l'absence de Dieu et non pas sur le silence de l'homme et sur ses responsabilités". Et M. Segni ajoute : "Je ne suis nullement convaincu par l'interprétation concernant le peuple allemand, comme s'il était lui-même victime et non pas du côté des persécuteurs".

"Nous sommes d'accords quand on dit qu'on ne peut pas juger Dieu, mais pas l'Histoire car l'Histoire est faite par les hommes et nous avons le devoir de juger", a conclu M. Di Segni.(source : presse et Ansa)

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